Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du mardi 25 février 2003
Aménagement rural

La réforme proposée de la politique agricole commune (PAC) européenne "condamnerait les deux tiers" du territoire français "à la friche", estime le ministre de l'Agriculture

Le ministre de l'Agriculture Hervé Gaymard a estimé dimanche que la réforme proposée de la Politique agricole commune (PAC) européenne "provoquerait une intensification de la production" et ne faciliterait pas des actions en faveur de l'environnement, sans compter qu'elle "condamnerait les deux tiers" du territoire français "à la friche". "Dans les propositions de la Commission, il y a des choses acceptables, mais surtout il y a des choses inacceptables, notamment ce qu'on appelle un 'découplage' des aides, c'est-à-dire que le paysan toucherait des aides sans relation avec ce qu'il produit", a-t-il déclaré au Grand-Jury RTL-LCI-Le Monde. Cette réforme de la PAC, très décriée en France, propose que les subventions des agriculteurs ne dépendent plus du nombre d'hectares ou de têtes de bétail. Les aides seraient individuelles et fixes, un "découplage" qui permettra une augmentation des prix de "7% pour les bovins quand la production diminuera de 3%", selon le commissaire européen à l'Agriculture, Franz Fischler. Pour M. Gaymard, "ce découplage des aides provoquerait une intensification de la production qui irait contre le développement des actions en faveur de l'environnement, et qui surtout condamnerait les deux tiers du territoire français où la friche pousserait". Avec le "découplage total", "demain nous n'aurons plus les moyens de gérer des crises du marché", a-t-il noté en citant comme exemple la crise de la vache folle. M. Gaymard a en outre estimé qu'un tel système provoquera "une spéculation foncière incroyable", ainsi qu'une "distorsion de concurrence entre les paysans, et (...) foutre le bazar et la zizanie". Interrogé sur les propos tenus par M. Fischler dans un entretien au "Journal du Dimanche" souhaitant boucler la réforme "d'ici juin", M. Gaymard a lancé: "il faut se méfier de ceux qui veulent faire le bonheur des gens malgré eux". "J'entends ce que dit le commissaire Fischler, j'entends ce que disent les paysans européens qui sont contre cette réforme, et j'entends aussi ce que disent onze ministres de l'Agriculture sur quinze" opposés à cette réforme, a-t-il conclu.

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