Édition du mardi 20 février 2018
Loups : un plan d'actions qui ne satisfait personne
Le gouvernement a dévoilé d’un coup, entre hier et aujourd’hui, les éléments de sa politique vis-à-vis de la question du loup : hier, c’était la publication du « PNA 2018-2023 » (le plan national d’action) sur « le loup et les activités d’élevage ». Ce matin, au Journal officiel, sont sortis deux arrêtés sur le nombre maximum de loups qui peuvent être abattus et les éventuelles dérogations.
Sur cette question extrêmement tendue notamment dans les territoires de montagne, où s’affrontent depuis des années défenseurs du loup et éleveurs, le gouvernement n’a semble-t-il pas réussi à faire le consensus : le plan loup révélé hier a mécontenté les uns et les autres.
Depuis plusieurs années que l’État a diligenté une politique volontariste de réintroduction du loup en France, au nom de la biodiversité, la population lupine a sensiblement augmenté, et continue de le faire : selon le PNA publié hier, la présence du loup concernait « 515 communes dans 25 départements » en 2016, elle en concerne à présent « 846 communes dans 33 départements ». Il y aurait, selon ce document toujours, entre 265 et 402 loups en France aujourd’hui.
Le problème, pour les éleveurs, est que l’augmentation du nombre de loups provoque mécaniquement une augmentation du nombre d’attaques contre les troupeaux, en particulier de moutons. Ce sont quelque 12 000 ovins qui ont été tués en 2017, ce qui représente souvent un véritable drame pour les éleveurs, dont certains ont vu des troupeaux entiers se faire décimer. De nombreux maires sont confrontés à la détresse des éleveurs de leur commune, et certains en ont d’ailleurs témoigné en novembre dernier, lors du Congrès des maires, demandant à l’État de prendre en compte les difficultés des éleveurs.
C’est l’objectif que se donne, du moins sur le papier, le PNA : « Assurer la conservation des loups et prendre en compte la détresse des éleveurs ». Côté conservation, l’objectif de développement du loup est fixé à 500 individus d’ici la fin du quinquennat. Côté protection des troupeaux, le nombre maximal de « destructions » (c’est-à-dire d’abattage) a été fixé à 40 pour l’ensemble de l’année 2018, puis « 10 à 12 % de la population lupine par an » ensuite.
Comme c’était déjà le cas avant, deux types de tirs sont prévus : le tir de défense, qui permet de tuer un loup qui se prépare à attaquer un troupeau ; et le tir de prélèvement. Il s’agit dans ce cas d’une mesure décidée par arrêté préfectoral, visant à faire diminuer la population de loups sur un territoire donné après qu’il eut été constaté « des dommages importants dans les élevages ayant mis en œuvre des tirs de défense », précise l’un des deux arrêtés publiés ce matin. Les tirs de prélèvements sont opérés, en général, par des agents de l’ONCFS (Office national de la chasse et de la faune sauvage) ou des lieutenants de louvèterie. Ils ne peuvent être opérés par des chasseurs que s’ils ont suivi une formation spéciale auprès de l’ONCFS.
Une autre mesure, contenue dans le PNA, est très mal reçue par le monde des éleveurs : les indemnisations suite à l’attaque d’un troupeau vont désormais être conditionnées à la mise en place de mesures de protection. Autrement dit, un éleveur qui n’aura pas mis en place de « parade » aux attaques de loups ne sera pas indemnisé.
Les mesures annoncées ont été dénoncées par les deux camps, avec des arguments totalement irréconciliables : les associations de défense de la nature ne peuvent se satisfaire du plafond de 40 loups tués, dans la mesure où elles réclament l’interdiction des tirs de destruction ; et les éleveurs ne s’en satisfont pas davantage, puisqu’ils demandent, à l’inverse, la suppression de tout plafond. Les ONG environnementales dénoncent ce matin un plan inacceptable puisqu’il « continue de considérer le loup comme un nuisible » ; pendant que la FNSEA dénonce un plan « irresponsable », dans la mesure où « l’État fait le choix de l’ensauvagement des territoires au détriment des activités humaines. »
Du côté des élus, la seule réaction est venue hier de l’Association des maires de la Drôme, particulièrement concernée par le problème et extrêmement déçue de ce plan. Dans un communiqué, le président de l’association, Michel Grégoire, dénonce « une évolution dramatique pour nos communes pastorales ». Rappelant que « 110 délibérations » ont été prises par les communes de la Drôme pour « alerter les pouvoirs publics de la gravité de la situation », l’association estime n’avoir « pas été entendue » et dénonce « le mépris des instances nationales et parisiennes (qui) font fi de l’avenir de nos territoires qu’ils considèrent comme des terrains de jeux sans avenir économique ». Elle conclut avec beaucoup d’amertume : « Dans quelques années, on ira voir les agneaux dans les écomusées et les éleveurs au musée Grévin. »
Télécharger le premier et le second arrêté sur les destructions.
Sur cette question extrêmement tendue notamment dans les territoires de montagne, où s’affrontent depuis des années défenseurs du loup et éleveurs, le gouvernement n’a semble-t-il pas réussi à faire le consensus : le plan loup révélé hier a mécontenté les uns et les autres.
Depuis plusieurs années que l’État a diligenté une politique volontariste de réintroduction du loup en France, au nom de la biodiversité, la population lupine a sensiblement augmenté, et continue de le faire : selon le PNA publié hier, la présence du loup concernait « 515 communes dans 25 départements » en 2016, elle en concerne à présent « 846 communes dans 33 départements ». Il y aurait, selon ce document toujours, entre 265 et 402 loups en France aujourd’hui.
Le problème, pour les éleveurs, est que l’augmentation du nombre de loups provoque mécaniquement une augmentation du nombre d’attaques contre les troupeaux, en particulier de moutons. Ce sont quelque 12 000 ovins qui ont été tués en 2017, ce qui représente souvent un véritable drame pour les éleveurs, dont certains ont vu des troupeaux entiers se faire décimer. De nombreux maires sont confrontés à la détresse des éleveurs de leur commune, et certains en ont d’ailleurs témoigné en novembre dernier, lors du Congrès des maires, demandant à l’État de prendre en compte les difficultés des éleveurs.
C’est l’objectif que se donne, du moins sur le papier, le PNA : « Assurer la conservation des loups et prendre en compte la détresse des éleveurs ». Côté conservation, l’objectif de développement du loup est fixé à 500 individus d’ici la fin du quinquennat. Côté protection des troupeaux, le nombre maximal de « destructions » (c’est-à-dire d’abattage) a été fixé à 40 pour l’ensemble de l’année 2018, puis « 10 à 12 % de la population lupine par an » ensuite.
Comme c’était déjà le cas avant, deux types de tirs sont prévus : le tir de défense, qui permet de tuer un loup qui se prépare à attaquer un troupeau ; et le tir de prélèvement. Il s’agit dans ce cas d’une mesure décidée par arrêté préfectoral, visant à faire diminuer la population de loups sur un territoire donné après qu’il eut été constaté « des dommages importants dans les élevages ayant mis en œuvre des tirs de défense », précise l’un des deux arrêtés publiés ce matin. Les tirs de prélèvements sont opérés, en général, par des agents de l’ONCFS (Office national de la chasse et de la faune sauvage) ou des lieutenants de louvèterie. Ils ne peuvent être opérés par des chasseurs que s’ils ont suivi une formation spéciale auprès de l’ONCFS.
Une autre mesure, contenue dans le PNA, est très mal reçue par le monde des éleveurs : les indemnisations suite à l’attaque d’un troupeau vont désormais être conditionnées à la mise en place de mesures de protection. Autrement dit, un éleveur qui n’aura pas mis en place de « parade » aux attaques de loups ne sera pas indemnisé.
Les mesures annoncées ont été dénoncées par les deux camps, avec des arguments totalement irréconciliables : les associations de défense de la nature ne peuvent se satisfaire du plafond de 40 loups tués, dans la mesure où elles réclament l’interdiction des tirs de destruction ; et les éleveurs ne s’en satisfont pas davantage, puisqu’ils demandent, à l’inverse, la suppression de tout plafond. Les ONG environnementales dénoncent ce matin un plan inacceptable puisqu’il « continue de considérer le loup comme un nuisible » ; pendant que la FNSEA dénonce un plan « irresponsable », dans la mesure où « l’État fait le choix de l’ensauvagement des territoires au détriment des activités humaines. »
Du côté des élus, la seule réaction est venue hier de l’Association des maires de la Drôme, particulièrement concernée par le problème et extrêmement déçue de ce plan. Dans un communiqué, le président de l’association, Michel Grégoire, dénonce « une évolution dramatique pour nos communes pastorales ». Rappelant que « 110 délibérations » ont été prises par les communes de la Drôme pour « alerter les pouvoirs publics de la gravité de la situation », l’association estime n’avoir « pas été entendue » et dénonce « le mépris des instances nationales et parisiennes (qui) font fi de l’avenir de nos territoires qu’ils considèrent comme des terrains de jeux sans avenir économique ». Elle conclut avec beaucoup d’amertume : « Dans quelques années, on ira voir les agneaux dans les écomusées et les éleveurs au musée Grévin. »
F.L.
Télécharger le PNA.Télécharger le premier et le second arrêté sur les destructions.
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