Édition du vendredi 7 mai 2021

Coronavirus
État, collectivités et EPCI « s'engagent » pour que les festivals puissent avoir lieu
Dans un communiqué commun publié aujourd'hui, le ministère de la Culture et neuf associations d'élus disent leur volonté « d'unir leurs énergies » pour que la saison des festivals 2021 puisse se dérouler autant que possible. 

Ce sont « des événements indispensables pour les artistes, le public, les équipes et les territoires », rappellent, dans leur communiqué, le ministère de la Culture et les associations signataires (1). Les festivals doivent pouvoir se tenir en 2021, après une année 2020 qui en a quasiment partout été privée. 
Déjà, le 27 avril dernier (lire Maire info du 28 avril, l’APVF et l’AMRF avaient demandé, d’urgence, « un cadre clair » pour la reprise non seulement des festivals, mais aussi des quelque 100 000 petits événements (fêtes votives, fêtes populaires dans les villages). 
Aujourd’hui, dans ce communiqué commun avec le ministère, les élus rappellent que les festivals ont « des impacts directs et indirects sur l’activité économique des territoires et sont générateurs d’emplois permanents et intermittents », et qu’ils jouent un rôle essentiel sur « le rayonnement des territoires ».

Engagements mutuels

Toutes les partis mettent sur la table des « engagements » fermes pour « accompagner les organisateurs ». 
Côté État, on s’engage déjà à prolonger les aides économiques aux organisateurs « tant qu’il sera nécessaire ». Mais le ministère confirme également, comme l’avait déjà annoncé Roselyne Bachelot lundi dernier, devant les députés, qu’un « fonds d’accompagnement des festivals » va être mis en place et doté de 30 millions d’euros. Il sera destiné à compenser « une part des déficits d’exploitation » engendrés par les contraintes sanitaires. En matière de billetterie, notamment, les jauges imposées par la situation sanitaire vont mécaniquement entraîner des pertes d’exploitation.
Enfin, l’État s’engage à concerter les paramètres des futurs protocoles avec les organisateurs et les collectivités, et à donner de la visibilité « le plus tôt possible ». 
Les associations d’élus, quant à elles, s’engagent à ce que les collectivités, « principaux financeurs des festivals », maintiennent autant que possible les subventions. « Elles pourront également soutenir directement, aux côtés des DRAC, les festivals par des fonds exceptionnels, voire décider de participer au fonds festivals », et s’engagent à « veiller à la bonne mise en œuvre » des protocoles sanitaires.

États généraux

L’État comme les collectivités vont également mobiliser, « chacun dans leur rôle et leurs responsabilités », tous les moyens « techniques, juridiques et humains » nécessaires pour simplifier l’organisation des festivals. Ils s’appuieront notamment pour cela sur les Conseils locaux des territoires pour la culture (CLTC), qui existent dans chaque région. 
À plus long terme, le ministère souhaite poursuivre la démarche engagée avec les collectivités et les organisations professionnelles pour « mieux structurer les politiques culturelles publiques en faveur des festivals ». Après la première édition des États généraux des festivals, qui ont eu lieu début octobre 2020, une deuxième édition se tiendra le 28 juin « en clôture du Printemps de Bourges », en vue d’aller vers « une plus grande connaissance et prise en compte de la forme festivalière, avec pour objectif une meilleure appréhension des festivals par les pouvoirs publics ». 

(1)    AMF, ADF, Régions de France, AdCF, AMRF, France urbaine, Villes de France, Villes et banlieue et la Fédération nationale des collectivités pour la culture.




Coronavirus
Vaccination, festivals, fêtes foraines et parcs d'attraction : les informations covid-19 du jour
Plusieurs annonces importantes ont été faites hier sur le calendrier et les conditions de la réouverture de certaines structures, dont les parcs d'attraction, les fêtes foraines, les zoos, les festivals. Par ailleurs, le chef de l'État a annoncé un assouplissement important du calendrier de vaccination. 

Les indicateurs sont suffisamment favorables – notamment avec la décrue maintenant perceptible des admissions en réanimation – pour que le gouvernement se sente conforté dans ses choix. Les deux prochaines étapes – les 19 mai et 9 juin – verront rouvrir de nombreux équipements qui n’avaient pas été cités jusqu’à présent, mais sous conditions.

Retour des fêtes foraines le 9 juin, « pour le moment »

Le secrétaire d’État chargé du Tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne, a fait des annonces sur RMC hier, qui manquent cependant un peu de précision, en l’absence d’un communiqué officiel de son ministère. On retiendra néanmoins que les parcs d’attraction et les fêtes foraines devront attendre le 9 juin pour rouvrir – contrairement à ce que demandaient les professionnels du secteur ces derniers jours. Les discussions ne sont toutefois peut-être pas complètement closes, puisque le secrétaire d’État a ajouté, après avoir parlé du 9 juin pour les fêtes foraines, un « pour le moment » qui laisse un peu d’espoir aux forains. 
En revanche, les zoos et parcs à thème pourront ouvrir dès le 19 mai, uniquement pour leurs activités en « extérieur » et en dehors de toute attraction. Celles-ci ne pourront accueillir du public que le 9 juin. 
Autre interrogation : les jauges qui seront appliquées aux installations qui vont ouvrir prochainement. Celles-ci sont apparemment en cours de discussion. 

Festivals : le 1er juillet

La ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, a donné quelques précisions supplémentaires hier par rapport à ce qu’elle avait annoncé devant les députés, lundi (lire Maire info du 5 mai). Elle a confirmé que le 1er juillet verrait l’ouverture des festivals y compris « debout » (les festivals « assis », on le sait, seront autorisés dans la limite de 5 000 personnes), « avec une jauge de 4 m² par festivalier ». Hors festivals, « les concerts et spectacles debout seront autorisés à reprendre selon un protocole adapté et un plafond de jauge fixé par le préfet au regard des circonstances locales ». 
Les organisateurs de festivals s’interrogent, ce matin, sur cette jauge de 4 m² par festivalier. Si elle est appliquée de la même façon que dans les commerces, c’est-à-dire en divisant la surface par la jauge, afin d’obtenir un nombre maximal de personnes autorisées à accéder aux lieux (1000 personnes pour un terrain de 4000 m² par exemple), la mesure apparaît comme « gérable » aux professionnels. Mais parle-t-on réellement de cela ? Dans les commerces, les clients ne sont pas réunis en même temps au même endroit, très proches les uns des autres. Dans un festival, il en va autrement, le public se réunissant naturellement devant les scènes. Si la mesure doit être comprise comme « un carré de 4 m² par personne » – comme c’est le cas dans les restaurants d’entreprise, par exemple –, les organisateurs de festivals jugent alors la chose impossible. 
Le gouvernement et les associations d’élus publient ce jour, par ailleurs, un communiqué commun sur l’organisation des festivals (lire article ci-dessous).

Vaccins : accélération surprise

Le président de la République a annoncé hier une accélération anticipée de la campagne de vaccination, puisque dès lundi 10 mai (au lieu du 15), toutes les personnes de plus de 50 ans pourront se faire vacciner sans conditions. Mieux : dès le mercredi 12 mai, il sera possible de se faire vacciner sans condition d’âge (à part être majeur), en profitant de la « dernière dose » : « Vous pourrez regarder la veille les doses disponibles (...) et s'il y a, à l'endroit où vous êtes, des doses disponibles le lendemain, et donc des rendez-vous pas pris, ils seront ouverts sans limite d'âge », a indiqué le chef de l’État, qui a invité les Français à utiliser pour cela le site vitemadose.covidtracker.fr – dont il faut noter que ce n’est pas un site mis en œuvre par l’État, mais par de jeunes informaticiens bénévoles. 
Il n’est pas certain, toutefois, que cette annonce soit suivie de beaucoup d’effet : il n’y a déjà, aujourd’hui, que très peu de créneaux non remplis, et les choses vont s’amplifier avec l’accès à la vaccination des personnes de 50 ans lundi. Il est donc probable qu’il n’y aura, dans les semaines à venir, que très peu de places disponibles pour des moins de 50 ans. 
La tenue de ce calendrier reste évidemment suspendue à la livraison des vaccins promis par les laboratoires : la France n’a en effet que peu de marge de manœuvre, puisque 24 millions de doses ont été injectées à ce jour sur les 28 millions reçues fin avril. Normalement, le pays devrait recevoir 16 millions de doses en mai. 
Hier, un nouveau record a été battu, avec plus de 600 000 doses administrées en 24 heures, s’est réjoui le ministre de la Santé, Olivier Véran. Reste à savoir si ce rythme sera tenu. Tenir cette moyenne quotidienne est, selon les calculs du site CovidTracker, le seul moyen d’espérer vacciner l’ensemble de la population majeure avant la fin août. 
Hier, le ministère de la Santé a fait savoir aux associations d’élus qu’un nouveau coup d’accélérateur devrait être donné pendant la semaine du 10 au 16 mai, opération baptisée « Tous sur le pont ». L’objectif est de battre le record de vaccinations faites sur une semaine – ce qui apparaît en effet comme un défi dans la mesure où jeudi prochain sera férié et que beaucoup de travailleurs feront le pont le vendredi. Le ministre de la Santé encourage les centres à élargir les créneaux de vaccination, à organiser « des nocturnes » et à ne pas cesser la vaccination les jours fériés. 




Logement social
Bailleurs sociaux : Action logement lance sa plateforme dédiée à l'obtention de subventions
L'organisme va engager 920 millions d'euros pour les opérateurs du logement social, dont 525 millions d'euros sous forme de subventions. L'objectif est de construire 250 000 logements abordables d'ici la fin 2022.

Action logement va débloquer des moyens supplémentaires, à hauteur de 920 millions d’euros, afin de respecter l’objectif porté par le gouvernement de construire 250 000 logements sociaux d’ici la fin de l’année prochaine. Un objectif fixé dans le cadre de la signature avec l’Etat du nouvel avenant à la convention quinquennale et du protocole en faveur de la relance de la construction de logements sociaux, a rappelé l’organisme paritaire dans un communiqué publié mercredi.  

525 millions d’euros de subventions

Afin de « donner aux opérateurs du logement social les moyens de contribuer à la relance en accélérant la production de logements sociaux et très sociaux, en particulier pour les jeunes », Action Logement vient donc de lancer une plateforme qui doit leur permettre d’obtenir des subventions pour « un montant global de 525 millions d’euros », explique l’organisme paritaire dans un communiqué publié mercredi. 
Depuis le 3 mai, le dispositif a été mis en place et doit permettre de contribuer à trois types de financement avec 450 millions d’euros dédiés aux logements locatifs sociaux, 65 millions d’euros aux logements pour les jeunes actifs et étudiants ainsi que 10 millions d’euros pour des places en colocation. 
Ces subventions concernent l’ensemble des bailleurs à l’exception de ceux situés en « zones Anru et Action cœur de ville », et seront distribuées sur la base d’un « forfait au logement produit défini selon la nature et la localisation du projet ». « A titre d’exemple, 7 000 euros de subvention pour un logement PLAI en Île-de-France en zone très tendue, 4 000 euros en région en zone B1 », illustre l’organisme, précisant que les bailleurs sociaux devront se rendre sur la nouvelle plateforme pour faire leur demande

Restructuration : 100 millions d’euros de titres participatifs

En parallèle, Action logement annonce que les Offices publics de l’habitat (OPH) pourront répondre à un appel à manifestation d’intérêt qu’elle lance afin de financer leur restructuration, initiée par la loi Elan. Une enveloppe de 100 millions d’euros est en effet mobilisée pour souscrire des titres participatifs émis par les offices. Là aussi, la candidature se fait via la nouvelle plateforme.
Ainsi, Action logement services pourra « souscrire entre 1 million et 10 millions d’euros par émetteur en fonction des besoins du projet et des fonds disponibles », précise l’organisme qui indique que ces titres participatifs constituent des « quasi-fonds propres » destinés à « renforcer la structure financière de l’organisme émetteur » et que les conditions financières des titres sont « particulièrement attractives ». A noter que les opérateurs devront indiquer « l'opération de restructuration dans laquelle ils sont engagés et leur plan prévisionnel à moyen terme ».
Pour rappel, la loi Elan fixe un seuil de 12 000 logements au-dessous duquel les organismes HLM doivent être adossés à un groupe ou à un groupement d’organismes. 
Toujours dans le cadre de l’objectif de construction de 250 000 logements locatifs sociaux fin 2022, La Banque des Territoires a également lancé, il y a quelques jours, sa seconde campagne de souscription de titres participatifs auprès des organismes de logement social de tous les territoires (SEM immobilières, ESH, Coop et OPH) avec une nouvelle enveloppe de 300 millions d'euros. Ces organismes ont jusqu’au 18 juin pour enregistrer leur demande sur la plateforme en ligne de la Banque des Territoires.  

Consulter le communiqué d’Action logement.
Consulter le communiqué de La Banque des territoires.

 




Ecole
Le ministère de l'Éducation nationale proscrit l'écriture inclusive dans l'enseignement
À l'époque où il était Premier ministre, Édouard Philippe avait demandé que l'écriture dite « inclusive » ne soit pas utilisée dans les textes officiels. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Éducation nationale, vient de faire de même pour la sphère de l'enseignement.

Tou·te·s les ministres concerné·e·s semblent d’accord : iels estiment que les enseignant·e·s et professeur·e·s des écoles ne doivent pas utiliser l’écriture inclusive.
Voilà comment débuterait cet article si l’écriture dite inclusive (ou épicène) était généralisée. C’est précisément ce que ne souhaite pas le ministère de l’Éducation nationale, comme l’a rappelé le ministre dans une circulaire publiée avant-hier. 
Déjà en novembre 2017, le Premier ministre de l’époque, Édouard Philippe, avait diffusé une circulaire – publiée au Journal officiel – enjoignant « les administrations relevant de l'État [à] se conformer aux règles grammaticales et syntaxiques, notamment pour des raisons d'intelligibilité et de clarté de la norme ». Tout en exigeant que les documents officiels soient respectueux de la volonté du gouvernement d’aller vers « une égalité réelle » entre hommes et femmes, notamment en féminisant systématiquement les noms de fonction, le Premier ministre refusait donc l’usage de l’écriture inclusive. 

De quoi parle-t-on ?

Rappelons que l’écriture inclusive consiste à faire évoluer les règles de syntaxe pour mettre fin à la supériorité orthographique du masculin. Il s’agit notamment de mentionner systématiquement les deux genres (en écrivant « les électeurs et les électrices iront voter le 20 juin » plutôt que « les électeurs iront voter le 20 juin »). Mais aussi de remplacer les règles d’accord, qui veulent que le masculin l’emporte toujours : la grammaire, en l’état actuel des choses, suppose en effet que l’on écrive : « 1500 femmes et un homme étaient présents ». L’écriture inclusive propose plusieurs règles de remplacement : certaines fondées sur le bon sens, qui justifierait que, dans la phrase que nous venons de citer, le féminin l’emporte ; ou encore une règle dite de « proximité » – l’accord se ferait alors avec le sujet le plus proche, et l’on écrirait par exemple : « Les footballeurs et la ministre se sont rendues ensemble au stade ». 
Ces règles n’ont évidemment rien d’absurde, et leur but est louable. Mais le sujet qui fait le plus polémique est celui du « point médian », un signe typographique (·) que les tenants de l’écriture inclusive souhaitent rendre obligatoire pour mettre chaque mot à la fois au féminin et au masculin lorsqu’il y a pluralité des genres. On écrirait alors « spectacteur·trice·s », « électeur·e·s », « député·e·s ». C’est sur ce point que le ministre de l’Éducation nationale, comme l’ancien Premier ministre avant lui, se montre intraitable. 

Les arguments du ministère

Jean-Michel Blanquer demande aux enseignants de « se conformer aux règles grammaticales et syntaxiques de rigueur ». D’abord, parce que « l'adoption de certaines règles relevant de l'écriture inclusive modifie le respect des règles d'accords usuels attendues dans le cadre des programmes d'enseignement » : autrement dit, il est difficile d’enseigner les règles – parfois complexes – de l’accord si l’on autorise l’usage d’autres règles qui les bouleversent. 
Mais surtout, pour ce qui concerne l’usage du point médian, celui-ci a pour inconvénient de fractionner les mots, ce qui « constitue un obstacle à la lecture et à la compréhension de l'écrit. L'impossibilité de transcrire à l'oral les textes recourant à ce type de graphie gêne la lecture à voix haute comme la prononciation, et par conséquent les apprentissages, notamment des plus jeunes. » Enfin, le ministre relève que « contrairement à ce que pourrait suggérer l'adjectif ‘’inclusive’’ », cette forme d’écriture serait plutôt « exlusive », puisqu’elle « constitue un obstacle pour l'accès à la langue d'enfants confrontés à certains handicaps ou troubles des apprentissages ». 

Féminiser, autant que faire se peut

Le ministre demande néanmoins que dans le cadre de l’enseignement comme dans les documents administratifs, toute sa place soit donnée au féminin. En particulier, « l'intitulé des fonctions tenues par une femme doit être systématiquement féminisé ». Dans le cadre des enseignements, « le choix des exemples ou des énoncés en situation d'enseignement doit respecter l'égalité entre les filles et les garçons, tant par la féminisation des termes que par la lutte contre les représentations stéréotypées ». 
Il est en effet d’usage, aujourd’hui, ou bien de féminiser les noms qui peuvent l’être, ou bien, pour le moins, de mettre l’article « la » devant un nom « épicène », c’est-à-dire qui s’écrit de la même façon au masculin et au féminin (« ministre »). C’est ainsi qu’il y a quelques mois, un député a même été sanctionné d’une amende pour avoir, en séance, obstinément refusé – y compris après avertissement du président – de dire autre chose que « madame le ministre ». 
Il convient également de dire et d’écrire « la maire », et d’éviter à tout prix les formules du type « madame le président de la communauté de… ». 
Rappelons que le gouvernement recommande, pour y voir clair dans ces questions, de se rapporter au très intéressant guide d’aide à la féminisation des noms de métiers, de grades et de fonctions, édité en 1999 par une mission mandatée par Lionel Jospin, et joliment intitulé Femme, j’écris ton nom

Accéder à la circulaire du ministre de l’Éducation nationale.




Services publics
Agent d'accueil, un métier à repenser pour redorer l'image des services publics locaux
Une étude publiée par l'Observatoire de la MNT montre que les personnels en charge de l'accueil au sein des collectivités doivent gérer des situations de plus en plus complexes et tendues. La professionnalisation et la formation de ces agents constituent un enjeu essentiel pour les employeurs publics locaux.

Quel est le profil des agents d’accueil ? Quel rôle jouent-ils dans la relation que les usagers entretiennent avec les services publics locaux ? Comment réagissent ces personnels dans les situations de tension, de pression, voire de violence ? Quelles sont les bonnes pratiques mises en œuvre par les collectivités pour soutenir et accompagner les territoriaux chargés d’accueillir, renseigner et aider les administrés dans leurs démarches ?
Autant de questions auxquelles la 25e étude de l’Observatoire de la Mutuelle Nationale Territoriale (MNT) s’efforce de répondre. Reposant sur une série d’entretiens menés à travers l’Hexagone en 2020 auprès d’une trentaine d’agents, managers, DGS, experts et élus appartenant à huit types de structures différentes (communes, métropoles, CCAS, CDG, CNFPT, habitat social, maisons de service au public, etc.), l’enquête publiée le 3 mai démontre d’abord que la fonction d’accueil doit constituer une priorité pour les décideurs locaux.
« L’accueil du public reflète l’image de la collectivité, aussi la qualité de l’expérience de l’usager est un enjeu vital », soulignent la sociologue Nasiha Aboubeker et le coach Étienne Bufquin, co-pilotes de l’étude. Même si les chargés d’accueil ne représentent que 2 % des effectifs territoriaux, c’est, en effet, à travers eux que les usagers perçoivent en premier lieu l’efficience ou les carences du service public.
« La façon dont les personnes sont accueillies reflète tout à la fois l’image de la collectivité et l’ambiance interne, remarque Jean-René Moreau, président de l’Observatoire MNT. Cet accueil est une sorte de révélateur sur la façon dont les agents eux-mêmes sont traités ». 

Une rémunération moyenne de 1 665 euros net

L’étude permet d’esquisser le profil de ces agents à travers une analyse des offres d’emplois statutaires concernant ces personnels. On y apprend, par exemple, que les collectivités cherchent à recruter, pour 93 % d’entre elles, des adjoints administratifs de catégorie C dans la filière administrative et pour 4 % des adjoints techniques de catégorie C dans la filière technique. Seulement 3 % des offres d’emplois ciblent des rédacteurs de catégorie B de la filière administrative, soit un grade plus élevé que le cadre statutaire requis.
A noter que la rémunération moyenne pour le cadre d’emploi d’adjoint administratif est de 1 665 euros net mensuels. Autre donnée importante : le métier d’agent d’accueil est souvent exercé par des agents proches de la retraite : 44 % d’entre eux sont âgés de plus de 50 ans et 17 % ont prévu d’achever leur carrière dans les trois prochaines années.
Malgré la tendance au vieillissement de cette population, l’étude constate que l’évolution des recrutements est relativement stable au niveau national (1 257 recrutements en 2018, puis 1 452 en 2019, soit + 15,5 %). La hausse la plus notable concerne l’Ile-de-France où les recrutements sont passés de 188 à 238 agents sur la même période (+ 26,6 %).

Un métier aux multiples facettes

Au-delà du portrait-type de l’agent d’accueil, l’étude souligne que cette profession recouvre des réalités très différentes selon la taille et la localisation des collectivités. Les auteurs de l’enquête évoquent notamment « la secrétaire de mairie qui fait, seule, office d’accueil dans une commune rurale de 400 habitants où elle est constamment sollicitée par les habitants pour régler de nombreux aspects de leur vie pratique ».
Ils comparent cette situation à celle d’une grande agglomération où « plusieurs hôtesses d’accueil gèrent des flux importants de populations ». Analysant ces réalités diamétralement opposées, l’étude de l’Observatoire MNT constate que « les métiers de l’accueil ne se réduisent pas à un ensemble de compétences relationnelles ni au respect d’une norme ».
Elle relève que les agents doivent faire preuve « d’un investissement personnel important » dans l’exercice de leur mission. « Dans un contexte de plus en plus pressant de mécontentement, de défiance et de demande sociale, recevoir les demandes du public et le renseigner peut devenir une opportunité stratégique pour valoriser l’utilité des services publics », affirment les auteurs.

Repenser l’organisation et mieux former les agents à l’accueil 

Sur ce point,  l’étude invite les employeurs publics à reconsidérer le rôle de ces personnels au sein de leur organisation. « Le métier d’agent d’accueil gagnerait à être pensé, pratiqué et organisé comme un travail émotionnel d’inclusion, fait par des professionnels de la relation, au sein d’une structure réorganisée d’abord autour de la qualité d’expérience de l’usager-citoyen », précisent Nasiha Aboubeker et Étienne Bufquin en relevant quelques bonnes pratiques déjà mises en œuvre par certaines collectivités.
La création d’une fonction de « conseiller en service public » permettant de répondre, au-delà du service d’origine de l’agent, à un large éventail de demandes de l’usager, figure notamment parmi les exemples mis en exergue par l’étude.
Une étude qui se conclut par plusieurs recommandations en direction des décideurs des collectivités : « Partager le constat, entre décisionnaires, que l’accueil est un enjeu important de la relation avec les usagers, former l’ensemble des parties prenantes au travail relationnel, réaliser un état des lieux des besoins intégrant les agents et les usagers ou encore faire de l’accueil un passage obligé dans la carrière des agents ».

Télécharger l’étude.







Copyright 2020 AMF - www.maire-info.com - Tous droits réservés