Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du lundi 24 septembre 2001
Environnement

Le gouvernement n'exclut pas le déménagement des usines les plus dangereuses et a souhaité que le Parlement se saisisse du dossier des sites classés "Seveso"

Les défenseurs de l'environnement veulent un renforcement de la législation sur les sites dangereux en zone urbaine après la catastrophe de l'usine AZF de Toulouse. Ils soulignent que les questions d'emploi et de rentrées fiscales n'ont pas incité jusqu'à présent les élus à chasser les usines à risque hors des agglomérations. En 1987, le gouvernement français s'était refusé à geler l'urbanisation autour des sites existants, souligne le Journal du dimanche. Jean-Jack Queyranne, ministre chargé des relations avec le Parlement, s'est interrogé dimanche sur l'opportunité d'une modification de la législation. "Je ne sais pas s'il faut modifier la loi, peut-être faut-il revoir les mesures de sécurité", a-t-il dit sur Radio J. Sur place, la justice privilégie la thèse de l'explosion accidentelle d'un silo renfermant 300 tonnes de nitrate d'ammonium, servant à fabriquer des engrais, mais, officiellement, aucune piste n'est écartée. Brice Lalonde, ancien ministre de l'Environnement, s'est interrogé sur l'orientation de l'enquête. "Ca n'explose pas tout seul le nitrate d'ammonium (...) Donc il y a vraiment eu quelque chose de vraiment anormal", a-t-il déclaré sur France info. L'actuel ministre Vert de l'Environnement, Yves Cochet, a annoncé qu'il demanderait au PDG de TotalFinaElf de reconstruire son usine ailleurs et aux fabricants d'engrais de lui faire des propositions début octobre. Il n'a pas exclu le déménagement des usines les plus dangereuses et a souhaité que le Parlement se saisisse du dossier des sites classés "Seveso". Ce souhait a été également émis par le député Vert de Gironde, Noël Mamère, qui a invité les pouvoirs publics à sanctionner "de manière forte" un acte de "délinquance écologique". "Il ne faudra pas qu'on se contente de faire payer le lampiste. Il faudra remonter toute la chaîne des responsabilités", a-t-il déclaré. Noël Mamère a également réclamé une réunion urgente de la Commission parlementaire d'évaluation des risques scientifiques et technologiques. Pour tenter d'apaiser l'angoisse de la population de Toulouse, traumatisée par la catastrophe, le préfet de région Hubert Fournier a signé deux arrêtés. Le premier gèle l'activité "jusqu'à nouvel ordre" des deux usines chimiques (SNPE et ToloChimie) proches d'AZF. Le second ordonne le confinement et la mise en sécurité de tous les produits stockés dans ces deux sites. Conséquence directe de ces arrêtés : En plus des 45 ouvriers rescapés d'AZF, un millier d'employés des deux autres usines se retrouveront au chômage technique très probablement dès lundi matin. Cette mesure avait été réclamée avec force par le maire UDF de Toulouse, Philippe Douste-Blazy. "Qu'on soit de gauche, du centre ou de droite, il en va de la responsabilité politique de tous de faire en sorte que de telles usines ne se trouvent pas près des agglomérations", a-t-il déclaré. A Lyon, ville proche du "couloir de la chimie", Jean-Louis Touraine, premier adjoint socialiste, a souligné que les usines situées en pleine ville avaient récemment obtenu des autorisations d'agrandissement. "Il faut éloigner ces bombes qui peuvent demain exploser", s'est-il indigné. A Toulouse, les écologistes ont souligné qu'ils dénonçaient depuis des années l'existence de cette "bombe à retardement" au sein de l'agglomération. Lors de son inauguration en 1924, le complexe pétrochimique AZF se trouvait en rase campagne, mais le développement urbain l'a placé progressivement dans l'enceinte de la ville. L'usine fait partie des 1.250 sites industriels français dits Seveso (du nom de l'accident dans une usine chimique d'Italie, en 1976), dont 680 à "haut risque". Ces établissements sont régis par une réglementation générale pour la protection de l'environnement et par deux directives européennes, qui ont renforcé les obligations de sécurité en 1982 et 1996. <s

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