Édition du vendredi 16 juillet 2021

Coronavirus
L'épidémie progresse plus vite que lors des précédentes vagues
Alors que l'épidémie croît en France à un rythme de plus en plus inquiétant, obligeant à un retour des restrictions dans certains départements, le Conseil scientifique a donné son accord pour que le « parcours vaccinal » soit considéré comme complet au bout de sept jours après la seconde dose.

« Depuis le début de l’épidémie, on n’a jamais connu de taux de croissance aussi fort ». Parole d’expert : c’est Guillaume Rozier, le fondateur du site CovidTracker, qui le dit. Si les chiffres restent encore relativement modestes, les taux de croissance de la quatrième vague sont très inquiétants, parce qu’ils sont bien plus rapides que lors des épisodes précédents. En une semaine par exemple, entre le 5 et le 12 juillet, le nombre de tests positifs a augmenté de 83,6 %. 

Les chiffres

Très peu de départements échappent à cette évolution ultra-rapide du virus, boostée par la diffusion du variant Delta : dans 7 départements seulement, il a été relevé le 12 juillet moins de cas qu’une semaine auparavant. Dans tous les autres, le nombre de cas est en augmentation, parfois extrêmement rapide : dans 37 départements métropolitains, le nombre de cas a plus que doublé entre le 5 et le 12 juillet, avec des zones particulièrement inquiétantes : dans les Deux-Sèvres, 6 cas relevés le 5 juillet, 24 le 12 (300 % d’augmentation) ; dans les Pyrénées-Orientales, on est passé de 72 à 330 (+ 358 %) ; dans la Manche, de 8 à 40 (+ 400 %). L’augmentation la plus spectaculaire est constatée en Haute-Corse, qui a relevé 9 cas le 5 juillet, et 118 le 12 juillet, soit une augmentation de plus de 1200 % en une semaine !

Il est à noter que les départements très touristiques connaissent, pour la plupart d’entre eux, des chiffres en forte dégradation : outre la Haute-Corse ou les Pyrénées-Orientales, d’autres destination touristiques connaissent des augmentations à trois chiffres entre les deux dates que nous avons retenues : l’Hérault (+ 226 %), la Charente-Maritime (+ 707 %). La Corse-du-Sud, sans atteindre les pics déplorés plus au nord de l’île, connaît tout de même une augmentation des cas de 140 %. 
La carte ci-dessous permet de visualiser l’évolution du nombre de cas entre ces deux dates du 5 et du 12 juillet. 

Ce sont ces taux d’évolution, parfois exponentiels, qui font dire aux experts que la diffusion du virus est plus rapide qu’elle ne l’a jamais été depuis le début de la pandémie – et qui font craindre un retour à des dizaines de milliers de cas quotidiens dès le début du moins d’août. L'Agence européenne des maladies, dans une étude publiée ce matin, prévoit un taux d'incidence national en France qui pourrait dépasser les 400 d'ici la fin juillet.

Cette situation oblige les autorités à prendre de nouvelles mesures de restriction dans certains départements. Outre la Martinique et La Réunion, où l’état d’urgence sanitaire et le couvre-feu ont été rétablis depuis le 13 juillet, c’est notamment en Haute-Corse – en pleine saison touristique – que la préfecture et l’ARS ont dû décider de resserrer la vis, avec la fermeture des bars à 23 h et le retour des jauges dans les bars et restaurants (50 % en extérieur comme en intérieur). 

Le prochain département à annoncer des restrictions sera certainement les Pyrénées-Orientales, comme l’a annoncé le ministre de l’Intérieur, Olivier Véran et l’a confirmé le préfet, qui a annoncé que le masque allait redevenir obligatoire à partir de demain en extérieur dans le département, sauf sur les plages, et que la consommation d'alcool sur l'espace public allait être interdite.  

Protection vaccinale

Au milieu de ces mauvaises nouvelles il en est au moins une qui est, d’une certaine façon, rassurante : les personnes infectées sont majoritairement des personnes non vaccinées ; et la proportion devient écrasante si l’on regarde les personnes infectées et symptomatiques. Selon les derniers chiffres du ministère de la Santé, 96 % des cas symptomatiques repérés ces derniers jours sont des personnes qui ne sont pas vaccinées ! Le ministère n’a pas diffusé le chiffre de la proportion de personnes vaccinées par les personnes asymptomatiques, mais il se confirme que si le vaccin n’empêche pas totalement d’être infecté par le covid-19, il protège de façon extrêmement efficace contre les formes graves – et même les formes simplement symptomatiques. 

Seule nuance : il apparaît dans les dernières statistiques du ministère que le vaccin est moins efficace chez les personnes âgées ou très âgées : dans la tranche d’âge 80-90 ans, par exemple, 30 % des personnes testées positives entre le 28 juin et le 4 juillet avaient bénéficié d’une vaccination complète. Ces données ne permettent pas de savoir, en revanche, s’il s’agit d’une diminution de l’efficacité du vaccin au bout de quelques mois, ces tranches d’âge ayant été vaccinées les premières. 

Schéma vaccinal complet à « J + 7 »

En plein débat sur le pass sanitaire, le Conseil scientifique, qui avait été interrogé sur cette question par le ministre de la Santé, a annoncé hier qu’il validait une période 7 jours seulement après la deuxième dose, au lieu de 14, pour considérer le parcours vaccinal comme achevé. « Les études cliniques indiquent en fait qu’un haut niveau de protection clinique est observé 7 jours après la dernière injection de vaccin », notent les membres du Conseil, et « au niveau biologique, les anticorps (…) sont très élevès en J +7 ». Le Conseil scientifique considère donc « que le schéma vaccinal peut-être accepté comme complet dès le septième jour après la dernière dose ». 

Cette information n’est pas sans importance, dans la mesure où dès la semaine prochaine, de nombreux usagers et salariés vont être fortement pénalisés s’ils ne présentent pas un « schéma vaccinal complet ». Ils vont ainsi pour gagner une semaine pendant laquelle ils n’auront plus à réaliser un test toutes les 48 heures. 

Notons enfin qu’une autre difficulté se profile pour les pouvoirs publics : celle de la saturation des centres de vaccination. Après les annonces du chef de l’État, près de 3 millions de personnes se sont ruées dans les centres de vaccination, saturant totalement certains d’entre eux, au point que dans certains départements, le délai avant un premier rendez-vous est aujourd’hui de … six semaines. Si l’on ajoute à cela que le fabricant Pfizer vient d’annoncer un ralentissement de ses livraisons pour les semaines à venir, et son incapacité à pouvoir honorer toutes ses commandes, il y a quelques raisons de penser que les semaines à venir risquent d’être compliquées.




Fonction publique territoriale
Légère augmentation du salaire net moyen dans la fonction publique territoriale en 2019
L'étude annuelle de l'Insee sur les salaires dans la fonction publique territoriale (FPT) est parue hier. Elle conclut à une augmentation de 0,4 % du salaire net moyen, chiffre qui, comme toujours, cache d'importantes disparités.

L’année 2018 avait été marquée par une baisse des salaires (en euros constants, c’est-à-dire compte tenu de l’inflation) dans la FPT. L’année 2019 a permis de redresser la barre, puisque l’on passe d’une baisse de 0,9 % à une hausse de 0,4 %. Le salaire moyen dans la FPT (toutes collectivités, tous emplois, tous grades et toutes catégories confondues) s’établit en 2019 à 1 993 euros net par mois. 

Les salaires vont croissant selon le niveau de collectivité : c’est dans les communes que le salaire moyen est le plus bas (1 887 euros net par mois), puis il s’élève lentement dans les EPCI (2 072 euros), les régions (2 154 euros) et les départements (2 206 euros). En dehors des collectivités elles-mêmes, ce sont comme toujours les CCAS et les caisses des écoles qui payent le plus mal, avec un salaire net moyen de 1776 euros par mois. À l’inverse, les salaires les plus élevés se retrouvent dans les Sdis (2 672 euros par mois en moyenne). 

Disparités

Derrière ces chiffres généraux se cachent d’importantes disparités : entre fonctionnaires et non-fonctionnaires, d’abord, il y a plus de 300 euros d’écart de salaire en moyenne : le salaire moyen des fonctionnaires s’élève à 2 071 euros, celui des non-fonctionnaires à 1 694 euros. Mais cette différence est notamment due au fait que les agents de catégorie A « tirent » la moyenne des fonctionnaires vers le haut : le salaire moyen des fonctionnaires de catégorie A est de 3 202 euros par mois en 2019, contre 1 828 pour les catégories C. 

Le salaire moyen des agents de catégorie A a néanmoins fortement baissé en 2019 (- 7,4 %). L’explication en est connue : il s’agit de la bascule importante d’agents de catégorie B en catégorie A, qui ont basculé avec des salaires inférieurs, tirant ainsi la moyenne vers le bas. 

Autre disparité, toujours aussi invraisemblable : celle entre les salaires des hommes et ceux des femmes qui, « à profil identique », souligne l’Insee, sont séparés de 5 %. Dans la catégorie A, l’écart de salaire entre hommes et femmes est de 20,3 % !

Comme les autres années, la proportion de femmes diminue en rapport inverse de la place dans la hiérarchie : les femmes sont en moyenne 67 % dans les emplois les moins rémunérés, mais 49 % des mieux rémunérés. 

L’Insee détaille enfin les raisons de la légère hausse de salaires (0,4 %) constatée en 2019. Elle est due pour partie à la hausse de la RMPP (rémunération moyenne des personnes en place, c’est-à-dire les personnes présentes continûment pendant deux années consécutives) ; celle-ci contribue pour 0,8 % à la hausse du salaire moyen. « La contribution des « fluctuants » (groupe où les femmes, les jeunes, les non-fonctionnaires, en particulier les bénéficiaires de contrats aidés, sont surreprésentés) est légèrement positive (+ 0,1 point). » Dans le sens inverse, l’arrivée de nouveaux entrants, moins bien payés que les sortants en fin de carrière, a contribué à la baisse à l’évolution des salaires, à hauteur de 0,5 %. 

Notons que malgré cette hausse globale, le salaire net moyen en euros constants reste inférieur en 2019 à ce qu’il était en 2017. Et que sur une dizaine d’années, comme le montre le graphique ci-dessous, le salaire moyen des agents de la FPT n’a quasiment pas bougé (23 euros mensuels de différence entre celui de 2010 et celui de 2019). 
 

Accéder à l'étude de l'Insee.




Santé publique
Santé : la non-publication d'un décret empêche l'implantation de pharmacies dans les communes de moins de 2500 habitants
Lorsque le décret sera paru, les directeurs des ARS pourront fixer par arrêté la liste des territoires concernés dans leur région, sur lesquels pourront être prises « des mesures destinées à favoriser ou maintenir une offre pharmaceutique ». La situation devrait rester insoluble au moins jusqu'en 2022.

Trois ans et demi après la publication d’une ordonnance censée assouplir les règles d’implantation des pharmacies dans les territoires ruraux*, aucune croix verte ne scintille encore dans les rues de la commune de Vézac (Cantal). Le sénateur Bernard Delcros (Cantal, Union centriste) a relayé, hier lors de la séance des questions au gouvernement, l’incompréhension de l’exécutif communal lorsque ce dernier a appris que « l’autorisation d’ouverture d’une officine lui a été refusée ». Ce, alors même « qu'un pharmacien est prêt à rejoindre » le pôle santé de la commune.

« Ce petit bourg [de presque 1200 habitants] a su mettre en œuvre, avec efficacité, une politique de développement qui porte ses fruits et il veut compléter son offre de services en créant un pôle santé. Il a déjà réussi à installer un cabinet d'infirmiers, de kinésithérapeutes et des discussions sont en cours en vue de l'installation d'un médecin », décrit le sénateur.

Comme le maire, Bernard Delcros s’est enquis du motif de ce refus auprès de l’Agence régionale de santé (ARS) Auvergne-Rhône-Alpes. « Dans sa réponse, cette dernière motive son refus par la non-parution du décret d'application de l'ordonnance » du 3 janvier 2018 relative à l’adaptation des conditions de création, transfert, regroupement et cession des officines de pharmacie. « Comment peut-on empêcher des professionnels de santé de s'installer dans des territoires ruraux, alors même que ces territoires doivent relever le défi de leur attractivité et d'une offre de soins qui s'est considérablement dégradée ? », s’indigne le sénateur.

Des mesures spécifiques aux territoires ruraux qui se font attendre

Dans l’ordonnance en question, le gouvernement estime qu’une commune doit compter plus de 2 500 habitants pour bénéficier d’une autorisation, sauf dans quatre départements, la Guyane, la Moselle, le Haut-Rhin et le Bas-Rhin, où le seuil est fixé à 3 500 habitants. Dans les communes de plus de 2 500 habitants où existe déjà une officine, une autorisation supplémentaire peut être accordée à chaque tranche supplémentaire de 4 500 habitants dans la commune (lire Maire info du 8 janvier 2018). 

Certes, Vézac n’entre pas dans le champ de l’application de ces deux premières dispositions. Mais l’ordonnance a établi aussi des mesures spécifiques à certains territoires, notamment les territoires ruraux, pour y préserver le réseau de pharmacies. Les territoires en question sont ceux « au sein desquels l'accès au médicament pour la population n'est pas assuré de manière satisfaisante », est-il écrit sans autre précision dans l’ordonnance. Leurs caractéristiques (« démographiques, sanitaires et sociales ») devaient être définies « ultérieurement par décret ». C’est ce décret d’application qui manque aujourd’hui à l’appel. 

En effet, lorsque le décret sera paru, les directeurs des ARS pourront fixer par arrêté la liste des territoires concernés dans leur région, sur lesquels pourront être prises « des mesures destinées à favoriser ou maintenir une offre pharmaceutique ». Le directeur de l’ARS pourra ainsi dresser « la liste des communes contiguës dépourvues d’officine, dont une recense au moins 2000 habitants », de façon à ce que le total de la population de ces communes atteigne le seuil des 2 500 habitants requis pour l'ouverture d'une officine. L’ordonnance ouvre par ailleurs, dans ces territoires toujours, la possibilité de créer une officine sans condition de seuil de population « auprès d'un centre commercial, d'une maison de santé ou d'un centre de santé ».

Débat sur le choix d’un seuil de 2000 habitants

Pour Bernard Delcros, la première question était donc toute trouvée : « Quand paraîtra » ce décret ? Dans sa réponse, Brigitte Bourguignon s’est bien gardée de communiquer une date précise : « L'évolution de la situation sanitaire devrait permettre de finaliser ces travaux réglementaires dans le courant de l'année 2022 [et donc vraisemblablement après les élections présidentielle et législatives, ndlr] avec l'ensemble des acteurs mobilisés », s’est contentée d’indiquer la ministre déléguée chargée de l’Autonomie après avoir justifié le choix d’un seuil de 2 000 habitants pour au moins l’une des communes. Ce seuil empêche là encore la commune de Vézac d’accueillir une pharmacie.

Ce seuil « a pour objectif d'assurer une offre pharmaceutique qui, d'une part, réponde aux besoins d'une population, et, d'autre part, garantisse les conditions de survie économique de l'officine sur ce territoire. D'ores et déjà, une première version de la méthodologie de zonage a été partagée et testée auprès de quatre ARS, a fait savoir la ministre. La méthodologie nationale envisagée tient compte du rapport IGAS-IGF de 2016, confirmé par un rapport de la Cour des comptes, qui ont constaté un maillage officinal satisfaisant, avec 97 % de la population vivant à moins de dix minutes en voiture d'une officine et 99,5 % à moins de quinze minutes ».

« La réalité nous impose de déroger à la règle des 2 000 habitants, lui a rétorqué Bernard Delcros. Mon département compte aujourd'hui 25 pharmacies installées dans de petits bourgs ruraux et apportant une offre de services à un bassin de vie composé de 10 à 15 communes rurales autour de ce bourg-centre. Ces pharmacies sont installées dans des communes de moins de 2 000 habitants, voire, pour certaines d'entre elles, de moins de 1 000 habitants. Elles ont fait la démonstration de leur utilité et de leur viabilité économique. Avec les critères en vigueur aujourd'hui, ces pharmacies seraient interdites d'installation. » 

3 500 communes seraient dans cette même configuration, selon Philippe Besset, président de la Fédération des pharmacies d’officine (FSPF), qui alertait de concert avec l’AMF en février 2020, sur le danger de voir disparaître les pharmacies dans les plus petites communes (lire Maire info du 7 février 2020).

*Télécharger l’ordonnance du 3 janvier 2018 relative à l’adaptation des conditions de création, transfert, regroupement et cession des officines de pharmacie.




Politique de la ville
Deux milliards d'euros en plus pour le renouvellement urbain
Le programme national de renouvellement urbain avance à un rythme accéléré depuis le début de l'année sous le double effet d'une rallonge budgétaire et de procédures d'instruction améliorées. Olivier Klein, président de l'Anru, maire de Clichy-sous-Bois, fait le point pour Maire info.

Fin juin, près de 90 % des projets de quartiers étaient validés, soit 411 sur les 450 concernés (1). Surtout, les chantiers ont démarré dans 291 d'entre eux. Autrement dit, l'objectif fixé par le Premier ministre lors du comité interministériel des villes (CIV) de janvier 2021 (le démarrage des travaux dans 300 quartiers au moins avant fin 2021) est atteint.  Avec six mois d'avance, s'est même félicité Jean Castex lors du comité de suivi du CIV, samedi à Clichy-sous-Bois. « Nous sommes en avance », confirme Olivier Klein, le président de l'Anru (Agence nationale du renouvellement urbain). « Mais ce n'est pas une fin en soi. Et nous allons continuer à aider les collectivités locales à accélérer leurs projets », indique le maire de Clichy-sous-Bois. 

Le but est que les chantiers démarrent vite « sitôt le projet validé en comité d'engagement ». Au 14 juillet, le chiffre de 300 quartiers validés a été atteint. Il reste surtout des « gros projets » à valider, complexes, comme celui de Marseille.

La relance des 2 milliards

Cette accélération a plusieurs causes. C'est notamment l'effet de procédures revues, à l'aune des critiques remontées par les élus locaux. C'est aussi, clairement, l'impact du plan de relance. Le président de l’Anru avait plaidé pour une rallonge budgétaire auprès de Matignon, avec la proposition d'ajouter 2 milliards d'euros au budget de l'Anru (de 10 milliards). « On aurait bien sûr su quoi faire de plus mais c'était la jauge jugée de part et d'autre comme la plus réaliste… », explique Olivier Klein. De fait, ce coup de pouce annoncé en janvier vient de se concrétiser avec la signature, samedi 10 juillet, de l'avenant à la convention tripartite entre l’État, l’Anru et Action logement (2).

« Cette capacité était connue depuis janvier et a permis aux porteurs de projet et au comité d'engagement de l'agence d'avoir une vision plus ambitieuse » lors de l'examen des projets depuis le début de l'année, poursuit Olivier Klein. Cela concerne déjà 20 projets qui n'étaient pas passés en comité d'engagement, comme 28 autres qui ont pu être « amplifiés » dans le cadre de leur clause de revoyure.

L'effet covid-19

Sans cette aide, la voilure aurait dû être revue. « Sur les dix ans que dure un projet de renouvellement urbain, on sait qu'on peut redistribuer des sommes car certains projets ne dépensent pas tout le budget prévu. Mais on aurait eu des difficultés à accompagner les derniers projets, et on aurait dû en revoir d'autres à la baisse dans leurs ambitions, à cause des surcoûts liés à la crise du covid-19 », précise Olivier Klein. Ces surcoûts résultent de « la hausse des prix de matériaux », « des effets des gestes barrières sur les chantiers » mais aussi des réflexions nées des périodes de confinement sur la nécessité de nouveaux aménagements de balcons, d'espaces publics, etc.  C'est aussi une leçon de la crise. « Partout où l'on peut créer des espaces extérieurs agréables, il faut le faire » acquiesce Olivier Klein. 

L'école, l'équipement phare des quartiers

Dans ces projets, les opérations sur des équipements comptent pour environ 20 %. Parmi ces équipements, l'école est particulièrement chère au président de l'Anru. Il reste persuadé que « faire le mur ne suffit pas », comme un atelier des journées de la rénovation urbaine l'avait titré début juillet. Pour Olivier Klein, « l'inscription et l'ouverture de l'école sur la ville, en dehors du temps de l'école, devrait presque devenir la règle ». Il se « désespère » de voir des écoles « barricadées le week-end et les vacances », alors qu’elles devraient au contraire « s'ouvrir sur la ville ». L'Anru a d'ailleurs rédigé un cahier pratique sur le sujet (3).

Dans le baromètre diffusé lors de ces journées, 69 % des habitants interrogés estiment qu’il est prioritaire de rénover ou construire des équipements publics (écoles, médiathèques, crèches…). « Le renouvellement urbain, c'est un tout », défend Olivier Klein. « Si on veut réussir l'objectif de mixité, c'est en créant des quartiers où il fait bon vivre, cela commence par y garder la population qui va bien. » 

L'autre constat, c'est aussi qu'il y a moins de reconstructions (72 900) que de démolitions (93 000) sur les projets jusque-là validés. Mais Olivier Klein l'assure, « il peut y avoir des exceptions en zones détendues où la reconstruction est inférieure au ‘’un pour un’’, mais le principe reste celui de la reconstruction de l'offre ». 

Comme il le rappelle enfin, l'Anru n'est « que le bras de levier » du renouvellement urbain. Les 12 milliards d'euros de l'Anru investis dans les quartiers, entrainent au total 48 milliards d'euros en additionnant les bailleurs, les promoteurs, les collectivités locales.

(1) Ce bilan date du dernier conseil d'administration de l'Agence de renouvellement urbain (Anru), du 30 juin.
(2) Action logement participe à hauteur de 1,4 milliard d'euros sur les 2 milliards
(3) En téléchargement sur son site (www.anru.fr)




Ruralité
Une aide financière pour les commerces multi-activités en zone rurale
Cette aide d'un montant maximal de 8 000 euros par entreprise s'adresse à des établissements qui peuvent avoir une activité accessoire de restauration mais aussi d'épicerie, de bar-tabac, de presse, de point Poste ou encore d'auberge, a précisé hier le gouvernement.

« Des fermes-auberges mais aussi les bars tabac, des épiceries-bars, bref, des commerces multi-activités, souvent en ruralité, sont exclus du fonds de solidarité », regrettait, le 10 février, le député Loïc Kervran (Cher, La République en marche). « Pourquoi les bars-épiceries n'ont-ils pas une indemnisation suffisante ? », s'étonnait, le 25 mars, la sénatrice Pascale Gruny (Aisne, Les Républicains). 

Trous dans la raquette dans le plan de soutien à l’économie du gouvernement, les commerces multi-activités situés en zone rurale, « dont l’activité principale [autorisée à ouvrir] ne leur permet pas d’être éligible aux aides depuis le début de la crise sanitaire », ne passeront plus sous les radars, ont annoncé, hier, les ministres Bruno Le Maire (Économie, Finances et Relance) et Alain Griset (Petites et moyennes entreprises). 

Une aide portée par la DGE a finalement été accordée à ces établissements dont les pertes pour leurs activités fermées n’ont pas été compensées. Celle-ci « s’adresse à des établissements qui peuvent avoir une activité accessoire de restauration mais aussi d’épicerie, de bar-tabac, de presse, de point Poste ou encore d’auberge », explique-t-on du côté du gouvernement. Une reconnaissance pour le commerce multi-activités, qui « dans beaucoup de villages, est le seul commerce encore ouvert », retient Pierre Goguet, président de Chambre de commerce et d’industrie (CCI) France. Une question essentielle reste néanmoins à poser : la taille des communes concernées. Le décret qui n’est pas encore publié devrait permettre d’y voir plus clair.

Dépôt des demandes d’aides sur une plateforme nationale

Concrètement, « cette aide sera égale à 80 % des pertes de chiffre d’affaires réalisées entre le 1er janvier 2021 et le 30 juin 2021, liées à l’activité faisant l’objet d’interdiction d’accueil du public [de novembre 2020 à mai 2021], dans la limite de 8 000 € par entreprise ». La baisse de chiffre d’affaires doit être au moins égale à 10 %. « Le montant de l’aide est calculé par un expert-comptable, tiers de confiance à partir du chiffre d’affaires, sur la période éligible concernée de six mois (janvier-juin 2021) ».

« Nous tenons notre engagement : apporter une réponse adaptée à la situation de chaque entreprise », s’auto-congratule le locataire de Bercy. Le fonds de solidarité a effectivement été modifié à 17 reprises entre mars 2020 et mars 2021. « Cette aide est très importante pour ces commerces multi-services en zone rurale où ils préservent le lien social entre les habitants et contribuent à la dynamisation de ces territoires en assurant un service de proximité », le rejoint Alain Griset.

Ouvertes depuis hier, les demandes d’aide peuvent être déposées auprès des chambres de commerce et d’industrie (CCI) via une plateforme nationale : https://les-aides.fr/commerces-multi-activites). « Les demandes seront examinées au fil de l’eau et les premiers versements interviendront à partir de fin juillet. Le dispositif sera clôturé le 31 octobre ».







Copyright 2020 AMF - www.maire-info.com - Tous droits réservés