Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du lundi 15 septembre 2003
Environnement

Le gouvernement présente un "plan véhicules propres", qui combine un coup de pouce à la recherche et des mesures fiscales

Un mois après l'épisode de pollution record lié à la canicule, le gouvernement doit présentera ce lundi un "plan véhicules propres", qui combine un coup de pouce à la recherche et des mesures fiscales pour inciter les Français à choisir les voitures écologiques. Les Français n'ont jamais si mal respiré que du 1er au 14 août: la pollution à l'ozone a été sans équivalent depuis le début des mesures de qualité de l'air en 1991. Or l'ozone, dangereux pour les personnes fragiles et les insuffisants respiratoires, provient pour l'essentiel des transports routiers et de l'industrie. Les transports sont aussi responsables de 28% des émissions de gaz à effet de serre. Le Premier ministre s'était engagé devant une réunion de l'ONU sur le changement climatique en février à faire de la France "un leader mondial en 2010 pour tout ce qui est transports propres". Le plan annoncé lundi comprendra un important effort en faveur de la recherche, à travers deux programmes existants: le Predit (Programme national de recherche et d'innovation dans les transports terrestres) et le PACO sur la pile à combustible, une filière qui aboutira au mieux dans dix ans. Le Predit 3, qui couvre la période 2002-2006, est doté d'un budget global de 306 millions d'euros. Il comprend onze programmes pour améliorer la sécurité des véhicules et les moteurs et "auxiliaires" comme la climatisation, pour diminuer les émissions polluantes. "La climatisation est un enjeu majeur", explique Patrick Coroller, de la division transports de l'ADEME (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie). L'ADEME a lancé en juin un cri d'alarme: au rythme actuel, neuf véhicules sur dix seront climatisés en 2020. Or la "clim" consomme jusqu'à 35% de carburant en plus qui se traduisent par autant de CO2 (gaz carbonique, le principal gaz à effet de serre). De plus, elle fuit. Ses fluides frigorigènes ont un pouvoir de réchauffement 1 300 fois plus élevé qu'un gramme de CO2. Améliorer l'étanchéité des systèmes est un chantier essentiel. Le plan du gouvernement comprendra aussi une incitation à l'achat de véhicules écologiques (électriques, GNV ou "hybrides" qui allient propulsion électrique et thermique). Un crédit d'impôt prendrait le relais du crédit d'impôt actuel de 1 500 à 3 050 euros en faveur des véhicules électriques. Les Français boudent les véhicules écologiques en dépit des aides. Il s'est vendu selon l'ADEME 310 véhicules écologiques en 2002. Le gouvernement "réfléchit" aussi à d'autres pistes, comme une taxe sur les véhicules qui dépassent un certain niveau de consommation et de pollution, selon une source proche du dossier. Les émissions moyennes des véhicules neufs ont baissé à 155 grammes au km contre 176 grammes il y a sept ans, selon l'ADEME. Les constructeurs européens se sont engagés à descendre à 140 g/km en 2008. Mais il s'agit d'une moyenne: les Français achètent de moins en moins de tout petits véhicules sobres et de plus en plus de véhicules spacieux gros consommateurs ou même de 4X4, qui sont carrément des gouffres de carburant. Une taxe pourrait les sensibiliser à l'impact sur l'atmosphère de leurs achats. En revanche, le gouvernement exclut de revenir à la vignette, abandonnée il y a deux ans, et n'envisage pas non plus de jouer sur la taxe sur les produits pétroliers (TIPP), plus favorable au diesel qu'à l'essence. Par contre, le diesel lui même pourrait être davantage taxé pour financer le secteur ferroviaire.<

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