Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mercredi 15 juin 2016
Sécurité

Terrorisme, hooligans, manifestations : les débats se tendent sur les questions de sécurité

Quatre jours après les très violents affrontements entre supporters à Marseille, au surlendemain de l’assassinat de deux fonctionnaires de police par un terroriste et au lendemain de manifestations contre la loi Travail marquées, à Paris notamment, par un regain de violence, de nombreuses questions ont été posées ces dernières heures sur l’attitude que doivent adopter l’État et les forces de l’ordre.
À l’Assemblée nationale lors des questions au gouvernement, dans la presse, à toutes les tribunes, des personnalités politiques et des responsables syndicaux se sont exprimés pour questionner le gouvernement : certains demandent de nouvelles mesures de protection pour les forces de l’ordre, d’autres, l’interdiction des manifestations de rue tant que dure l’état d’urgence, d’autres encore, des mesures plus drastiques contre les individus fichés pour lien avec des organisations terroristes.
Pour ce qui est de la protection des policiers, après l’assassinat lundi soir du couple de fonctionnaires de Magnanville, une réunion s’est tenue hier au ministère de l’Intérieur, lors de laquelle Bernard Cazeneuve a accédé à la principale demande des syndicats de policiers : il leur sera autorisé, au-delà même de l’état d’urgence, à conserver leur arme sur eux – au volontariat – en dehors des heures de service. Cette autorisation avait déjà été donnée, par arrêté, le 6 janvier dernier, « lorsque l’état d’urgence est déclaré »  (lire Maire info du 7 janvier). Cette disposition n’était valable que pour la police et la gendarmerie nationales.
Autre débat, qui a agité l’Assemblée nationale hier, lors de la séance de questions au gouvernement : le fait que l’assassin de Magnanville, Larossi Abballa, ait été déjà condamné pour des faits liés au terrorisme, qu’il ait fait l’objet d’une fiche S, ait été mis sur écoute téléphonique, et ait pu frapper quand même. Des députés de l’opposition, dont Éric Ciotti, ont demandé que les individus « fichés S »  soient placés dans des centres de rétention. Cette demande a provoqué de sèches mises au point tant du Premier ministre que du ministre de l’Intérieur, qui ont rappelé que les mesures de surveillance sont d’ordre administratif, alors que le placement en rétention ne peut être qu’une décision judiciaire. « La Constitution et la séparation des pouvoirs »  interdisent de mélanger les deux, a rappelé Bernard Cazeneuve sur France 2, hier soir. Quant à Manuel Valls, interrogé sur France inter ce matin, il a affirmé qu’il était prêt « à examiner toute proposition », mais qu’il n’en acceptera « aucune qui remette en cause l’état de droit ». « Je ne veux ni de la peine de mort, ni de Guantanamo », a précisé le Premier ministre. Il a également expliqué que les actions du type de celle commise à Magnanville étaient « les plus difficiles à détecter », et a encore une fois répété : « Je redis que nous sommes en guerre, et que cette guerre sera l’affaire d’une génération. Les Français doivent savoir que d’autres innocents perdront la vie. » 
Dans ce contexte, les violences qui ont émaillé la manifestation parisienne d’hier (73 interpellations, 40 blessés, énormément de mobilier urbain et de vitrines détruits) ont provoqué des réactions particulièrement indignées de toute la classe politique. À l’Assemblée nationale, Bernard Cazeneuve a martelé « qu’il ne supportait plus »  les attaques tant verbales que physiques contre les forces de l’ordre. Et Manuel Valls, ce matin, s’est montré beaucoup plus précis, évoquant pour la première fois la possibilité d’interdire désormais les manifestations. « Cette violence a pris un tour insupportable », a dit le Premier ministre sur France inter. « Ces manifestations ne peuvent plus continuer ainsi. Nous ne pouvons plus avoir dans les semaines qui viennent de telles manifestations dans Paris. »  Interrogé sur la signification de ces propos, Manuel Valls s’est fait plus précis : « Je demande à la CGT de prendre ses responsabilités et de ne plus organiser ces manifestations. Sinon, au cas par cas, le gouvernement prendra ses responsabilités. » 
Alors que les syndicats opposés à la loi Travail ont d’ores et déjà annoncé deux nouvelles manifestations, les 23 et 28 juin, on devrait savoir rapidement ce que décide le gouvernement en la matière.
F.L.

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