Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du lundi 13 décembre 2004
Immigration

Corse: coup d'envoi de la "semaine de la Fraternité" contre le racisme

Une "semaine de la Fraternité" s'est ouverte lundi en Corse, en direction principalement des élèves des 53 collèges et lycées de l'île, récemment secouée par une recrudescence d'actes racistes parfois violents. Chaque collège et lycée, mais aussi de nombreuses maternelles et écoles primaires, tout comme l'université de Corte, ont prévu des manifestations pour promouvoir la "tolérance". Conférences, reportages, débats dans les médias locaux, concerts dans un foyer Sonacotra, "marathon" musical avec des groupes de polyphonies corses, travaux pratiques sur l'Afrique dans une maternelle, repas de la fraternité, brassards de la "Tolérance" sur tous les stades de foot, sont au programme jusqu'à dimanche. L'idée de cette manifestation est née au printemps à la préfecture de Corse, après une série de violences contre des Maghrébins. Une quarantaine d'actes racistes ont été dénombrés dans l'île depuis le début de l'année, selon la préfecture: Croix gammées accompagnées d'inscriptions "les Arabes dehors", attentats contre des bâtiments appartenant à des familles d'origine étrangère, jusqu'à l'apparition en mars 2004 d'un groupe clandestin inconnu, I Clandestini Corsi, qui annonce son intention de "s'attaquer aux communautés extérieures vivant sur l'île" pour "stopper l'immigration qui ronge l'île depuis trop d'années déjà". Ce groupuscule a revendiqué, depuis, sept attentats anti-maghrébins en Corse. Parallèlement à l'enquête policière aboutissant à la mise en examen de 14 membres présumés de Clandestini Corsi, dont 12 ont été écroués, des condamnations de principe et quelques manifestations ont répondu aux violences. Dans le cadre de l'année de la fraternité décrétée "grande cause nationale 2004" par le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, la manifestation financée à 80% par le budget régional de l'Education nationale, est placée sous l'emblème d'un logo affichant la silhouette de la Corse sur un fond aux couleurs arc-en-ciel, et proclamant: "Corsica Fraterna", la Corse fraternelle. "Dès que nous avons lancé l'idée, nous avons été submergés d'appels, du simple particulier dans son village à des associations ou des artistes", a déclaré Hervé Ettori, directeur du Centre régional de documentation pédagogique (CRDP) de Corse chargé par la préfecture de "piloter" l'opération. "J'ai très vite été dépassé par le mouvement! On a touché la majorité silencieuse qui, jusqu'alors, n'avait pas pensé que c'était la peine de dire qu'elle n'était pas xénophobe", poursuit-il. Au plus fort de la mobilisation anti-raciste dans l'île, le 23 octobre, quelque 2.000 personnes avaient manifesté à Ajaccio contre les violences visant des Maghrébins. Cette semaine de la Fraternité "ne changera rien par elle-même, elle montrera simplement que la Corse peut se mobiliser contre la xénophobie. Il faudra ensuite traduire cela dans la vie de tous les jours, et dans la durée", avertit toutefois le préfet, dans un entretien publié par le quotidien Corse-Matin, étroitement associé à l'opération.

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