Édition du vendredi 23 juin 2017
Ouvertures sauvages de bouches à incendie : des maires en appellent à l'État
L’épisode de canicule qui a touché le pays ces derniers jours a remis sur le devant de la scène un phénomène qui devient inquiétant et laisse bien des maires désemparés : l’ouverture sauvage de bouches à incendie – pratique venue des États-Unis et baptisée « street pooling » (piscine de rue).
Paris et sa banlieue, Lille, Roubaix, Tourcoing, Tours, la banlieue de Lyon… chaque année, ce sont davantage de communes qui sont concernées par ce qui est devenu une mode : dès que le thermomètre dépasse durablement les 30 degrés, des jeunes parviennent à ouvrir les bouches à incendie ou les bouches à eau utilisées par les services de propreté pour alimenter les caniveaux, et les transformer en douches à ciel ouvert.
Le phénomène prend une ampleur chaque année plus importante : sur la seule journée de mercredi dernier, selon le Syndicat des eaux d’Île-de-France (Sedif), plus de 500 bouches à eau ont été ainsi vandalisées dans la région. Sur les trois derniers jours de canicule, plus d’un millier d’ouvertures sauvages ont été constatées, avec à la clé un gâchis d’eau stupéfiant : 150 000 mètres cubes d’eau gâchés sur toute l’Île-de-France en une seule journée (mercredi) soit, précise le Sedif, l’équivalent du contenu de « 60 piscines olympiques ».
Cette pratique suscite des problèmes en cascade : d’abord, tout simplement, elles sont dangereuses. La pression de l’eau qui jaillit peut blesser des jeunes ou des enfants – c’est déjà arrivé, avec des cas de traumatismes plus ou moins graves. Danger électrique aussi, avec des risques d’électrocution si le geyser touche une ligne électrique ou une caténaire. Sans compter les caves et les parkings inondés, voire, comme cela a été le cas en banlieue nord de Paris cette semaine, des médiathèques.
Potentiellement encore plus grave, il faut rappeler que cette eau est prévue pour alimenter les lances à incendie, et qu’il risque d’arriver, tôt ou tard, que les pompiers manquent d’eau pour faire face à un incendie important.
Dans plusieurs communes, ces derniers jours, notamment dans l’Essonne, cette pratique a débouché sur des incidents : les agents municipaux venus tenter de fermer les vannes ont été reçus à coups de cailloux et des mairies ont dû finir par demander l’intervention de la police pour protéger les agents.
Reste enfin le problème financier : ces millions de litres d’eau gâchés sont facturés… aux communes.
Plusieurs maires ont donc décidé de réagir en prenant des arrêtés instaurant de fortes amendes non seulement pour ceux qui ouvrent les bouches à incendie mais même – à Gennevilliers par exemple – pour ceux qui en profitent. L’amende a été fixée à 500 € à Gennevilliers. À Asnières (également dans les Hauts-de-Seine), la mairie a mis la barre nettement plus haut en prévoyant une amende de 9 000 euros, soit « le prix de 2000 mètres cube d’eau ».
Plusieurs maires confrontés à cette situation ont également voulu ne pas s’en tenir à la répression mais offrir aussi des alternatives en cas de grandes chaleur : installation de brumisateurs géants (Gennevilliers), gratuité des piscines (Aubervilliers), ouverture des piscines jusqu’à minuit (Montrouge). Mais ils en appellent également à l’aide de l’État pour faire face à ce nouveau phénomène préoccupant : des solutions techniques existent pour rendre nettement plus difficile l’ouverture des bouches à incendie, mais elles sont coûteuses. Plusieurs maires de Seine-Saint-Denis ont d’ores et déjà sollicité un rendez-vous avec le préfet pour étudier des solutions, et dix d’entre eux se préparent à envoyer une lettre au Premier ministre pour lui demander de « débloquer des fonds ». Ces maires sont convaincus que cette pratique va finir par déboucher sur un accident grave ou mortel, et adjurent l’État d’agir avant.
La fin de l’épisode de canicule va, provisoirement, endiguer le phénomène… mais l’été ne fait que commencer.
Paris et sa banlieue, Lille, Roubaix, Tourcoing, Tours, la banlieue de Lyon… chaque année, ce sont davantage de communes qui sont concernées par ce qui est devenu une mode : dès que le thermomètre dépasse durablement les 30 degrés, des jeunes parviennent à ouvrir les bouches à incendie ou les bouches à eau utilisées par les services de propreté pour alimenter les caniveaux, et les transformer en douches à ciel ouvert.
Le phénomène prend une ampleur chaque année plus importante : sur la seule journée de mercredi dernier, selon le Syndicat des eaux d’Île-de-France (Sedif), plus de 500 bouches à eau ont été ainsi vandalisées dans la région. Sur les trois derniers jours de canicule, plus d’un millier d’ouvertures sauvages ont été constatées, avec à la clé un gâchis d’eau stupéfiant : 150 000 mètres cubes d’eau gâchés sur toute l’Île-de-France en une seule journée (mercredi) soit, précise le Sedif, l’équivalent du contenu de « 60 piscines olympiques ».
Cette pratique suscite des problèmes en cascade : d’abord, tout simplement, elles sont dangereuses. La pression de l’eau qui jaillit peut blesser des jeunes ou des enfants – c’est déjà arrivé, avec des cas de traumatismes plus ou moins graves. Danger électrique aussi, avec des risques d’électrocution si le geyser touche une ligne électrique ou une caténaire. Sans compter les caves et les parkings inondés, voire, comme cela a été le cas en banlieue nord de Paris cette semaine, des médiathèques.
Potentiellement encore plus grave, il faut rappeler que cette eau est prévue pour alimenter les lances à incendie, et qu’il risque d’arriver, tôt ou tard, que les pompiers manquent d’eau pour faire face à un incendie important.
Dans plusieurs communes, ces derniers jours, notamment dans l’Essonne, cette pratique a débouché sur des incidents : les agents municipaux venus tenter de fermer les vannes ont été reçus à coups de cailloux et des mairies ont dû finir par demander l’intervention de la police pour protéger les agents.
Reste enfin le problème financier : ces millions de litres d’eau gâchés sont facturés… aux communes.
Plusieurs maires ont donc décidé de réagir en prenant des arrêtés instaurant de fortes amendes non seulement pour ceux qui ouvrent les bouches à incendie mais même – à Gennevilliers par exemple – pour ceux qui en profitent. L’amende a été fixée à 500 € à Gennevilliers. À Asnières (également dans les Hauts-de-Seine), la mairie a mis la barre nettement plus haut en prévoyant une amende de 9 000 euros, soit « le prix de 2000 mètres cube d’eau ».
Plusieurs maires confrontés à cette situation ont également voulu ne pas s’en tenir à la répression mais offrir aussi des alternatives en cas de grandes chaleur : installation de brumisateurs géants (Gennevilliers), gratuité des piscines (Aubervilliers), ouverture des piscines jusqu’à minuit (Montrouge). Mais ils en appellent également à l’aide de l’État pour faire face à ce nouveau phénomène préoccupant : des solutions techniques existent pour rendre nettement plus difficile l’ouverture des bouches à incendie, mais elles sont coûteuses. Plusieurs maires de Seine-Saint-Denis ont d’ores et déjà sollicité un rendez-vous avec le préfet pour étudier des solutions, et dix d’entre eux se préparent à envoyer une lettre au Premier ministre pour lui demander de « débloquer des fonds ». Ces maires sont convaincus que cette pratique va finir par déboucher sur un accident grave ou mortel, et adjurent l’État d’agir avant.
La fin de l’épisode de canicule va, provisoirement, endiguer le phénomène… mais l’été ne fait que commencer.
F.L.
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