Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mercredi 23 novembre 2022
Congrès des Maires de France

L'école à la croisée des chemins ? 

Au congrès, hier, le ministre de l'Éducation nationale Pap Ndiaye a assisté au forum sur l'école du début à la fin, prenant « note » des constats, griefs et propositions des maires. Deux « enjeux » ont été plus particulièrement décryptés : sur le bâti scolaire et les personnels.

Par Emmanuelle Stroesser

Dans les deux cas, les maires sont « à la croisée des chemins », pour reprendre le titre donné à ce forum. Dans l’un, il s’agit de réhabiliter des locaux vétustes, aménager ou construire de nouvelles écoles, plus ouvertes sur la ville, sur le numérique, et à tous les élèves. Dans l’autre, il faut réussir à recruter, former et pérenniser des personnels pour cela (animateurs, AESH, ATSEM).

La bâti scolaire à faire évoluer

Les maires n’hésitent pas à investir pour des questions énergétiques, écologiques, d’accessibilité (aussi aux parents), ou encore d’équipement numérique. Ils en ont témoigné. Quand ils ne sont pas aussi contraints de « pousser les murs »  pour permettre le dédoublement des classes. Un maitre mot revient en boucle dans les témoignages : la modularité, citée comme une qualité de la conception de l’école de demain. Voilà pour le positif et les idées.

Volontaires, les maires sont d’autant plus amers lorsque leurs efforts d’investissements se retrouvent au fond d’une armoire. Comme ces équipements numériques inutilisés par des enseignants. La faute à l’absence de formation proposée par l’Éducation nationale, au manque de coordination aussi pointent des élus.

Les maires demandent donc des aides « plus adaptées », notamment aux territoires ultramarins, et une coordination « plus cohérente »  entre communes et Education nationale.

Un partenariat à (toujours) (re)construire

« Il est hors de question d’avoir une verticalité où les communes seraient opératrices d’instruction de l’Éducation nationale »  avait indiqué le ministre en propos introductif. L’autre maitre mot était lâché : partenariat. Or, l’impasse actuelle sur l’articulation de l’intervention des AESH – accompagnants des enfants en situation de handicap – entre les temps scolaire et périscolaire est l’exemple patent de ce partenariat difficile. Le ministère y travaille assure le ministre. Précisément, deux pistes sont à l’étude pour permettre que ces enfants soient plus facilement et souvent accompagnés par des AESH notamment à la cantine. En misant notamment sur la mutualisation des coûts. « On s’approche d’une solution », a précisé Pap Ndiaye sur le plateau de l’AMF-TV de Maire info à l’issue du forum. Il privilégie la solution de la mise à disposition par l’Éducation nationale des AESH, ce qui correspond à une demande de l'AMF. Mais sur un autre sujet en revanche – l’avenir des conventions ruralités – sa réponse risque de jeter le trouble : interrogé sur le pérennité du dispositif, le ministre a répondu que « la question est en suspens ».

Les questions de personnel sont plus globalement l’autre enjeu de taille auquel les communes sont confrontées. Des maires ont encore à l’esprit la mobilisation des ATSEM à la rentrée, réclamant plus de considération. D’autres pointent la course incessante pour trouver des animateurs pour leurs activités périscolaires, et la gageure de les garder. Aucune commune ne semble épargnée, petite ou grande. C’est peu dire que les recommandations du comité filière sur l’animation, dont le pilotage vient d’être confié à un maire, sont attendues avec impatience et intérêt… Mais il faudra attendre une petite année encore.

Le nouveau chantier de l’école inclusive

Le ministre a voulu démontrer que l’État n’était pas défaillant. Notamment sur les AESH. En cherchant à trouver des réponses à la fois « conjoncturelles »  (hausse des rémunérations, 35 heures plutôt que temps partiel), mais aussi « structurelles ». Celles-ci obligent à regarder plus loin et à envisager une nouvelle transformation de l’école comme l’a expliqué Pap Ndiaye : « On ne rattrape pas la marée, elle est trop importante ». L’image fait référence à « l’engorgement du système », entre des instituts médico-éducatifs « qui n’ont pas assez de places pour accueillir les élèves avec des besoins plus prononcés », des « besoins très importants »  qui se reportent sur le milieu ordinaire alors que celui-ci est aussi « en peine à recruter au fur et à mesure »  de ces besoins. Le ministre engage donc une « grande réflexion »  pour « passer à l’acte 2 de l’école inclusive ». Avec en perspective la conférence nationale du handicap, au printemps 2023.

Voir l'interview de Pap Ndiaye par la rédaction de Maire info

Pap Ndiaye, Ministre de l'Éducation natitionale et de la jeunesse from Association des Maires de France on Vimeo.

 

 

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