Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du vendredi 13 mars 2020
Élections

Municipales 2020 : plus de 550 maires se représentent sans être têtes de liste

Le ministère de l’Intérieur a annoncé, la semaine dernière, que 67 % des maires en exercice se représentaient. Mais, comme Maire info le révèle, tous ne se représentent pas forcément dans le but de redevenir maires : plus de 550 d’entre eux ne se présentent pas en tête de liste. 

Une « embellie »  logique
67 % des maires (soit environ 23 200) sont de nouveau candidats aux élections municipales qui auront lieu dimanche. Ce résultat, obtenu après publication en open data des listes de candidats, est une bonne nouvelle au regard des inquiétudes qui, depuis deux ans, se sont fait jour sur la motivation des maires à « reprendre du service ». Rappelons qu’en 2018 et 2019, une enquête menée par le Cevipof et l’AMF montrait qu’un nombre important de maires – mais décroissant au fur et à mesure que l’élection se rapprochait – avait envie de rendre leur écharpe. En novembre 2018, l’enquête révélait que « un maire sur deux ne souhaitait pas se représenter »  (lire Maire info du 15 novembre 2018). La proportion atteignant même 55 % dans les plus petites communes. Motif : un fort « sentiment de perte d’autonomie »  et le besoin, face à une fonction aussi chronophage qu’énergivore, de « privilégier leur vie personnelle et familiale ».
Un an plus tard, l’enquête révélait « une embellie » : 28 % des sortants seulement étaient toujours décidés, de façon « certaine », à ne pas se représenter (lire Maire info du 14 novembre 2019). À l’arrivée, le chiffre est un peu supérieur, puisque 33 % des maires sortants ne se représentent pas. 
Pour Martial Foucault, directeur du Cevipof, interrogé par Maire info, cette évolution est on ne peut plus normale : « En 2018, on était encore loin du scrutin et les décisions étaient plus émotionnelles. Nous savions déjà qu’un quart des maires n’avaient pris de décision ferme. C’est ce qui explique le résultat final : les deux tiers des maires qui étaient indécis ont finalement décidé d’y aller. » 
Martial Foucault rappelle au passage que ces études ont été réalisées à partir de réponses de « plus de 9 000 maires ».

« Responsabilité républicaine » 
L’étude des données fournies par le ministère de l’Intérieur révèle un autre fait intéressant. Le chiffre de 67 % concerne l’ensemble des maires en exercice présents sur une liste ; ou, plus précisément, l’ensemble des maires qui se présentent à titre personnel dans les communes de moins de 1000 habitants (scrutin nominal) et de ceux qui se présentent sur une liste dans les autres communes (scrutin de liste). Mais l’intérêt de l’énorme fichier de données du ministère (plus de 545 000 candidats dans les communes de plus de 1000 habitants) est qu’il donne, pour chaque candidat, la place qu’il occupe sur la liste. Il est donc possible de croiser ce fichier avec celui du répertoire national des élus permettant de connaître les maires en exercice. 
C’est ce qu’a fait Maire info, pour savoir combien de maires sortant se présentent non seulement sur une liste, mais en première position de cette liste, en partant de l’idée qu’un maire qui ne se présente pas en tête de liste n’a, a priori, pas l’intention de briguer à nouveau ce mandat, mais d’être simple conseiller municipal ou adjoint.
Résultat : ce sont 65 % des maires, et non plus 67 %,qui se présentent en tête de liste (soit un peu plus de 22 600). Le différentiel est d’environ 580, sur un total de 10 163 communes de plus de 1000 habitants. Autrement dit, 6 % des maires des communes de plus de 1000 habitants ne se présentent pas en tête de liste. Des éléments d’explication se font jour. Il y a bien sûr certains maires qui peuvent renoncer à la fonction parce qu’ils en briguent d’autres - souhaitant par exemple se consacrer uniquement à la présidence d’une intercommunalité ou, l’année prochaine, à un mandat départemental ou régional. « Mais ce peut être aussi l’occasion de passer le relais », propose Martial Foucault. Le chercheur fait l’hypothèse d’une « posture de responsabilité républicaine, se traduisant par le fait de préparer la succession en accompagnant le nouveau maire »  afin de transmettre son expérience. Pour Martial Foucault, il s’agit au fond d’un élément « assez réconfortant » : « Il apparaît que les maires ne sont pas dans une logique binaire, ‘’je reste maire ou je m’en vais’’. »  Et de conclure : « Ce pourrait être, peut-être, un bon antidote à la crise des vocations ? » 

Franck Lemarc

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