Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du jeudi 30 juillet 2015
Immigration

À Calais, la maire demande à l'État une « indemnisation »

Le ministère de l’Intérieur a annoncé hier l’envoi de 120 policiers supplémentaires à Calais, où la situation reste dramatique, avec encore un mort, dans la nuit de mardi à mercredi. L’entrée du tunnel sous la Manche est le théâtre de ces drames, avec des centaines de migrants qui tentent de passer à tout prix en Grande-Bretagne.
Ce n’est hélas pas une nouveauté, mais il semble que le bilan s’alourdisse : si sur toute l’année 2014, seize migrants ont perdu la vie sur le site Eurotunnel, il y a eu neuf morts en deux mois seulement, juin et juillet, cette année. Sans compter ceux qui risquent leur vie ailleurs – comme ce jeune migrant électrocuté hier à la Gare du Nord, à Paris, par une caténaire en tentant de monter sur le toit d’un Eurostar ; ni les centaines de blessés – Médecins du monde parle, à Calais, de 800 blessés venus se faire soigner en un mois, beaucoup ayant tenté de sauter dans des navettes en marche.
On a beaucoup entendu ces derniers jours les chiffres donnés par l’entreprise Eurotunnel, qui parle de « 1 500 à 2 000 intrusions par nuit »  sur le site du tunnel, ce qui laisse croire à un afflux de milliers de clandestins. En réalité, comme la maire de Calais elle-même, Natacha Bouchart, l’explique sur toutes les antennes, il y a au plus « 150 ou 200 migrants »  qui tentent de passer chaque nuit, « plusieurs fois », d’où le chiffre donné par Eurotunnel. D’après les témoignages des associations comme de la municipalité, il n’y a pas forcément plus de migrants qu’avant, au total, qui tentent de passer en Grande-Bretagne, mais les travaux de sécurisation récemment menés sur le port de Calais ont amené les clandestins à se reporter sur le site Eurotunnel, avec des risques accrus. Il y aurait, en tout, quelque 3 000 migrants dans la région du Calaisis, installés dans des conditions déplorables malgré les efforts menés par les associations pour tenter de les aider à vivre dignement.
Dans un département et une commune déjà particulièrement touchés par le chômage et la pauvreté (un récent rapport souligne que le revenu annuel médian des moins de 30 ans à Calais « dépasse difficilement les 9 000 euros » ), la situation créée par cet afflux de migrants est évidemment très difficile à gérer pour la collectivité (sur ce rapport, lire Maire info du 2 juillet). Hier, la maire (LR) de Calais a demandé « une compensation financière »  à l’État, de 50 millions d’euros, eu égard à « la dégradation économique du territoire »  qui subit cette situation « depuis quinze ans ». Natacha Bouchart estime que les renforts de police accordés hier ne suffiront pas, les policiers étant « démunis et impuissants ». La maire de Calais, au-delà des mesures d’indemnisation, souhaite surtout une réponse politique, en demandant l’organisation d’un « sommet franco-britannique »  en présence de tous les acteurs (port de Calais, Eurotunnel et mairie de Calais).
Hasard du calendrier, c’est dans ce contexte où la question des migrants fait la une de l’actualité que la loi sur la réforme du droit d’asile est publiée au Journal officiel d’aujourd’hui. Elle vise notamment à raccourcir les délais d’instruction des dossiers de demande d’asile et à améliorer les conditions d’accueil des réfugiés, en créant davantage de places d’hébergement sur tout le territoire (lire Maire info du 16 juillet).
F.L.

Télécharger la loi relative à la réforme du droit d’asile.

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