Maire-info
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Édition du jeudi 28 janvier 2016
Logement

Plus de 15 millions de personnes touchées par la crise du logement, selon la Fondation Abbé-Pierre

Une fois de plus, la Fondation Abbé-Pierre dresse le tableau d’une France « malade de son logement ». Dans son 21e rapport annuel sur l’état du mal-logement en France, rendu public aujourd’hui, la fondation chiffre à plus de 15 millions le nombre de personnes touchées par la crise du logement.
Hausse du nombre de personnes sans domicile, renonçant à se chauffer, ou contraintes de vivre chez des tiers : de nombreux indicateurs sont au rouge, indique ce rapport, issu de l'exploitation de la dernière édition de l'enquête nationale logement (ENL) 2013 de l'Insee, dont les principaux chiffres ont été dévoilés en décembre (lire Maire info du 21 décembre 2015) .
Au total, 3,8 millions de personnes sont mal-logées et 12,1 millions de personnes « fragilisées », soit « 15 millions de personnes touchées, avec une intensité diverse, par la crise du logement », a souligné hier Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé-Pierre, lors d'une conférence de presse.
Autre chiffre marquant : le nombre de personnes sans abri, qui a bondi de 50 % entre 2001 et 2012. 141 500 personnes se retrouvent aujourd’hui à la rue, à l'hôtel, sous un abri de fortune ou en centre d'hébergement.
En outre, près de 2,9 millions de personnes vivent dans des conditions très difficiles, dont 2,1 millions ne possèdent pas d'eau courante, de WC intérieurs, de douche, de moyen de chauffage ou de coin cuisine, ou vivent dans un immeuble à la façade très dégradée. Et 934 000 personnes vivent en « surpeuplement accentué », c'est-à-dire qu'il leur manque deux pièces par rapport à la norme de peuplement (+17 % entre 2006 et 2013).
Pour Christophe Robert, « il y a une aggravation du mal-logement qui touche avant tout les classes populaires ». Le taux d'effort net moyen (loyer + charges - allocations logement) des ménages les plus pauvres atteint ainsi 55,9 %, plus de trois fois supérieur à la moyenne (17,5 %).
Hier, la CLCV (Consommation, logement, cadre de vie) pointait pour sa part la hausse de loyers et de charges pratiquée par certaines organismes HLM, estismant que le taux d’effort de certains locataires fragilisés par la crise était « à la limite de l’acceptable ».
Côté politique, si la Fondation Abbé-Pierre se félicite de « certaines avancées »  comme le chèque énergie qui doit remplacer en 2018 les tarifs sociaux de l'électricité et du gaz pour les ménages modestes, elle constate à l’inverse que certains engagements politiques « ont été tout simplement reniés ». Ainsi de la garantie universelle des loyers, une des mesures phares de la loi Alur votée en 2014 puis abandonnée car jugée trop coûteuse. Quant à certains objectifs annoncés comme la construction de 500 000 logements par an, dont 150 000 logements sociaux, ils « sont bien loin d'être atteints », souligne le rapport.
La Fondation Abbé-Pierre appelle une nouvelle fois les pouvoirs publics à agir, en particulier en construisant des logements, et surtout des logements sociaux accessibles aux ménages les plus modestes. Elle demande aussi que les pouvoirs publics logent les ménages reconnus prioritaires Dalo (Droit au logement opposable), mènent une politique de prévention des expulsions locatives et des évacuations de terrain et régulent les marchés de l'immobilier.
« Engageons des politiques volontaristes !, a exhorté hier le délégué général de la fondation. Il reste un an et demi à ce gouvernement pour finir ce quinquennat. Il faut mettre à l'abri tous ceux qui sont en difficulté et il faut engager une véritable politique structurelle pour enrayer ce processus d'exclusion par le logement ». (Avec Afp)

Télécharger le 21e rapport sur l’état du mal-logement en France.


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