Maire-info
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Édition du mercredi 8 novembre 2017
Énergie

Transition énergétique : les délais reportés « très probablement » de cinq à dix ans

Nicolas Hulot, ministre de la Transition énergétique et solidaire, a reconnu à demi-mot hier que l’objectif de réduire à 50 % la part du nucléaire dans la production énergétique de la France en 2025 ne serait pas tenu, contrairement à ce qui est prévu par la loi de transition énergétique.
Cette annonce fait suite à celles faites un peu plus tôt par RTE, le gestionnaire de transport d’électricité, filiale d’EDF qui gère les lignes à haute et moyenne tension. RTE a en effet présenté hier plusieurs scénarios permettant de tenir les objectifs de la loi de transition énergétique, avec à la clé une équation parfaitement insoluble : pour descendre sous les 50 % de production nucléaire, il faudrait fermer 24 réacteurs, ce qui n’est pas en théorie impossible. Mais selon les projections, en 2025, la production d’énergies renouvelables atteindrait 115 gigawatts (GW), ou plus précisément : 65 GW pour l’éolien, 24 GW pour le solaire et 26 GW pour l’hydroélectrique. Soit … 34 % de la production électrique du pays. Il manquera donc 16 %, qui ne seront plus produits par le nucléaire. Seule solution pour compenser : relancer les centrales thermiques, au fioul ou au gaz (en Allemagne, le choix a même été fait de relancer des centrales au charbon). Sauf que ces centrales, contrairement aux installations nucléaires, produisent d’importantes quantités de gaz à effet de serre.
Il y a donc, explique RTE, une contradiction insoluble dans un délai aussi court entre les obligations de réduction des émissions de gaz à effet de serre et les objectifs de réduction du nucléaire. La seule solution serait un développement beaucoup plus rapide des énergies renouvelables – et encore, cela ne résoudra pas tout, car on sait que l’énergie éolienne, en particulier, est largement tributaire de la météo et ne peut, à elle seule, assurer une production linéaire.
Conclusion de RTE : l’objectif des 50 % n’est pas tenable pour 2025, et il faudra le reporter probablement de cinq ou dix ans.
À la sortie du Conseil des ministres, hier, Nicolas Hulot a validé ces conclusions : « Il sera difficile de tenir ce calendrier de 2025 sauf à relancer la production d'électricité à base d'énergies fossiles »  . Ce matin encore, interviewé sur BFM TV, il a admis qu’il faudra « très probablement reporter (cet objectif) à 2030 ou 2035 », sans toutefois vouloir donner de date formelle. D’ici là, a-t-il ajouté, « il faudra travailler avec les élus et les associations »  pour permettre une accélération des installations éoliennes. « Il faut convaincre les Français d’arrêter de s’opposer à l’installation d’éoliennes ». On sait en effet que le développement de l’éolien se heurte presque systématiquement à de longs recours juridiques, souvent initiés par les riverains.
Nicolas Hulot refuse à ce sujet de parler de « recul », et affirme qu’il a toujours estimé que les délais fixés par la loi de transition énergétique étaient « irréalistes ». C’est également le point de vue de François Brottes, l’actuel patron de RTE. Ironie de l’histoire, c’est le même François Brottes qui fut, dans une autre vie, l’un des plus ardents de défenseurs de ladite loi de transition énergétique, en tant que député, et même en tant que président de la commission mixte paritaire qui présida à l’adoption définitive de cette loi. Et qui avait été le conseiller énergie de François Hollande pendant la campagne de 2012, dans le programme duquel figurait l’objectif de réduction du nucléaire à 50 % en 2025.
Le report probable de cet objectif ne surprendra personne, tant les spécialistes répètent, depuis des années, que l’élan pris sur le développement des énergies renouvelables l’a été bien trop tard pour que le délai fixé par la loi soit réaliste. Il aurait fallu au bas mot, avait par exemple calculé l’Autorité de sûreté nucléaire, que la transition énergétique ait été engagée en 2012 pour que 2025 soit apparu comme une dead line crédible.
F.L.

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