Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du vendredi 4 juillet 2003
Religions

Jacques Chirac installe la "Commission de réflexion sur l'application du principe de laïcité"

Jacques Chirac a installé jeudi une "Commission de réflexion sur l'application du principe de laïcité" au moment où le port du voile islamique suscite un nouveau débat en France, au point que certains dirigeants politiques proposent de légiférer sur les signes religieux à l'école. "Dans la tâche qui est la vôtre, ma première attente est que vous meniez un débat public aussi large que possible, attentif à tous les courants et à toute la diversité de la société française", a dit le chef de l'Etat aux vingt sages de la Commission, en présence du chef de gouvernement Jean-Pierre Raffarin et de trois ministres, dont Nicolas Sarkozy. Cette commission, placée sous l'autorité du chef de l'Etat et dont la présidence a été confiée à Bernard Stasi, ancien ministre centriste et médiateur de la République, a pour mission d'ouvrir un débat "serein" dans l'Hexagone sur l'application du principe de laïcité, "ciment" de la cohésion sociale. Elle comprend notamment deux élus locaux : Nelly Olin, sénatrice-maire de Garges-lès-Gonesse (Val-d’Oise), et Michel Delebarre, député-maire de Dunkerque. L'objectif est de "concilier l'unité nationale et la neutralité de la République avec la reconnaissance de la diversité, notamment religieuse", a expliqué le chef de l'Etat qui attend des "propositions avant la fin de l'année". Si la laïcité est parfois écornée par des convictions religieuses, elle l'est tout autant par des "convictions particulières ou l'appartenance à un terroir ou à un groupe culturel ethnique", a dit le chef de l'Etat. "Nous ne pouvons pas rester passifs face à une évolution qui nous ferait glisser insensiblement de l'affirmation de soi au refus des autres, de l'ignorance réciproque à l'intolérance et de l'isolement dans un groupe au refus de la République", a-t-il ajouté. Le chef de l'Etat a rappelé que la laïcité était "un devoir" et "pas seulement un droit". "Il n'y a pas en France de règles supérieures aux lois de la République". Pour Bernard Stasi, président de la Commission des sages, il ne fait aucun doute qu'il faut "clarifier" la situation avant de recourir à une éventuelle loi. "A partir de quel moment un signe distinctif peut être considéré comme attentatoire à la laïcité ? Jusqu'où peut-on aller ? Qu'est-ce que cela signifie concrètement sur le terrain ou dans un établissement scolaire ?", s'est-il interrogé. "Nous abordons cette mission difficile, passionnante, avec beaucoup de détermination, avec la volonté d'écouter les uns et les autres", a-t-il dit après le discours de Jacques Chirac. De son côté, l'ancien ministre socialiste Michel Delebarre, membre de la Commission, a estimé qu'"il ne faut rien exclure". Mohammed Arkoun, professeur d'histoire de la pensée islamique à la Sorbonne, lui aussi membre de la commission, a parlé "d'un grand jour pour les Français, pour le Maghreb, qui vit ses problèmes intensément, mais aussi pour le Proche-Orient et tout le monde musulman". "Le monde musulman n'a pas l'expérience laïque, bien enracinée dans la pensée française, pour gérer cette question religieuse", a-t-il estimé. Nelly Olin a, pour sa part, mis l'accent sur la nécessité de se pencher sur le cas des jeunes filles qui portent le foulard, un tiers, selon elle, sous la contrainte, un tiers par communautarisme et un tiers par provocation. "C'est prématuré de dire que l'on va légiférer", a-t-elle souligné. Hanifa Cherifi, autre membre de la commission, médiatrice au ministère de l'Education nationale, a estimé que le port du voile à l'école restait problématique, même si les "conflits durs sont aujourd'hui résorbés".</

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