Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du jeudi 18 avril 2019
Risques

Lancement du débat public sur les substances radioactives

Le débat national sur la gestion des matières et déchets radioactifs lancé mercredi va tenter d’éclairer les citoyens sur un dossier complexe, miroir des clivages autour du nucléaire qui engage la société pour les siècles à venir.
Dans un pays qui possède le deuxième parc de réacteurs nucléaires au monde, ce débat est « l’héritier d’une histoire conflictuelle », a noté la présidente de la Commission nationale du débat public Chantal Jouanno lors d’une conférence de presse. « Nous voulons essayer de dépasser les clivages, dépasser la simple opposition (...) qui peut être stérile », a ajouté Isabelle Harel-Dutirou, présidente de la commission particulière qui l’organise jusqu’au 25 septembre.
« Tout le monde s’accorde à dire que nous devons aujourd’hui prendre des décisions qui préservent les générations futures (...) mais à partir de là, les solutions divergent », a-t-elle expliqué à l’AFP. « Certains disent que notre responsabilité est de ne pas obérer l’avenir des générations futures en ne laissant pas un héritage impossible à gérer ».
Dans ce camp se trouvent les ONG opposées notamment au projet Cigéo d’enfouissement des déchets à 500 mètres de profondeur à Bure (Meuse), qui veulent attendre de possibles avancées de la science avant de choisir une solution qu’elles jugent irréversible.
« À l’inverse, d’autres disent que notre responsabilité est de prendre aujourd’hui les décisions qui s’imposent », ajoute Isabelle Harel-Dutirou. Ainsi, les législateurs ont voté en 2006 une loi faisant le choix du stockage en couche géologique profonde des déchets les plus dangereux, ce qui a conduit au projet Cigéo.
Alors certains s’interrogent sur l’utilité d’un nouveau débat sur ce choix déjà tranché, et de manière générale sur la façon dont les discussions seront prises en compte pour la rédaction du 5e Plan national pour la gestion des matières et déchets radioactifs (PNGMDR) 2019-2021.
« Débattre n’a pas de sens si les choix sur ce sujet sont déjà verrouillés », dénonce ainsi le Réseau Sortir du nucléaire, qui a décidé de ne pas participer. « A quoi bon débattre des options de gestion de ces substances ingérables si la seule solution réellement existante, à savoir l’arrêt de leur production, est exclue par les pouvoirs publics », poursuit l’ONG, alors que le gouvernement a repoussé de 2025 à 2035 l’objectif d’abaisser à 50% la part du nucléaire dans la production d’électricité.

Un sujet « méconnu » 
Fin 2017, la France comptait 1,62 million de m3 de déchets radioactifs, selon le dernier inventaire de l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra). Les déchets de haute activité (HA), qui peuvent être radioactifs jusqu’à des centaines de milliers d’années, représentent 0,2%, soit l’équivalent du volume d’une piscine olympique, mais 94,9% du niveau de radioactivité, et doivent le temps venu rejoindre Cigéo.
La commission organisant le débat n’éludera pas non plus la question des « risques »  souvent associés aux substances radioactives.
« C’est un sujet qui reste méconnu, sur lequel quelques idées reçues sont véhiculées alors que depuis des dizaines d’années (...) on a fait beaucoup de progrès, le système de gestion des déchets fonctionne bien et de manière sûre », assure de son côté Sylvain Granger, responsable de la gestion des déchets chez EDF.
Mais les déchets ne sont pas les seuls en question. Dans un pays qui a fait le choix controversé du retraitement, les « matières », c’est-à-dire les substances radioactives pour lesquelles une « utilisation ultérieure est prévue ou envisagée », devraient être également au cœur du débat. (AFP)

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