Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mercredi 26 novembre 2003
Catastrophes

Canicule : le ministre de la santé met en avant le "cloisonnement" des différentes administrations du ministère de la Santé, de celui de l'Intérieur (sécurité civile), et des Affaires sociales (maisons de retraites)

Le ministre de la santé, Jean-François Mattei, a plaidé mardi non coupable dans le drame sanitaire de la canicule, invoquant une "catastrophe naturelle doublée d'une crise structurelle" dont les responsables peuvent être, selon lui, "les systèmes mais pas les individus". M. Mattei était auditionné sous serment par la commission d'enquête parlementaire sur la canicule (14 802 morts en août), chargée de faire d'ici fin mars la lumière sur les éventuelles responsabilités politiques. Son intervention était très attendue, une semaine après la publication du livre de l'ancien directeur général de la Santé démissionnaire, Lucien Abenhaïm, qui le met en cause. "Je vous l'ai dit très clairement, je n'ai pas le sentiment d'avoir commis à un moment ou à un autre une faute", a déclaré le ministre, qui a vigoureusement démenti tout dysfonctionnement de son cabinet, évoqué par certains députés de la commission, présidée par Claude Evin (PS). Pour lui, la canicule s'apparente à une "catastrophe naturelle sans précédent" doublée "d'une crise structurelle", intervenue dans un pays qui n'y était en rien préparé ce qui explique le défaut d'alerte. "Je comprends bien que c'est incroyable mais c'est comme ça!", s'est-il exclamé, affirmant un peu plus tard: "il faut accepter l'inacceptable". Se disant "malheureux" et "meurtri" par les disparus du mois d'août, le ministre a reconnu "nourrir des regrets a posteriori". "Nous sommes passés à côté d'un drame silencieux", a-t-il affirmé. Retraçant la manière dont il avait vécu la crise, le ministre a reconnu un "décalage" permanent entre les chiffres dont il disposait et la réalité sur le terrain. Mais "attention à l'illusion rétrospective !", s'est exclamé M. Mattei. "Quand autant d'erreurs d'appréciation surviennent, il ne faut pas mettre en cause les individus mais les systèmes", a-t-il affirmé. Restant sur sa ligne d'explication de septembre devant la mission d'information parlementaire, le ministre a mis en avant notamment le "cloisonnement" des différentes administrations du ministère de la Santé (DGS, veille sanitaire, hôpitaux), de celui de l'Intérieur (pompiers, sécurité civile), et des Affaires sociales (maisons de retraites). Après son discours liminaire, le ministre a essuyé une rafale de questions, parfois acides, des membres de la commission, surtout du PS mais aussi de députés UMP. Jean-Paul Baquet (PS, Puy-de-Dôme) a fait le parallèle avec le scandale du sang contaminé: à l'époque M. Mattei avait en effet appelé à la démission les ministres (socialistes) en place. Une attaque que le ministre a vivement repoussée, arguant que "ses propos étaient dans un contexte et ce contexte n'était pas le même", admettant qu'il avait été depuis "démenti par la justice". Evoquant le livre de M. Abenhaïm, qui pointe des "erreurs de communication et d'appréciation" du ministère de la Santé, M. Mattei a estimé que "ces erreurs (...) n'ont rien changé au nombre des victimes" de la canicule. "Il y a eu des erreurs évidentes. A posteriori c'est évident, je les assume", a-t-il déclaré. Il a démenti avoir voulu minimiser les chiffres de mortalité lors de la crise, expliquant qu'il "n'avait jamais communiqué que les chiffres officiellement publiés par ses services". M. Abenhaïm était auditionné à la suite de son ancien ministre de tutelle.c=http://www.upgradead.com/

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