Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mercredi 25 avril 2018
Transports

Un rapport parlementaire préconise la création de « centres de distribution urbains » des marchandises

Le rapport du député Damien Pichereau sur la « régulation »  de l’usage des véhicules utilitaires légers (VUL) vient d’être rendu public. Il évoque, entre autres, la question devenue cruciale de l’optimisation des flux de marchandises en ville et de la « logistique du dernier kilomètre ».
Ce travail lui a été commandé en janvier par le Premier ministre qui, dans sa lettre de mission, indiquait que l’usage des VUL (véhicules utilitaires de moins de 3,5 tonnes « connaît une croissance très dynamique », qui « soulève des questions sur les conditions d’exercice des conducteurs, sur la sécurité routière et les atteintes à l’environnement ». Il a donc été demandé au député de dresser un état des lieux de ce marché et de faire « toute proposition et recommandation »  sur ce sujet.
Pour établir son rapport, le député a mené pas moins de 46 « auditions »  – dont, étrangement, aucune avec des représentants d’associations d’élus – pourtant définies dans le rapport comme étant « au cœur du sujet ». Il en a tiré une trentaine de propositions.
Cette problématique du développement exponentiel des VUL, notamment en agglomérations, est le résultat de l’explosion de la vente en ligne. Les grands opérateurs de ce secteur mettent en place des entrepôts géants en périphérie des grandes villes et assurent des livraisons en une journée ou deux, ce qui implique l’emploi d’une flotte considérable de livreurs souvent propriétaires de leur propre véhicule utilitaire. Ces flottes sont donc très hétérogènes, et peu sujettes à une réglementation générale – bien moins que celle des poids lourds par exemple. Parallèlement, la réglementation, bien plus contraignante pour les poids lourds que pour les VUL, amène les opérateurs à se tourner vers ces derniers, transformant, selon l’expression du député, ce modèle économique en « Far-west » : pas ou peu de réglementation sociale ni environnementale. Un VUL « émet environ 5,7 fois plus de gaz à effet de serre à la tonne transportée qu’un poids lourd ».
Au-delà d’un grand nombre de recommandations dans les domaines techniques et sociaux, le rapport émet l’idée de « créer les conditions du développement d’une logistique urbaine durable », celle-ci étant définie comme « l’art d’acheminer dans les meilleures conditions les flux de marchandises qui entrent, sortent et circulent dans la ville ».
Le député fait un constat : les plateformes de distribution ont tendance à « s’éloigner des villes sous la pression de la dynamique des prix fonciers ». Ainsi, « la distance moyenne au centre de Paris des entrepôts où les livreurs s’approvisionnent, a ainsi presque triplé depuis 1970 ». Il recommande donc la mise en place de « centres de distribution urbains », permettant « l’utilisation de véhicules légers et propres pour la livraison du dernier kilomètre ».
Dans la foulée, Damien Pichereau prône une « réflexion »  sur le prix du foncier, actuellement « discriminant », pour favoriser l’installation de ces centres de distribution « y compris en cœur de ville ».
Il recommande également de « mieux prendre en compte »  la question des flux logistiques dans les documents de planification – notamment les PDU, en y incluant un « schéma intercommunal d’aménagement de la logistique urbaine »  ; et d’expérimenter « les aires de livraison intelligentes », c’est-à-dire « connectées et réservables », afin d’éviter les « livraisons sauvages ».
Enfin, Damien Pichereau propose, face au « manque d’harmonisation »  des interdictions de circulation, une « collecte de tous les arrêtés de limitation de tonnage, de vitesse et d’interdiction de circulation », qui pourrait permettre l’émergence « de services d’aide à l’organisation des tournées ».
F.L.
Télécharger le rapport.


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