Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du jeudi 14 avril 2016
Jeunesse

Inégalité dans l'enseignement : la France toujours très mauvaise élève

Voilà encore une étude qui ne fait pas honneur au système éducatif français, et moins encore à « l’ascenseur social »  que serait censé représenter celui-ci : selon une étude de l’Unicef publiée aujourd’hui, pour l’ensemble des pays de l’OCDE, la France est presque dernière (35e sur 37) en matière d’inégalités dans l’enseignement.
Ce n’est guère qu’une confirmation : l’étude Pisa (Programme international pour l’évaluation des élèves) publiée en 2013 faisait déjà état de l’écart inquiétant entre les niveaux scolaires des élèves venant de milieux favorisés et venant de familles pauvres (lire Maire info du 4 décembre 2013). « Lorsqu’on appartient à un milieu défavorisé, on a clairement aujourd’hui moins de chances de réussir qu’en 2003 », notaient alors les auteurs du rapport. « La performance des élèves en mathématiques varie selon leur milieu socio-économique dans la plupart des pays participants, mais la France est le pays de l’OCDE où les écarts sont les plus grands... » 
L’étude de l’Unicef va dans le même sens, jugeant, en France, les écarts de réussite « très importants »  entre les enfants des différentes couches sociales. Cette étude est plus généralement consacrée aux inégalités en matière d’éducation, de santé, de « satisfaction dans la vie », entre les 10 % d’enfants les plus pauvres et ceux qui se situent dans la médiane. Toutes données confondues, c’est le Danemark qui occupe la tête du classement, et Israël et la Turquie qui sont derniers. Globalement, les inégalités se sont creusées presque partout depuis 2008 – effet évident de la crise économique.
Sur l’ensemble des critères jugés, « la France occupe le 28e rang sur 35, note l’Unicef, juste au-dessus de cinq autres pays européens : la Belgique, la Bulgarie, l’Italie, le Luxembourg et la Slovaquie. »  Le pays est 23e pour ce qui concerne les problèmes de santé, et 28e en termes de « satisfaction dans la vie ». « Il existe un fort taux d’enfants qui ne sont pas satisfaits de leur vie, et un grand fossé entre les moins satisfaits et les autres ». Pour obtenir ce résultat, l’Unicef a interrogé un panel d’enfants en leur demandant de noter leur vie entre 0 et 10. 8,5 % des enfants interrogés en France donnent moins de 4 sur 10 à leur vie. Ce chiffre est naturellement à rapprocher des 9 % d’enfants qui vivent en dessous du seuil de pauvreté dans ce pays.
Seule consolation : la France fait (encore) partie des pays les plus performants en termes d’aide sociale. Les prestations sociales permettent de compenser les écarts très importants de revenus (la France est 8e en la matière) : sans les prestations sociales, l’écart de revenus entre ménages appartenant aux 10 % les plus pauvres et ménages médians serait de 68 % ; avec l’amortisseur des prestations sociales, il n’est « que »  de 44 %. On apprend au passage dans l’étude que la lanterne rouge de ce classement spécifique est tenue par la Grèce, où les prestations sociales ont pour ainsi dire disparu : l’écart avant/après prestations sociales est à peine de 1,5 %.
En conclusion de cette étude, ses auteurs rappellent que ces questions dépendent davantage de la volonté politique des États que de leur développement économique : certains pays, pourtant bien plus en difficulté que la France, obtiennent des résultats beaucoup plus honorables. L’Unicef tient donc à « rappeler clairement que le bien-être des enfants quel que soit le pays, n’est pas la conséquence inévitable de circonstances individuelles ou du niveau de développement économique, mais dépend de choix politiques. Devant l’impact à long terme des inégalités, il est très clair que les gouvernements doivent avoir comme priorité d’améliorer le bien-être de tous les enfants, afin qu’ils aient toutes les chances de réaliser leur potentiel. » 
F.L.
Télécharger l’étude de l’Unicef.

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