Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du lundi 8 décembre 2014
Economie

Les investisseurs chinois s'implantent dans l'aéroport de Toulouse Blagnac

Le gouvernement a retenu vendredi dernier le consortium chinois Symbiose réunissant Shandong Hi-Speed Group et le fonds Friedman Pacific Investment (conseillés par le canadien SNC Lavalin) pour entrer dans le capital de l’aéroport de Toulouse Blagnac, le sixième du pays. La concession durera jusqu’en 2046. En proposant 308 millions d’euros pour racheter à l’Etat 49,99 % (sur les 60 % qu’il détient) du capital de l’aéroport, les investisseurs chinois ont été les mieux-disant devant Vinci, Aéroports de Paris et le fonds Cube de Natixis qui proposaient environ 250 millions chacun. « Je regrette que le critère essentiel du choix affiché par le gouvernement soit le prix. Cette offre n'est pas la meilleure au regard de nos attentes économiques et sociales », a réagi Bernard Keller, maire de Blagnac.
L’ouverture du capital des grands aéroports a été voulue par le législateur dans la loi du 20 avril 2005 qui a donné naissance aux sociétés aéroportuaires composées de l’Etat (60 %), des chambres de commerce et d’industrie et des collectivités locales. En 2011, le gouvernement avait annoncé son intention de vendre les parts qu’il possède dans les aéroports de Lyon, Bordeaux, Toulouse et Nice, escomptant en retirer environ 500 millions d’euros au total. Mais il avait reporté le projet face à l’hostilité des élus locaux qui craignaient l’arrivée d’investisseurs peu soucieux des intérêts des territoires. Il leur fallait des garanties, comme ont réussi à en obtenir les collectivités actionnaires toulousaines. « Nous nous sommes battus pour avoir droit au chapitre et inscrire dans le marbre ce à quoi nous tenions, notamment la participation des nouveaux investisseurs dans les projets locaux. Cela a marché parce nous étions ensemble, qu’il n’y a pas eu de dissonances entre nous », reconnaît Jean-Luc Moudenc, le maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole. Aux côtés de l’Etat, les collectivités locales détiennent en effet 40 % du capital de l’aéroport : chambre de commerce et d’industrie de Toulouse (25% des parts), conseil général (5%), conseil régional (5%) et communauté Toulouse Métropole (5%).
Au départ, l’Etat prévoyait de vendre ses 10,01 % restants dans trois ans, ce qui aurait permis aux investisseurs de devenir majoritaires, même s’il ne s’agit que de l’exploitation : l’infrastructure de l’aéroport demeure propriété de l’Etat. Mais le gouvernement a changé d’avis, comme l’a indiqué début décembre le ministre de l’Economie Emmanuel Macron : « J’ai assuré au président de région que ce gouvernement n’avait pas l’intention d’exercer cette option. Cela signifie que la majorité restera publique ». Hier soir, c’était au tour du Premier ministre d’assurer que l’aéroport aller « rester majoritairement dans les mains de l’Etat et des collectivités locales ». « Nous avons le droit de vendre des Airbus, d’investir en Chine et les Chinois ne pourraient pas investir cher nous ? », a-t-il encore avancé.
Quand la vente sera conclue, « on mettra au point de nouveaux statuts instaurant la majorité qualifiée sur les grandes décisions et on fera un pacte d’actionnaires », annonce Jean-Luc Moudenc. Toulouse Métropole devrait présider le conseil de surveillance. Les élus locaux ont aussi fait monter les enchères. Ainsi, le maire de Toulouse se félicite-t-il que le consortium chinois se soit « engagé à investir plusieurs dizaines de millions d’euros dans le futur parc des expositions »  qui sera construit près de l’aéroport. Airbus, qui utilise les pistes pour ses essais d’avions, a obtenu de l’Etat et de la nouvelle société concessionnaire une autorisation temporaire d’occupation jusqu’en 2070. De plus, face à la multiplication des critiques, le consortium chinois a accepté de rétrocéder immédiatement jusqu’à 16 % des parts à des investisseurs français.
A Toulouse, Monique Castro



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