Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du jeudi 22 mars 2018
Fonction publique

Grève dans la fonction publique territoriale : les raisons du mécontentement

Toute la fonction publique est touchée aujourd’hui par une grève à l’appel de sept syndicats de fonctionnaires sur neuf. Cette journée de grève s’annonce comme la plus importante depuis celle du 10 octobre dernier – lors de laquelle près de 10 % des agents de la fonction publique territoriale avaient fait grève, selon les chiffres du ministère.
Outre la grève des cheminots contre les projets de réforme de la SNCF (plutôt suivie avec moins d’un TGV sur deux et 50 % des TER en circulation ce matin) les agents des trois versants de la fonction publique sont appelés à cesser le travail aujourd’hui. Les personnels des Ehpad sont également appelés à la grève, ainsi que les contrôleurs aériens.
Plus de 180 manifestations sont prévues dans tout le pays.
Dans la fonction publique, les revendications sont en partie les mêmes que le 10 octobre : le dégel du point d’indice, la suppression du jour de carence, le refus de la suppression annoncée de 120 000 postes – dont la fonction publique territoriale ferait le plus gros des frais, avec un objectif visé de 70 000 suppressions de postes.
Il s’y ajoute, désormais, les inquiétudes sur les projets de réforme de la fonction publique annoncés par le gouvernement le 1er février dernier. Une concertation doit démarrer – probablement le 29 mars prochain – autour de quatre axes : la « simplification des instances de dialogue social », un recours accru aux contractuels, l’instauration d’une part de rémunération au mérite et la possibilité d’avoir recours aux plans de départs volontaires. La concertation doit durer jusqu’en octobre, a précisé hier le secrétaire d’État Olivier Dussopt, pour aboutir à des mesures « législatives ou réglementaires »  début 2019.
Parmi les autres sujets de mécontentement des agents, on peut également citer la compensation de la hausse de la CSG jugée « insuffisante »  et des conditions de travail qui « se dégradent »  suite aux baisses des dotations de l’État aux collectivités ces dernières années. Les collectivités ont de moins en moins de moyens pour embaucher –les effectifs de la fonction publique territoriale sont en baisse – et beaucoup d’agents estiment en ressentir les effets sur les leurs propres conditions de travail. C’est notamment la fin des emplois aidés qui a accéléré cette tendance. Et la pression que souhaite mettre le gouvernement sur la maîtrise des budgets de fonctionnement, qui doivent rester à partir de cette année sous les 1,2 % d’augmentation inflation comprise, ne risque pas d’arranger les choses.
Les sujets de crispation sont donc nombreux, ce qui explique que cet appel à la grève semble bien suivi dans la fonction publique territoriale. Selon des données collectées hier, de nombreuses villes verront les services municipaux très perturbés. En Bretagne, par exemple, 56 écoles de Rennes sur 83 sont touchées par le mouvement, et la restauration scolaire n’est pas assurée dans la plupart des écoles de Lorient. Même situation dans le Grand Est, à Strasbourg, où la restauration scolaire ne sera assurée dans aucune école. En Île-de-France, le mouvement s’annonce particulièrement bien suivi dans plusieurs communes de Seine-Saint-Denis, comme Saint-Denis, Montreuil ou Saint-Ouen, où écoles, crèches, cantines et accueils périscolaires seront très perturbés, ou encore dans le Val-de-Marne, où c’est la cuisine centrale de l’ensemble de l’intercommunalité Grand Paris Sud-est qui sera fermée.
Plus au sud, à Saint-Étienne, une seule crèche sur les onze que compte la ville sera ouverte ; à Albi, les médiathèques et la collecte des ordures seront perturbées. À Toulouse, 18 groupes scolaires sont fermés.
Pour ce qui est de l’Éducation nationale, le ministère annonçait hier une mobilisation « limitée ». Elle semble surtout très variable selon les départements, avec une mobilisation allant de 20 % des enseignants en grève en Dordogne ou dans la Vienne à 55 % en Seine-Saint-Denis ou dans les Pyrénées-Orientales.
F.L.

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