Édition du vendredi 22 juin 2018
Très haut débit pour tous en 2022 : les délais seront-ils tenus ?
Six mois après la présentation par le Premier ministre Édouard Philippe, lors de la Conférence nationale des territoires, de la stratégie du gouvernement pour accélérer le déploiement du haut débit en France (lire Maire info du 15 décembre 2017), « le compte n’y est pas » pour l’Avicca (Association des villes et des collectivités pour les communications électroniques et l’audiovisuel). Présenté comme le « chantier d’infrastructures de la décennie » le 9 avril par Régis Baudoin, directeur de la mission Très haut débit, le plan France très haut débit (3,3 milliards d’euros) prévoit de rendre accessible « un débit fixe de 8 Mbits par seconde » dès 2020 et de généraliser le très haut débit supérieur à 30 Mbits par seconde dès 2022.
Or, Ariel Turpin, délégué général de l’Avicca, assurait hier à Maire info que les délais de déploiement de la FttH (fibre optique jusqu’à l’abonné) prévus aujourd’hui par le plan lancé en 2013 ne sont pas tenables. En cause, selon lui, le rythme du déploiement insuffisamment élevé. « Dans les faits, nous déployons aujourd’hui 2,5 millions de prises par an quand il faudrait en déployer 4 millions par an pour remplir les objectifs, et ça ne s’accélère pas », regrette le délégué général de l’Avicca.
Fin 2017, 10,2 millions de lignes FttH étaient raccordables. À la même période, d’après les chiffres de l’Arcep, un tiers des départements avait débuté des déploiements : ainsi, 1,2 million de prises étaient raccordables dans les zones d’initiative publique (Zip) sur les 9 millions visées en 2022. Les opérateurs, eux, ont garanti la complétude des déploiements de fibre optique sur l’ensemble des zones d’initiatives privées d’ici à la fin 2020. « Nous sommes à peu près à mi-chemin. Sur les trois ans qui viennent, il faudra faire plus rapidement », prévenait Régis Baudoin le 9 avril.
Si retard il y a, comment peut-il s’expliquer ? Ariel Turpin y voit au moins deux raisons économiques : « D’abord, il n’est pas certain que tous les acteurs aient intérêt à ce que le déploiement de fibre s’accélère : toute structure qui est sur une période de croissance forte craint une décroissance soudaine et préfère donc que la production soit la plus étalée possible dans le temps. Par ailleurs : on manque cruellement de main-d’œuvre. Aujourd’hui les plateaux techniques tournent à 70 % de leur capacité. »
Les industriels expliquent en outre que la production de matière première n’arrive pas à suivre les besoins. Ce à quoi Ariel Turpin rétorque : « Dans ce contexte, nous, collectivités, on ne veut pas être la variable d’ajustement. »
De son côté, le gouvernement se veut rassurant et martèle son calendrier : en 2022, le FttH couvrira 80 % du territoire, les 20 % restants bénéficieront du très haut débit grâce à un mix technologique. « Pour atteindre [nos] objectifs, affirmait Julien Denormandie le 29 mai, il ne faut pas se dire qu’on ne pourra le faire qu’avec du FttH. Nous travaillons aussi beaucoup pour développer des technologies autres dans certains territoires où l’on sait que le FttH n’arrivera pas en 2020-2022. Je pense à des sujets hertziens ou satellitaires. Nous allons mettre en place un guichet « cohésion des territoires », pour s’assurer que tous les Français qui devront avoir accès à ces technologies parfois plus chères puissent le faire, grâce à un appui financier. » Ce guichet sera doté de 100 millions d’euros fin 2018 ou début 2019.
L’Avicca souligne toutefois que « le THD radio (circonscrite, au sein d’un département, aux zones où il n’existe pas par ailleurs de projet de déploiement de réseaux filaires à très haut débit à court ou moyen terme, selon l’Arcep) ne disposait pas des licences nécessaires pour proposer une alternative sérieuse au FttH en terme de rapidité de mise en œuvre : cela a changé depuis fin 2017, mais pour beaucoup de collectivités, c’est trop tard pour revenir en arrière, le 100 % FttH est déjà contractualisé. »
Or, Ariel Turpin, délégué général de l’Avicca, assurait hier à Maire info que les délais de déploiement de la FttH (fibre optique jusqu’à l’abonné) prévus aujourd’hui par le plan lancé en 2013 ne sont pas tenables. En cause, selon lui, le rythme du déploiement insuffisamment élevé. « Dans les faits, nous déployons aujourd’hui 2,5 millions de prises par an quand il faudrait en déployer 4 millions par an pour remplir les objectifs, et ça ne s’accélère pas », regrette le délégué général de l’Avicca.
Fin 2017, 10,2 millions de lignes FttH étaient raccordables. À la même période, d’après les chiffres de l’Arcep, un tiers des départements avait débuté des déploiements : ainsi, 1,2 million de prises étaient raccordables dans les zones d’initiative publique (Zip) sur les 9 millions visées en 2022. Les opérateurs, eux, ont garanti la complétude des déploiements de fibre optique sur l’ensemble des zones d’initiatives privées d’ici à la fin 2020. « Nous sommes à peu près à mi-chemin. Sur les trois ans qui viennent, il faudra faire plus rapidement », prévenait Régis Baudoin le 9 avril.
Si retard il y a, comment peut-il s’expliquer ? Ariel Turpin y voit au moins deux raisons économiques : « D’abord, il n’est pas certain que tous les acteurs aient intérêt à ce que le déploiement de fibre s’accélère : toute structure qui est sur une période de croissance forte craint une décroissance soudaine et préfère donc que la production soit la plus étalée possible dans le temps. Par ailleurs : on manque cruellement de main-d’œuvre. Aujourd’hui les plateaux techniques tournent à 70 % de leur capacité. »
Les industriels expliquent en outre que la production de matière première n’arrive pas à suivre les besoins. Ce à quoi Ariel Turpin rétorque : « Dans ce contexte, nous, collectivités, on ne veut pas être la variable d’ajustement. »
De son côté, le gouvernement se veut rassurant et martèle son calendrier : en 2022, le FttH couvrira 80 % du territoire, les 20 % restants bénéficieront du très haut débit grâce à un mix technologique. « Pour atteindre [nos] objectifs, affirmait Julien Denormandie le 29 mai, il ne faut pas se dire qu’on ne pourra le faire qu’avec du FttH. Nous travaillons aussi beaucoup pour développer des technologies autres dans certains territoires où l’on sait que le FttH n’arrivera pas en 2020-2022. Je pense à des sujets hertziens ou satellitaires. Nous allons mettre en place un guichet « cohésion des territoires », pour s’assurer que tous les Français qui devront avoir accès à ces technologies parfois plus chères puissent le faire, grâce à un appui financier. » Ce guichet sera doté de 100 millions d’euros fin 2018 ou début 2019.
L’Avicca souligne toutefois que « le THD radio (circonscrite, au sein d’un département, aux zones où il n’existe pas par ailleurs de projet de déploiement de réseaux filaires à très haut débit à court ou moyen terme, selon l’Arcep) ne disposait pas des licences nécessaires pour proposer une alternative sérieuse au FttH en terme de rapidité de mise en œuvre : cela a changé depuis fin 2017, mais pour beaucoup de collectivités, c’est trop tard pour revenir en arrière, le 100 % FttH est déjà contractualisé. »
Ludovic Galtier
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