Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mercredi 2 juillet 2003
Services publics

Jacques Chirac crée une "commission de réflexion" présidée par le Médiateur de la République Bernard Stasi

Jacques Chirac s'est personnellement impliqué dans le débat sur la laïcité en créant une "commission de réflexion" dont il a confié mardi la présidence au Médiateur de la République Bernard Stasi, avec pour mission de rendre ses propositions avant la fin de l'année. Conçue sur le modèle de la commission Marceau Long sur la nationalité en 1987, la commission sur la laïcité sera placée sous l'autorité directe du président de la République et installée officiellement jeudi lors d'une cérémonie à l'Elysée. Cette "commission de réflexion sur l'application du principe de laïcité dans la République" procèdera à de nombreuses auditions, dont beaucoup seront publiques, voire télévisées, afin d'animer un "large débat public" ouvert vers l'extérieur. Elle devra rendre ses propositions à Jacques Chirac avant le 31 décembre. La commission devrait être composée de 15 à 20 sages (universitaires, élus, philosophes, enseignants, représentants du monde du travail...), choisis pour leur réflexion et leur engagement personnels sur le thème de la laïcité ou pour leur pratique de terrain. C'est en raison de son parcours personnel que Bernard Stasi, qui fut longtemps une des "bêtes noires" du Front national, a été choisi. Ancien maire d'Epernay (Marne), l'ancien ministre centriste, condisciple de Jacques Chirac à l'ENA, s'est en effet toujours préoccupé des questions liées à l'intégration, à la laïcité, à l'humanisme. Se posant en garant de la cohésion nationale, le chef de l'Etat entend aujourd'hui structurer le débat sur la laïcité que, dans son entourage, on qualifie de "bouillonnant". Jeudi, en installant la commission Stasi, il exposera sa conception de la laïcité, qui représente, selon son entourage, "un cadre d'épanouissement de la liberté individuelle". Fondamentalement opposé à toute dérive communautariste en France, Jacques Chirac définira les missions et le calendrier serré de la commission. Alors que ce débat s'est focalisé sur le port du voile islamique et la nécessité ou non de légiférer, il souhaite que la commission Stasi ne se limite pas à cette question. Les sages devront notamment élargir leurs travaux à l'éducation nationale, au monde du travail, aux services publics, par exemple la question de l’ouverture de créneaux horaires des piscines réservés aux musulmanes à Lille (1). Aujourd'hui, "un certain nombre d'équilibres trouvés en 1989 avec l'arrêt du Conseil d'Etat de 1989 sur le voile ont évolué", souligne-t-on à l'Elysée, et l'affaire divise la classe politique. Début juin, l'Assemblée nationale a créé une "mission d'information sur la question des signes religieux à l'école". Présidée par Jean-Louis Debré, elle doit établir un état des lieux sur le port de signes religieux dans les établissements scolaires et se prononcer sur la nécessité ou non de légiférer en la matière. A sa sortie de l'Elysée, Bernard Stasi a affirmé qu'il ne pouvait "pas répondre à l'avance" à cette question, affirmant qu'il ne fallait "pas se polariser" sur ce problème. Pour le Médiateur, "il ne faut pas donner le sentiment que la République a peur" mais aborder ces questions "avec sérénité". "Il faut, a-t-il dit, garder son sang-froid et sa confiance dans le pays". (1) Dans notre dernière information (01/07) sur ce sujet, nous avons sur la foi d’une dépêche d’agence, donné à M. Decocq, député du Nord, le prénom de Bertrand alors qu’il se prénomme Christian. Nous le prions de nous en excuser.c

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