Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du jeudi 28 mars 2002
Éducation

Violence à l'école : l' illettrisme est une des racines principales du mal", selon Jacques Chirac

Jacques Chirac s'est saisi du problème de la violence à l'école pour insister sur le "droit à la sûreté" de chaque citoyen et préconiser une série de mesures entre prévention et répression, de la lutte contre l'illettrisme à la sanction des "cas difficiles". Le président-candidat, qui a animé hier à Savigny-sur-Orge une table ronde sur le thème de la violence scolaire, a évoqué à cette occasion le drame de Nanterre (Hauts-de-Seine), traduction à ses yeux de la montée de l'insécurité. "L'insécurité, ça va de l'insécurité ordinaire au drame que nous avons connu cette nuit à Nanterre", a-t-il affirmé. Evoquant plus spécifiquement l'insécurité "choquante" à l'école, le chef de l'Etat a réaffirmé qu'il n'y avait pas de "fatalité à la violence" et a énoncé au rang des solutions prioritaires la lutte contre l'échec scolaire et le respect de l'autorité des enseignants. "Quand on ne peut pas se battre avec les mots, on se bat avec les poings", a-t-il dit. "L' illettrisme, a-t-il souligné, est une des racines principales du mal". Saluant l'initiative de l'écrivain Alexandre Jardin, qui a lancé une "Charte contre la violence" et un programme national pour l'apprentissage de la lecture, le chef de l'Etat s'est dit hostile à l'entrée en sixième d'élèves ne maîtrisant pas les savoirs fondamentaux (lire, écrire, compter). "C'est un mauvais service à rendre à un enfant". Pour Jacques Chirac, l'idée de collège unique "a montré ses limites" et la multiplication des "cas difficiles" exige la mise en œuvre de "parcours individualisés" au collège. Il a également insisté sur l'utilité du bénévolat (enseignants à la retraite, etc.) dans l'apprentissage de la lecture. Après avoir écouté les témoignages de proviseurs, de professeurs, d'éducateurs, de parents d'élèves d'Île-de-France confrontés à la violence, Jacques Chirac a dénoncé "la culture de la permissivité", "séduisante a priori" mais "à l'origine de nombreuses incivilités". Une allusion à "l'idéologie socialiste" qu'il fustige désormais régulièrement. Le mot d'ordre "il est interdit d'interdire" a fait "énormément de victimes", a-t-il estimé, s'inquiétant de "l'effacement démagogique" du rapport hiérarchique entre l'enseignant et l'élève. "Les enseignants ne sont pas des policiers et n'ont pas vocation à l'être, sinon ils seraient rentrés dans la gendarmerie", a-t-il dit, suggérant l'octroi d'avantages matériels au personnel enseignant appelé à exercer dans des classes difficiles. "On va trop loin et on détruit l'idée de hiérarchie qui n'est pas de police mais d'ordre public", a-t-il insisté, regrettant notamment la suppression du "zéro pointé" pour une absence injustifiée à un contrôle. Le président sortant s'est fait l'écho des préoccupations de la philosophe Blandine Kriegel, présente à la table ronde, qui a fait valoir "quelque chose de plus grave que la fracture sociale : la fracture républicaine". "Le temps est venu maintenant de marquer les limites. Pour cela, il faut une volonté politique", a-t-elle dit au cours d'une réunion de plus de deux heures ponctuée d'applaudissements. "Toute infraction, même mineure, doit recevoir une réponse rapide et juste, si possible sous forme de réparation", a précisé Jacques Chirac. Le chef de l'Etat a également prôné une lutte énergique contre l'absentéisme, "premier symptôme d'un enfant à la dérive", le développement de "l'école ouverte" qui accueille les élèves en dehors du temps scolaire et la mise en œuvre de "plans de sécurité" dans chaque établissement associant responsables éducatifs, familles et services de police. Pour le "noyau dur" des élèves "perturbateurs et violents", Jacques Chirac propose la généralisation des classes relais et la création d'établissements d'enseignement spécialisés dans chaque académie pour permettre à un élève exclu de poursuivre sa scolarité. </scri

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