Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du mardi 13 avril 2021
Élections

56 % des maires favorables au maintien des élections en juin : la carte des résultats

Le ministère de l'Intérieur a diffusé hier les résultats de la consultation des maires sur le maintien ou non du double scrutin départementales/régionales en juin. La majorité des maires qui se sont exprimés ont voté pour le maintien, et le gouvernement devrait, en toute logique, en tirer les conséquences. Analyse des résultats. 

Par Franck Lemarc

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La méthode employée par le gouvernement a fait polémique (lire Maire info d’hier), mais les maires ont très largement répondu à la consultation engagée vendredi soir : 24 357 maires sur 34 964 (soit 69,4 %) ont répondu à la consultation (dont 4 % pour dire qu’ils ne se prononçaient pas). 56 % des maires (soit 13 513) ont estimé que les conditions étaient réunies pour organiser le scrutin en juin ; 40 % d’entre eux (9 812) pensent l’inverse. 

 

 

Des résultats décorrélés de la situation sanitaire

Comme le montre la carte réalisée par Maire info, les départements où le « non »  l’a emporté sont assez minoritaires : ils sont 17, en métropole, dont une bonne partie dans la région Grand est et à l'ouest du pays.

Ce sont les Alpes-de-Haute-Provence qui ont le plus largement voté contre le maintien (à 72 %), mais avec une participation nettement plus faible qu’ailleurs (à peine 40 %). On peut noter la particularité du Rhône, où la moitié des maires qui ont participé au scrutin ont indiqué ne pas se prononcer, alors que ce taux dépasse rarement les 8 % dans les autres départements. 

Dans trois départements, il y a eu égalité parfaite entre le nombre de maires s'étant prononcés pour ou contre le maintien (Bouches-du-Rhône, Ardèche et Lozère).
Il n’y a pas de corrélation directe entre la virulence de l’épidémie et le résultat de la consultation : certains départements très touchés par le virus, comme le Val-d’Oise, la Seine-Saint-Denis ou les Alpes-Maritimes, ont voté largement pour le maintien du scrutin (respectivement à 68, 65 et 80 %), tandis que des départements faiblement touchés ont pu voter contre, comme les Pyrénées-Atlantiques (50 % de contre).  
Pas de corrélation évidente non plus entre la « couleur »  politique des départements et le choix des maires : des départements dirigés par la gauche comme le Val-de-Marne ou la Seine-Saint-Denis ont voté massivement pour le maintien comme des départements dirigés par la droite (Alpes-Maritimes). À l’inverse, tant la Côte-d’Or ou la Loire-Atlantique, dirigées par le PS, que les Pyrénées-Atlantiques ou la Moselle, à droite, ont voté pour le report. 
Du point de vue de la participation enfin, on notera que la totalité des maires des Deux-Sèvres a participé à la consultation (256 maires). La participation a dépassé les 90 % dans neuf départements métropolitains (Deux-Sèvres, Alpes-Maritimes, Corrèze, Haute-Vienne, Mayenne, Creuse, Allier). À l’inverse, cinq départements métropolitains ont vu les maires participer à moins de 45 % (Seine-et-Marne, Alpes-de-Haute-Provence, Meurthe-et-Moselle, Doubs et Corse-du-Sud).

En outre-mer

Les résultats sont très contrastés d’un territoire ultramarin à l’autre, que ce soit sur la participation ou la question du maintien des scrutins. Les maires de Guadeloupe ont peu participé (28 %), alors qu’au contraire ceux de la Martinique voisine ont massivement répondu (88 %). Ceux de Mayotte et de La Réunion ont également répondu à plus de 94 %. Les maires guadeloupéens se sont très largement prononcé contre le maintien des scrutins en juin (à 89 %) ; ceux de La Réunion sont également contre, mais à 52 % seulement. Les autres départements d’outre-mer ont voté pour le maintien, notamment les maires de Mayotte à plus de 80 %.

Et maintenant ?

Dans un communiqué de presse publié hier, le ministère de l’Intérieur « salue »  l’importante participation à cette consultation – pourtant réalisée en plein week-end. Gérald Darmanin indique que son ministère a remis au Premier ministre des propositions « d’évolutions possibles des modalités de scrutin ». 
L’AMF a également immédiatement réagi à ces résultats, en soulignant d’emblée que celui-ci est « conforme à l’avis formulé par les instances représentatives »  de l’association. « Si les conditions précipitées dans lesquelles [les maires] ont été consultés pouvaient laisser craindre que ce regain d’intérêt pour leur opinion serve d’autres objectifs que la seule sécurité sanitaire, ils ont su placer l’intérêt général au-dessus de toute considération politique », se réjouit l’AMF, qui salue « l’esprit de responsabilité des maires »  et leur « attachement à la démocratie, à son esprit et à ses règles ». 
Il faut maintenant attendre la présentation, cet après-midi à 17 heures, des propositions du gouvernement devant les députés, pour connaître la manière dont se déroulera le scrutin. Et même, sans doute, sa date : ce matin en effet, le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, a annoncé que le gouvernement allait probablement décaler le scrutin d’une semaine : au lieu des 13 et 20 juin, il pourrait avoir lieu les 20 et 27 juin, selon Richard Ferrand. Une décision qui peut surprendre, car depuis le début de cette affaire, le gouvernement dit vouloir éviter un deuxième tour trop tardif – comme ce fut le cas l’an dernier au deuxième tour des municipales –, synonyme d’abstention renforcée pour cause de départ en vacances. 
Quoi qu’il en soit, ce choix, s’il était confirmé, ne nécessiterait pas le vote d’une nouvelle loi au Parlement : celui-ci a en effet voté, dans la loi du 22 février 2021, le principe d’un report « en juin ». La date précise du scrutin au cours de ce mois dépend, elle, uniquement du gouvernement. Suite – et peut-être fin, sauf évolution dramatique de la situation épidémique – de ce feuilleton, demain. 

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