Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mercredi 15 janvier 2003
Sécurité

Le ministre de l'Intérieur veut instaurer en France un "sentiment de sécurité".

Nicolas Sarkozy a défendu mardi à l'Assemblée nationale, devant une majorité acquise, son projet de loi sur la sécurité intérieure, en affirmant que son objectif était d'instaurer en France un "sentiment de sécurité". Ce projet, vivement dénoncé par l'opposition comme un texte "liberticide" ou un "formidable leurre", doit être débattu jusqu'au jeudi 23 janvier et fera l'objet d'un vote solennel à l'Assemblée le mardi 28. Fort du "soutien massif des Français" (63% approuvent son projet de loi, selon un récent sondage), M. Sarkozy a réaffirmé que le gouvernement s'était engagé "dans une lutte acharnée, déterminée, pied à pied, contre la délinquance" et qu'il était "déterminé à faire des victimes, de leur sort et du soutien qu'on leur doit" une "absolue priorité". A cet égard, il s'en est pris à "une petite camarilla de spécialistes" qui dénoncent la répression, en proclamant que son "devoir" était de mettre "la sanction, la répression, la punition" au service "des plus faibles, des plus petits, des plus fragiles", qui "votent pour les extrêmes parce qu'on les a abandonnés". Défendant chaque mesure de son projet de loi, qui cible principalement la prostitution, la mendicité agressive, les occupations illégales de terrains par les gens du voyage ou les regroupements dans les halls d'immeubles, M. Sarkozy a aussi tenu à accorder une large place de son intervention à la prévention. Déclarant que la répression est "nécessaire pour dissuader de la violence" mais que la prévention l'est pour "détourner de la violence", il a annoncé "une politique nouvelle et ambitieuse" dans ce domaine. Il a précisé qu'il annoncerait "dans les toutes prochaines semaines, des objectifs, des moyens, un calendrier" et qu'il proposera "un système d'évaluation". Le ministre a également annoncé la création prochaine d'un observatoire de la délinquance au sein de l'Institut des hautes études de la sécurité intérieure (IHESI), afin que les chiffres de la délinquance ne soient plus contestés, ainsi que le doublement des effectifs de lutte contre "les grands réseaux de proxénétisme. Au terme d'un discours de plus d'une heure, M. Sarkozy a, une nouvelle fois, été ovationné par les députés de la majorité, debout dans l'hémicycle. Pour le rapporteur du texte, Christian Estrosi (UMP), la politique du ministre de l'Intérieur "se caractérise, avant tout, par le souci permanent de l'équilibre entre humanisme et répression". Le groupe UDF a également annoncé mardi qu'il votera ce texte qu'il juge "pragmatique et humain". En revanche, la gauche, qui a souvent dénoncé une déclaration de "guerre aux pauvres", s'en est encore vivement prise à ce texte qui, selon Bruno Le Roux (PS), constitue un "formidable leurre". Défendant une motion de procédure en fin d'après-midi, il a évoqué "un texte peu utile, souvent dangereux et inopérant", tout en se déclarant prêt à participer à l'amélioration du texte sur certains points lors de leur discussion. "D'autres propositions sont possibles", a affirmé le député de Seine-Saint-Denis, en prônant "une politique de la jeunesse ambitieuse", la création de "véritables Maisons des jeunes du XXIème siècle" et, en matière de répression, "une sanction ou une mesure adaptée à chaque situation". De son côté, André Gerin (PCF), qui devait défendre dans la soirée une autre motion de procédure, qualifiait, juste avant l'ouverture des débats, ce texte de "manichéen, dangereux, liberticide" et de "menace pour la République". c=http://www.dataj

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