Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mardi 28 avril 2015
Emploi

« Territoires zéro chômeur » : quatre communes volontaires

Utiliser les ressources consacrées aux chômeurs de longue durée pour créer des emplois à durée indéterminée sur les territoires, c’est la proposition soutenue par l’association ATD Quart Monde qui a réussi à fédérer des acteurs locaux pour expérimenter ce dispositif baptisé « Territoires zéro chômeur de longue durée ».
L’association travaille à ce dispositif depuis des années. En 1995, elle en avait jeté les bases dans la petite commune du Maine-et-Loire, Seiches-sur-le-Loir. Mais faute de bases légales, elle n’avait pu aller plus loin. En revanche, depuis, elle a creusé, renforcé et fouillé l’analyse (1) et l’argument central : « Ce n’est ni le travail, ni l’argent, ni les personnes qui manquent » . Si certaines questions restent en suspens, c’est l’expérimentation qui doit permettre d’y répondre. Et l’association devra démontrer la faisabilité économique et pratique du projet. C’est pour hâter cette étape, - l’expérimentation devant durer entre 5 et 7 ans -, qu’elle a organisé hier, à Paris, une journée de mobilisation.
Pierre-Yves Marolleau, maire de Mauléon, faisait partie de ceux qui sont venus y débattre et ensuite défiler jusqu’à l’Assemblée pour obtenir qu’une proposition de loi soit déposée. Sa commune des Deux-Sèvres fait partie des quatre territoires de moins de 10 000 habitants (2) qui ont dit oui à ATD Quart Monde pour devenir Territoire zéro chômeur longue durée. Ici, le taux de chômage reste faible (6,8%) comparé à la moyenne nationale, mais on compte au moins 230 chômeurs longue durée. Sur ce nombre, une centaine a déjà eu un entretien ou pris contact avec la maison de l’emploi du Bocage Bressuirais pour faire le point sur leurs désirs, compétences, idées. « L’originalité du dispositif, c’est justement que l’on inverse l’approche : on demande au chômeur ce qu’il souhaiterait ou aimerait faire, et après, on cherche à créer l’activité qui répond à cela » , résume Pierre-Yves Marolleau.
Quant au financement, il serait résolu par une opération de transfert. L’association estime à 15 387 euros par an le « coût »  d’un chômeur de longue durée, en additionnant les dépenses de l’État, Pôle emploi, les collectivités, etc. Ces 15 000 euros seraient versés à l’entreprise conventionnée qui embaucherait le chômeur. Un smic revenant à 23 000 euros, l’entreprise n’aurait que ce différentiel de 8000 euros à assumer. Pour les communes, le coût d’un chômeur longue durée a été évalué à 236 euros par an. Imaginons que 100 chômeurs de Mauléon soient volontaires et embauchés par l’entreprise conventionnée, la commune devrait donc participer à hauteur de 23 600 euros. A moins que l’État accepte d’ici là de les soutenir. C’est en tout cas l’option que les élus ont bien l’intention de faire valoir... d’autant que selon les premiers retours des échanges hier avec des députés, le gouvernement soutiendrait le dépôt d’une proposition de loi limitée à ces quatre premiers territoires.
« Nous sommes dans l’utopie, au sens de l’avant-garde. On risque bien sûr de décevoir mais la plus grande désillusion serait de ne rien tenter ou d’attendre encore trop longtemps » , défend Pierre-Yves Marolleau.
Hier, en fin de journée, les chiffres du chômage du mois de mars confirmaient, eux, une tendance à la hausse, avec 15 400 chômeurs de catégorie A (sans aucune activité dans le mois) de plus (soir 3,5 millions). En ajoutant les demandeurs d’emploi en activité réduite (catégories B et C) et les DOM-COM, le nombre de chômeurs atteint 5 590 600 (en hausse de 0,5%) dont 2,4 y sont depuis plus d’un an. C’est un record absolu.
Emmanuelle Stroesser

(1) Le détail du projet est mis en ligne ici
(2) Avec Pipriac et Saint-Ganton (Ille-et-Vilaine), Colombey-les-Belles (Meurthe-et-Moselle) et Prémery (Nièvre).

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