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Édition du lundi 23 octobre 2023
Mobilité durable

L'autorisation de franchir un feu rouge pour les cyclistes ne « dégrade pas la sécurité », selon le Cerema

Le Cerema a mené une étude en partenariat avec la Métropole de Lyon sur les effets de la réglementation permettant aux cyclistes de franchir un feu rouge en cédant la priorité. Conclusion : « Aucun accident directement imputable à la signalisation n'a été observé ». 

Par Franck Lemarc

Cela fait une dizaine d’années que les cyclistes sont autorisés, à condition de respecter les règles de priorité, à franchir un feu rouge à une intersection, si la signalisation les y autorise. De nouveaux dispositifs de signalisation ont été créés pour cela : le panonceau M12, placé sous le feu, qui transforme pour les cyclistes le feu en cédez-le-passage. Et – moins connu – le signal R19, composé d’un feu jaune clignotant muni d'un pictogramme cycle et d'une flèche indiquant la direction concernée. 

Vidéos et entretiens

En l’absence d’enquête nationale sur les effets de ces nouvelles règles, le Cerema a décidé de mener une évaluation avec la Métropole de Lyon, en étudiant pendant plusieurs mois le comportement des usagers sur 10 intersections de la métropole – dont certaines impliquent des tramways. Lyon a été choisie parce que c’est l’une des agglomérations qui a le plus développé la pose de cette signalétique spécifique – presque la moitié de ses feux tricolores en sont dotés. 

Rappelons-le : le franchissement du feu rouge n’est pas, comme on le croit souvent, de droit pour les cyclistes, même s’il existe une grande tolérance. Mais en théorie, elle n’est possible qu’en présence d’un panonceau ou d’un signal R19. Par ailleurs, contrairement à ce que pensent un certain nombre de cyclistes, la présence d’une signalisation ne transforme par un feu rouge en feu vert ! Le franchissement du feu rouge n’est possible qu’après s’être assuré de céder le passage aux véhicules comme aux piétons. 

Le Cerema a étudié les images de vidéosurveillance d’une dizaine de carrefours, avant et après la pose de la signalétique, en se concentrant sur les heures de pointe « pour observer un maximum de comportements, caractériser les franchissements au rouge (autorisés ou non) et les interactions entre usagers ». Cette étude a été complétée d’une enquête auprès des cyclistes « pour mesurer leur niveau de détection de la signalisation et sa compréhension ». Le Cerema a réalisé quelque 680 entretiens et visionné des centaines d’heures de vidéos et vient d’en rendre publiques les conclusions

Le R19 plus efficace

Premier constat : la signalisation est « faiblement détectée » : seulement un cycliste sur deux déclare avoir repéré le panonceau au moment du franchissement d’un carrefour, et 40 % des cyclistes ne connaissent pas la signification complète de la signalisation. D’où un enjeu « de communication et de formation des usagers », conclut le Cerema. 

Pour ce qui concerne le panonceau M12, il est en réalité à peu près sans effet : le Cerema a constaté qu’avant et après la pose du panonceau, il n’y a pas plus de franchissement, ni moins : ceux qui franchissaient déjà le feu avant continuent de le faire, et ceux qui ne le faisaient pas continuent de ne pas le faire. Il semble donc, conclut le Cerema, que « la mise en place des panonceaux vient régulariser des franchissements au rouge déjà existants sans modification des comportements ». 

En revanche, le feu R19 est plus efficace : son installation fait augmenter le nombre de franchissements par les cyclistes, « sans qu’une évolution des franchissements illicites dans les directions non autorisées ne soit constatée ». Le Cerema estime donc qu’une « plus grande utilisation de ce dispositif », encore très marginal, soit « pertinente pour fluidifier le trafic cyclable ». 

Le Cerema n’a pas constaté d’augmentation de l’accidentologie après l’installation de la signalisation. Il note cependant que ce constat pourrait évoluer avec une augmentation de la part modale du vélo. « Il paraît donc souhaitable de maintenir une veille afin d’ajuster la signalisation en fonction des futurs flux et aménagements. » 

Il est à signaler quand les derniers chiffres de la sécurité routière, pour l’année 2022, donnent un éclairage intéressant permettant de répondre à tous ceux qui perçoivent les cyclistes comme « dangereux »  pour les piétons : sur l’ensemble des piétons tués en 2022 dans un accident de voirie, 99,8 % d’entre eux l’ont été par un véhicule motorisé (voiture, camion, moto…) : autrement dit, seulement un des 537 piétons tués en 2022 l’a été par un vélo. 

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