Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du lundi 26 janvier 2004
Immigration

Le Haut conseil à l'Intégration (HCI) recommande une ouverture à la diversité culturelle, à condition qu'"aucune pratique ou tradition ne porte atteinte aux droits fondamentaux de la personne"

Le Haut conseil à l'Intégration (HCI) plaide dans son rapport 2003 rendu public ce lundi pour une "intégration civique", recommandant une ouverture à la diversité culturelle, à condition qu'"aucune pratique ou tradition ne porte atteinte aux droits fondamentaux de la personne". Le Haut conseil souhaite une politique de l'intégration plus "positive", soucieuse de reconnaître les mérites individuels, mais rappelle son opposition à une "discrimination positive". "Le terme de +mobilisation positive+ nous convient davantage", affirme à l'AFP la philosophe Blandine Kriegel, présidente du HCI. Selon elle, "il faut sortir d'une logique de culpabilisation, des immigrés eux-mêmes ou de la société française". Si le HCI n'a pas abordé la question du port du voile islamique dans son rapport, ses membres se sont attachés à fixer des limites, rappelant la "prééminence des droits de l'Homme et la dignité de la personne". Rejeté par beaucoup, et notamment par les personnes issues de l'immigration elles-mêmes, le mot intégration est remis en valeur, en l'enrichissant des notions de civisme et de "contrat social". Entre les communautaristes, "qui s'insurgent contre l'oubli des identités et des valeurs d'origine", et les défenseurs de l'assimilation, "qui signifie l'uniformisation des moeurs", le Haut conseil défend l'intégration civique. "On a développé dans notre rapport ce que pourrait être une vraie politique d'intégration conforme à la tradition républicaine de fermeté, mais aussi de générosité dans l'accueil", dit Blandine Kriegel. Une partie importante du rapport est consacrée à la mise en oeuvre du contrat d'accueil et d'intégration proposé désormais à tout nouvel arrivant et qui, selon le HCI, illustre ce "contrat social" qu'il veut généraliser. 87% des primo-arrivants à qui le contrat a été proposé l'ont signé, mais des améliorations sont nécessaires : meilleure place aux traducteurs, participation d'enseignants, élargissement des formations aux populations immigrées plus anciennes. Le HCI propose surtout de corriger le volet "formation civique", obligatoire. La première version, souligne Blandine Kriegel, "était dans une logique de culpabilité, on faisait un mélange mal cadré de traditions, de valeurs, des notions toutes discutables". Estimant qu'il "ne fallait pas confondre les moeurs et le droit, la morale et la loi", le Haut Conseil propose de s'en tenir à une explication très pédagogique de la constitution. Il joint à son rapport un livret destiné aux formateurs, très complet, en langage simple, avec photos et illustrations, qui décline les "incontournables" : histoire, lois, droits de l'Homme, droits sociaux, mais aussi des notions comme la laïcité, l'égalité homme-femme, ou des symboles comme le coq gaulois. Le rapport reprend aussi deux avis remis en juillet au Premier ministre, en les actualisant. Le premier a trait à la promotion sociale des jeunes issus des quartiers sensibles. Deux catégories de jeunes sont "oubliés", les 12-16 ans et les diplômés de l'enseignement supérieur. Le HCI "incite" l'Education nationale à généraliser des expériences d'apprentissage, en lien avec les entreprises, pour les 12-16 ans, à multiplier les stages à la découverte des métiers, à revoir l'orientation. Il propose, pour promouvoir les réussites, l'organisation d'un "Forum de la réussite pour les Français venus de loin". Le second avis concerne les femmes et propose de lutter contre les répudiations, excisions, mariages forcés, polygamie et traite des femmes.

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