Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du jeudi 3 avril 2003
Eau et assainissement

La ressource disponible par an et par habitant, actuellement de 3 000 m3 d'eau, devrait tomber à 1 000 en 2025 dans une dizaine de pays, voire même à moins de 500 m3, en dessous du seuil de pénurie

Des scientifiques du monde entier ont lancé une "mise en garde aux politiques" sur le problème crucial de la ressource en eau et de sa gestion dans les vingt ans à venir pour les régions arides autour de la Méditerranée, lors d'une conférence internationale à Montpellier, rapporte l’AFP. Ce colloque sur l'"hydrologie des régions méditerranéennes et semi-arides", organisé par l'Institut de recherche pour le développement (IRD), rassemble près de 200 scientifiques depuis le 1er avril et jusqu'au 4. "Nous adressons un message de mise en garde aux politiques. La ressource en eau doit absolument se gérer sur le long terme. Ce n'est pas le cas des actions actuelles", estime le président du Comité scientifique international de la conférence, Eric Servat, directeur de recherche à l'IRD et chef du laboratoire hydroscience de Montpellier. Il est déçu, comme ses collègues, par l'"absence de retombées" après le Forum mondial de l'eau, qui s'est tenu en mars à Kyoto. Les chercheurs, "habitués aux promesses non suivies de financement", ont tracé des perspectives inquiétantes pour la population située autour de la Méditerranée, dont le nombre doit passer de 350 millions en 1995 à 613 millions en 2025. Selon l'IRD, la majorité des pays méditerranéens, du Moyen-Orient à l'Afrique, exploitent ainsi plus de 50% de la ressource en eau renouvelable. Pour certains, comme l'Egypte, Israël, la Libye, Malte ou la Tunisie, ce pourcentage passe à près de 100%. En conséquence, la ressource disponible par an et par habitant, actuellement de 3 000 m3 d'eau, devrait tomber à 1000 en 2025 dans une dizaine de pays, voire même à moins de 500 m3, en dessous du seuil de pénurie. "La plupart des pays du Moyen-Orient passeront dans vingt ans à des niveaux de ressources en eau bien en dessous de la moyenne admissible", s'inquiète Wajdi Najem, directeur du Centre régional de l'eau et de l'environnement de Beyrouth (Liban), en pointant la mauvaise connaissance du réseau hydrologique, l'absence de suivi des fleuves, le manque de stations d'épuration. Dans cette région, la faiblesse des réserves naturelles en eau est aggravée par l'extrême variabilité des précipitations. "Au Liban, il peut tout d'un coup tomber 900 ml en trois mois. Or, nous avons des problèmes de transport et de stockage de l'eau", explique M. Najem. Par son irrégularité, l'hydrologie pénalise aussi l'agriculture qui représente 80% de la consommation de la ressource en eau avec le développement de l'irrigation. En s'appuyant sur des données de l'Organisation des nations unies pour l'agriculture et l'alimentation, l'IRD rappelle que les importations de céréales devraient passer en vingt ans du tiers à la moitié des besoins pour ces pays méditerranéens.c=h

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