Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du lundi 7 avril 2014
Elections municipales

Les maires de la diversité toujours peu nombreux

Avec quatre maires élus dans des villes de plus de 30 000 habitants, l'accession des minorités visibles à la tête des municipalités reste marginale. « Il n'y a toujours pas de raz-de-marée, mais on a de premiers grands élus », souligne le chercheur Gilles Kepel, professeur à Sciences Po.
La députée socialiste Hélène Geoffroy, d'origine guadeloupéenne, devient ainsi maire de Vaulx-en-Velin dans le Rhône (43 000 habitants) tandis que le communiste Azzedine Taïbi, d'origine algérienne, devient celui de Stains en Seine-Saint-Denis (35 000 habitants). Réélue, l'ancienne ministre UMP Rachida Dati garde le 7 e arrondissement de Paris et ses 58 000 administrés tandis que la sénatrice PS Samia Ghali est réélue maire du 8e secteur de Marseille (100 000 habitants).
Plus symbolique est la victoire de Marieme Tamata-Varin (sans étiquette) dans la commune de Yèbles en Seine-et-Marne (700 habitants). D'origine mauritanienne, elle est à la fois femme, noire et musulmane, une première.
« Ces candidats, les partis ne peuvent plus s'en passer, car ils représentent un réservoir électoral », ajoute Gilles Kepel, qui décrit une progression depuis les émeutes urbaines de 2005.
De nombreux jeunes de banlieues s'étaient alors inscrits sur les listes électorales pour tenter de faire barrage à Nicolas Sarkozy, rappelle-t-il. Et aux municipales de 2008, « ils sont entrés sur les listes dans les cités populaires, notamment parce que les maires vivaient dans la hantise du renouvellement des émeutes : c'était important pour eux d'avoir des relais ». Dans les villes de plus de 9 000 habitants, les conseillers municipaux d'origine extra-européenne étaient alors passés de 1 069 à 2 343 (soit 6,68% du total des élus), selon une étude pour le Haut conseil à l'Intégration (HCI).
Sans en faire de publicité, les partis avaient investi plusieurs candidats « de la diversité »  pour ces dernières élections municipales. En Essonne, deux maires PS avaient même cédé leur fauteuil à des femmes d'origine tunisienne en amont du scrutin pour leur faciliter la tâche (Sonia Dahou aux Ullis et Rafika Rezgui à Chilly-Mazarin).
Mais la vague bleue a eu raison de certains candidats alors que d’autres ont souffert des déchirements internes à la gauche, comme Sonia Dahou, le maire sortant de Vernon, dans l’Eure, Philippe N'Guyen Thanh, ou le député PS Razzy Hammadi, éliminé au premier tour à Montreuil en Seine-Saint-Denis. Finalement ce sont les maires sortants des petites communes, souvent sans étiquette, qui s'en sont le mieux sortis : Blaise Diagne à Lourmarin, dans le Var, ou encore Xavier Cadoret, à Saint-Gérand-le-Puy dans l’Allier (1 000 habitants).
Et dans ces communes, parfois rurales, la victoire ne tient pas à la couleur de la peau, assure Mohand Hamoumou, fils de harki, réélu à Volvic dans le Puy-de-Dôme(4 600 habitants) dès le premier tour. Sa victoire, il la doit « à son programme et à ses idées, dit-il. Ce n'est pas parce que je suis issu de la diversité »  (Afp).

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