Maire-info
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Édition du jeudi 3 mai 2018
Logement

L'Onpes s'alarme de la crise persistante du mal-logement

En soixante ans, les conditions de logement n’ont cessé de s’améliorer mais cette évolution n’a pas bénéficié à tous les Français de la même façon. Elle s’est accompagnée du maintien, voire de l’accentuation, d’inégalités significatives selon le revenu des ménages, souligne l’Onpes (Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale) dans son rapport annuel 2017-2018 qu’il vient de rendre public. Consacré au phénomène du mal-logement, ce rapport note ainsi que les foyers modestes ne peuvent plus accéder à la propriété et « décrochent »  par rapport au reste de la société. Ce qui contribue à les faire glisser dans la pauvreté, ajoute l’observatoire.
Malgré des « évolutions positives », comme l'augmentation du nombre de logements (+1,1 % par an entre 1996 et 2013) et de leur confort ou le fait qu'un grand nombre de ménages ont accès à la propriété privée, 4 millions de personnes sont aujourd’hui mal-logées et 12,1 millions en situation de fragilité, rappelle l’Onpes. Les foyers modestes, quant à eux, restent exclus de l’accès à la propriété, « véritable marqueur social ». « En 2013, seuls 28,7 % des ménages à bas revenus sont propriétaires ou accédants à la propriété pour 52,0 % des ménages aux ressources modestes et 71,8 % des ménages plus aisés. La propriété trace une ligne de partage très nette entre les ménages à bas revenus, très majoritairement locataires, et le reste de la population, d’autant plus qu’elle semble plus difficilement accessible que par le passé », souligne l’observatoire.
Quand ils sont locataires, les ménages pauvres et modestes sont de plus en plus nombreux à avoir du mal « joindre les deux bouts, une fois le loyer payé ». « Les files d’attente pour accéder à un logement social dans les zones tendues, et donc les plus chères, sont longues. Dans certains territoires, l’habitat informel et précaire s’enracine », note l’observatoire, ajoutant qu’il est « désormais fréquent de croiser dans les grandes agglomérations des personnes durablement dépourvues d’un domicile ». « Caractérisée hier par le déficit de logement et leur insalubrité, la crise du logement se dévoile à présent plus diffuse et protéiforme », s’inquiète l’Onpes. Il pointe aussi une augmentation du taux de surpeuplement chez les ménages pauvres et modestes : +1, 6 point entre 1996 et 2006 malgré une baisse générale du phénomène pour cette même période. Les ménages à bas revenus souffrent aussi d’un environnement dégradé et d’une moins bonne desserte en transports.
L'Observatoire souligne également « l’impact négatif sur le bien-être »  du mal logement. Ce dernier peut avoir « des effets néfastes sur la santé ainsi que des effets négatifs sur la scolarité des enfants qui conduisent à accroître leur risque de devenir pauvres à l’âge adulte ».
Selon l’Onpes, les plus modestes se concentrent de plus en plus dans les zones urbaines, pourvoyeuses d'emplois, malgré un marché de l'immobilier « sous tension ». Ils vivent du coup dans « des logements inadaptés »  à leur situation. Les plus touchés par cette crise du mal-logement sont « les familles monoparentales, les étrangers, les familles avec trois enfants ou les couples dont les deux membres sont sans emploi », précise le rapport. « Près d’un quart des ménages à bas revenus et aux ressources modestes doivent faire face à une charge excessive en logement en 2013, soit un taux d’effort net strictement supérieur à 40 % de leur revenu. Ils n’étaient que 15,1 % en 2001 », ajoute l’Onpes.
C.N.
Télécharger le rapport.

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