Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du lundi 3 avril 2017
Énergies renouvelables

Pour l'Anses, pas d'effet démontré du bruit des éoliennes sur la santé

L’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a rendu jeudi dernier les conclusions d’une vaste étude sur l’impact éventuel du bruit des éoliennes sur la santé. Verdict : aucun impact direct sur la santé n’a pu être mis en évidence, mais il existe bien une gêne acoustique liée aux éoliennes. Pour l’Anses, il faut principalement améliorer l’information des riverains en amont.
Une large partie de l’étude a été consacrée à l’effet des sons de basse fréquence (entre 20 et 200 Hz) et des infrasons (inférieurs à 20 Hz). Elle a été diligentée en 2013 suite à des plaintes de riverains et a été dirigée dans deux directions : d’une part, une campagne de mesures autour d’éoliennes de toutes configurations, en prenant en compte « toutes les classes de vent possibles »  et à des distances variées ; et d’autre part une « revue des connaissances »  sur les possibles effets des sons de basse fréquence sur la santé.
L’Anses insiste dans son rapport sur la difficulté de mesurer les infrasons : étalonnage des instruments compliqué, normes techniques trop variées… En tout état de cause, il ressort de l’étude qu'à l’intérieur des habitations – qui ne peuvent se trouver à moins de 500 m d’une éolienne, comme l’a imposé la loi de transition énergétique – les infrasons produits par les machines ne sont pas audibles.
Par ailleurs, l’Anses s’est penchée sur les nombreuses publications, sites internet, etc., faisant état d’un syndrome appelé VAD (vibroacoustic desease), censé être provoqué par les infrasons et provoquer toutes sortes de maladies allant de fibroses à des atteintes du système immunitaire. Pour l’Anses, la littérature évoquant le VAD ne repose « sur aucune base scientifique sérieuse ».
Il existe pourtant bien, constate l’Agence, une gêne chez certains riverains des éoliennes, qui font état de symptômes bien réels : acouphènes, troubles du sommeil, stress. L’Agence évoque la possibilité d’un effet dit « nocebo », c’est-à-dire des symptômes ressentis par un sujet face à une situation « vécue comme négative »  – autrement dit, une réaction psychosomatique.
Il n’y a donc pas, en l’état actuel des connaissances, de conséquences directes sur la santé du bruit des éoliennes : « À l’heure actuelle, conclut l’Anses, le seul effet observé par les études épidémiologiques est la gêne due au bruit audible des éoliennes », ce qui n'est évidemment pas anodin.
L’Agence recommande donc d’améliorer l’information des riverains en leur transmettant très en amont (« avant l’enquête publique » ) des éléments d’information sur le bruit et surtout « d’étendre le périmètre d’information et de consultation à l’ensemble des riverains potentiellement impactés par le projet ». (Rappelons à ce sujet que l'AMF, dans son récent Manifeste à l'attention des candidats à la présidentielle, demande que soit rétablie « la nécessité de l’accord préalable des communes pour la délivrance des autorisations concernant les énergies renouvelables ».)
L'Anses suggère également de répondre aux « très nombreuses informations contradictoires »  et souvent « anxiogènes »  qui circulent sur internet, en créant un site dédié officiel « mettant à disposition du public un état des connaissances régulièrement actualisé ».
L’agence ne considère pas cependant que ces conclusions mettent fin à tout débat : elle préconise de poursuivre les recherches sur les conséquences possibles des basses fréquences sur la santé, de lancer une grande étude épidémiologique parmi les riverains des éoliennes et de davantage contrôler les émissions sonores de ces machines : un contrôle « systématique et continu »  devrait être mis en place, « à la charge de l’exploitant », de façon à ce que des actions puissent être engagées (« amendes, arrêt forcé » ) en cas de dépassement des valeurs limites réglementaires.
F.L.
Télécharger l’étude de l’Anses.

Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2