Tiers-lieux, coworking, télétravail… Le gouvernement débloque 37 millions d'euros par an pour leur développement entre 2019 et 2021
Jacques Mézard et Julien Denormandie, respectivement ministre et secrétaire d’État auprès du ministre de la Cohésion des territoires, ont annoncé qu’à compter de 2019 et pour trois ans, une enveloppe de 110 millions d'euros serait dévolue au développement des tiers-lieux (soit un peu moins de 37 millions d’euros par an). Ateliers partagés, espaces de coworking, collaboratifs ou d’innovation, comme les FabLab, « les tiers-lieux sont des espaces physiques ou virtuels de rencontres entre personnes et compétences variées qui n’ont pas forcément vocation à se croiser, écrit la mission gouvernementale coworking. Ils permettent les rencontres informelles et favorisent la créativité issue des interactions sociales, notamment à travers l’ouverture, la flexibilité, la convivialité et l’accessibilité. »
Dans ce programme national des tiers-lieux, le gouvernement prévoit la création ou le développement de 300 « Fabriques de territoires » dans les petites et moyennes villes et les quartiers prioritaires de la politique de la ville, la création ou le développement de petits tiers-lieux ruraux et la création d’une instance nationale pour organiser et valoriser la filière. « Le but est de favoriser le retour de l’activité dans les territoires et d’accompagner de nouvelles façons de travailler. Cette aide prendra la forme d’un fonds d’amorçage de 20 millions d’euros par an, pour permettre aux porteurs de projets de trouver le bon modèle économique. S’y ajouteront un fonds de dotation et un fonds d’investissement dans les sociétés qui portent les tiers-lieux à hauteur de 50 millions d’euros », écrivent les deux ministres dans un communiqué de presse.
1 800 tiers-lieux en France
Cette annonce gouvernementale a fait suite à la remise du rapport « Territoires, travail, numérique… Faire ensemble pour mieux vivre ensemble », la veille, par le président de la Fondation Travailler autrement, Patrick Lévy-Waitz. « L’objectif était d’estimer si l’émergence de ces tiers lieux pouvait constituer un remède au double abandon territorial – industriel et numérique », résume le responsable de la mission gouvernementale de six mois sur le coworking.
Bien qu’il reste « avant-gardiste » et « émergent », ce concept fait des émules. « Nous avons été surpris par l'ampleur du phénomène, bien plus fort qu’attendu, s’étonne Patrick Lévy-Waitz. Nous en avons dénombré plus de 1 800 (1 463 ont été identifiés par la mission) ». De façon assez égale entre les territoires métropolitains et les autres : 54 % contre 46 %. « Les tiers-lieux portent des dynamiques économiques et sociales et s’avèrent certainement plus structurants pour leur territoire d’implantation, et pour l’ensemble du territoire français, que nous l’avions imaginé ».
Les tiers-lieux, « une opportunité d’avenir pour les territoires »
Au-delà d’un renouvellement des pratiques dans le monde du travail, les tiers-lieux pourraient représenter un apport loin d’être négligeable pour les territoires. La création d’un tiers-lieu rapporte en moyenne à la commune 57 000 euros supplémentaires de recettes annuelles via des achats réalisés et un bonus de 37 000 euros de recettes fiscales.
En revanche, prévient Patrick Lévy-Waitz, le développement des tiers-lieux « n’est ni stabilisé ni finalisé : des territoires ne sont pas encore couverts et de nombreux tiers-lieux restent fragiles. Plus ils sont éloignés des grandes métropoles régionales, plus leur modèle est complexe et leur équilibre économique difficile à atteindre. Des freins persistent qu’ils soient administratifs, réglementaires ou culturels ». Seuls 40 % des tiers-lieux seraient rentables. C’est la raison pour laquelle l’auteur du rapport estime que « la place de l’État et le rôle de la puissance publique comme garants de l’équité territoriale constituent une clé essentielle. L’État doit soutenir les collectivités locales non pas en faisant « à leur place » mais en leur permettant d’y arriver, pour que les tiers lieux qu’elles soutiennent se développent et atteignent leur vitesse de croisière. » « Il nous faudra partir de la demande des territoires, a confirmé Julien Denormandie. Le gouvernement n’a rien à imposer, il veut au contraire se poser en facilitateur. »
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