Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du mercredi 7 avril 2010
Fonction publique

Réforme des retraites: le gouvernement face au casse-tête de la fonction publique

La concertation avec les partenaires sociaux en vue de la réforme des retraites démarre lundi prochain. Le ministre du Travail, Eric Woerth, recevra ce jour-là les cinq syndicats représentatifs de salariés (1). Il s'agira, selon "Les Echos" (6/4), de réunions bilatérales pour préparer le «rendez-vous sur les retraites» voulu par Nicolas Sarkozy. «Au cours de cette réunion, nous aborderons plus spécifiquement les objectifs de ce rendez-vous et la méthode qu'il convient de retenir», a précisé le ministre dans une lettre envoyée aux partenaires sociaux. Les questions de fond ne seront donc pas au centre des rencontres. Le gouvernement attend la publication des projections financières du Conseil d'orientation des retraites, le 14 avril. Eric Woerth rappelle seulement que «l'ensemble des pistes possibles de réforme» seront examinées et qu'elles «concerneront tant le secteur public que le secteur privé». Sur ce dernier point, il semble que les intentions de l'exécutif aient évolué. Cet hiver, François Fillon avait indiqué que le mode de calcul des pensions dans la fonction publique était visé. Celles-ci sont calculées de façon plus avantageuse que celles du secteur privé, au moins en théorie. Elles tiennent compte des six derniers mois de salaire, au lieu des 25 meilleures années dans le privé. Mais elles n'intègrent pas les primes, qui sont importantes dans certaines administrations. Dans un souci d'«équité», les modes de calcul seraient progressivement rapprochés, argumentait alors le Premier ministre. Même si un document interne de Bercy chiffre entre 15 et 20 milliards d'euros chaque année les besoins pour payer les retraites des fonctionnaires, cette piste n'est désormais plus au centre de la réflexion. «Le rapprochement des modes de calcul serait très compliqué, explique au quotidien économique une source gouvernementale. Cela impliquerait de revoir le système de rémunération de la fonction publique et, au final, cela pourrait coûter aussi cher que les économies réalisées !» Ce raisonnement est partagé par Henri Sterdyniak, économiste à l'OFCE, qui estime que le niveau des pensions n'est pas si différent dans les deux régimes. Autre argument qui milite contre cette piste de réforme, ce serait le meilleur moyen de mettre les syndicats de fonctionnaires dans la rue. Le gouvernement veut en tout cas mettre l'accent sur le recul de l'âge légal de la retraite, fixé à 60 ans depuis 1982. Selon lui, le faire passer à 62 ans permettrait de faire des économies rapidement, alors que les effets de l'allongement de la durée de cotisation - autre piste envisagée - ne joueront qu'à plus long terme. «Nous savons qu'aujourd'hui 72% des hommes et plus de 60% des femmes disposent de la durée nécessaire pour liquider leur retraite à 60 ans, voire avant», expliquait récemment devant les députés Pierre Mayeur, le directeur de la Caisse nationale d'assurance-vieillesse. «A court terme, c'est-à-dire d'ici à 2020-2025, c'est le recul de l'âge légal de départ qui est le plus efficace, dans la mesure où vont d'ici là partir à la retraite des personnes généralement entrées encore tôt dans la vie active.» «L'exécutif est convaincu que le relèvement de l'âge légal aura un effet positif sur l'emploi des seniors. Enfin, ce serait un signal fort envoyé à Bruxelles», conclut le quotidien. (1) CGT, CFDT, FO, CFTC et CGC ainsi que les trois organisations patronales (Medef, CGPME et UPA).

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