Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mardi 7 mai 2019
Énergies renouvelables

Énergie : l'Ademe fournit le premier état des lieux de la filière des réseaux de chaleur

L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) a réalisé, pour la première fois, un « état des lieux détaillé »  de la filière des réseaux de chaleur et de froid - ces « système de distribution d’énergie calorifique produite de façon centralisée, permettant de desservir plusieurs usagers ». Son rapport, publié ce mois-ci, « dresse un bilan de l’écosystème des acteurs en présence et fournit une évaluation des retombées socio-économiques actuelles en termes d’activités économiques, d’emplois et de coûts ». Estimé à 2,5 milliards d’euros, le marché - dominé par cinq opérateurs - représente près de 12 800 emplois dont 6 800 emplois directs en France répartis sur l’ensemble du territoire français alors que « la marge de progression est encore importante ». Le pourcentage des foyers chauffés par des réseaux de chaleur étant, en comparaison avec nos voisins européens, encore faible en France.

La France « pionnière »  dans le domaine des énergies renouvelables
761 réseaux de chaleur et 23 réseaux de froid ont permis de livrer 26 TWh d’énergie calorifique en 2017 en France, dont près de la moitié (45 %) en Île-de-France : la part des énergies renouvelables et de récupération (EnR&R), dont le développement local est dû en partie aux réseaux de chaleur, « ne cesse de progresser dans notre pays et atteint 56 % en 2017 »  (contre 40 % en 2013 et 27 % en 2005) alors que le taux d’énergie renouvelable moyen est de 27 % à l’échelle de l’Union Européenne et de 9 % dans le monde.
« La France fait figure de pionnière dans ce domaine », écrit l’Ademe. « Pour autant, le pourcentage des foyers chauffés par des réseaux de chaleur n’est que de 6 à 7 % en France, contre 13 % en Allemagne, 50 % au Danemark… la marge de progression est encore importante même si l’évolution récente est spectaculaire : 3 450 km de réseaux en 2009 à 5 397 kilomètres en 2017 », rapporte l’Ademe.
La même année, le chiffre d’affaires annuel total des réseaux de chaleur et de froid (production et distribution) atteignait tout de même 2,2 milliards d’euros (dont 75 % de ventes de chaleur ou de froid aux clients et 95 % concernant les réseaux de chaleur). À titre de comparaison, cela représente autant que le montant des investissements cumulés (création, interconnexion ou extensions de réseaux) entre 2009 et 2017.

Le bon bilan du Fonds chaleur
Les politiques publiques soutiennent la filière depuis le début des années 2000 : celle-ci bénéficie, en effet, de la contribution climat énergie depuis 2014, du marché européen des quotas d’émission de carbone depuis 2015, d’un taux de TVA réduit (5,5 %) sous certaines conditions mais aussi d’un Fonds chaleur, un « régime d’aide (géré par l’Ademe) via des subventions aux investissements ». Entre 2009 et 2017, ce fonds, destiné à l’habitat collectif, aux collectivités et aux entreprises, « a participé à la création ou l’extension de 829 réseaux de chaleur ayant permis de mettre en place près de 2 110 nouveaux kms construits soit une augmentation de 40 % des longueurs de réseaux par rapport à 2008. » 
Des résultats qui pourraient encore progresser dans les prochaines années. « La trajectoire inscrite dans la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) 2018-2023 prévoit une augmentation du Fonds chaleur de 100 millions en 2019 et une simplification des modalités ». Les livraisons de chaleur renouvelable augmenteraient ainsi de 74 % d’ici à 2023 et seraient multipliées par 2,2 (ou 2,6 selon la fourchette haute) d’ici 2028 par rapport à 2017. Pour l’Ademe, « il est essentiel - pour atteindre les objectifs de la loi de Transition énergétique pour la croissance verte - de porter la part des énergies renouvelables à 38 % de la consommation finale de chaleur en 2030. » 
Ludovic Galtier
Télécharger le rapport.

Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2