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Édition du mercredi 11 décembre 2024
Infrastructures

Ponts : une situation qui ne s'améliore que pour les départements

Si le patrimoine des départements s'est amélioré, celui de l'Etat reste dégradé bien qu'en cours de stabilisation. Quant à celui des communes, il semble lui aussi dégradé, selon les premiers retours issus d'une enquête de l'Observatoire national des routes.

Par A.W.

Quel est l’état des ponts en France ? Dans la dernière édition de son rapport annuel, l’Observatoire national de la route (ONR) fait apparaître des disparités de situations entre les ouvrages gérés par l’Etat, les départements et les communes. 

Cependant, « l’année 2020 apparait comme un tournant, c’est à ce moment que ce patrimoine a cessé de se dégrader sur le réseau national non concédé et qu’il a commencé à s’améliorer sur le réseau des départements », expliquent les auteurs du rapport.

Après le rapport inquiétant des sénateurs sur le sujet en 2019, ils rappellent qu’un « certain nombre de risques pèsent sur les infrastructures routières », que ce soit « les impacts du changement climatique qui accélèrent fortement le vieillissement naturel du patrimoine et causent parfois des dommages importants »  ou bien « les contraintes financières qui s’exercent sur les gestionnaires, et qui vont s’accentuer », risquant d’entraîner « la formation d’une importante "dette grise" qui pourrait s’ériger en mur d’investissements difficilement surmontable ».

Un patrimoine communal dégradé mais méconnu

Reprenant les résultats obtenus des communes ayant participé au programme national Ponts du Cerema (près de 11 000 communes pour près de 33 000 ouvrages), le rapport décrit « un patrimoine relativement dégradé »  avec un pourcentage de pont en bon état « bien plus réduit que pour les autres gestionnaires ».

Dans le détail, ce sont 10 % des ponts qui présentent des « défauts majeurs de structure »  quand 19 % d’entre eux révèlent des « défauts de structure significatifs », les plus impactées étant « les ponts en maçonnerie, les buses béton et les ponts en métal et mixte ». « L’état des buses béton semble particulièrement préoccupant, notamment car en surface 19 % présentent des défauts majeurs alors que chez les départements, c’est la catégorie qui est dans le meilleur état », expliquent les auteurs du rapport.

A l’inverse, l’état des murs des communes montre un patrimoine en « relativement bon état par rapport aux ponts »  avec « un peu plus de 18 % en nombre et 24 % en surface de murs présentant des défauts significatifs ou majeurs ». Pour l’essentiel, les murs en maçonnerie et les ouvrages plus grands que la moyenne sont les plus touchés. 

Pour ce qui est de l’enquête réalisée par l’ONR auprès du bloc communal, l’observatoire constate que « près de 20 % des ouvrages (ponts et murs) sont dans un état de dégradation avancé », nécessitant donc des réparations, et qu’autant nécessitent un entretien. 

Des résultats qui sont, cependant, à « prendre avec précaution », de l’aveu même de l’ONR, au regard du nombre particulièrement faible de communes ayant répondu. Ne portant que sur 134 ouvrages au sein de 20 communes situées dans deux départements, ceux-ci « ne sont pas extrapolables à l’ensemble des communes françaises », prévient l’organisme qui souligne qu’une nouvelle enquête « adaptée aux communes »  va être réalisée et « testée auprès d’un panel de communes en 2024 et 2025 avant d’être généralisée, dans l’objectif de pouvoir proposer de nouveaux indicateurs pour le rapport 2025 ».

Parmi les communes ayant répondu, on peut toutefois noter que près de la moitié estime que leur patrimoine se dégrade et presque autant qu’il est stable. Plus inquiétant, « seuls 4 % des répondants ont estimé que l’état de leurs ouvrages s’améliore », selon le rapport.

« Amélioration significative »  pour les départements

Du côté de l’Etat, l’enquête de l’observatoire révèle un patrimoine de ponts qui « s’est dégradé depuis 2017 », la part des ouvrages en bon état général (classe 1) « s’érode lentement »  au profit de ceux dont la structure présente des défauts nécessitant des travaux d’entretien spécialisé (classe 2).

Et, selon le rapport, ce sont les ouvrages les plus grands qui se sont le plus dégradés. « En surface la dégradation de l’état du patrimoine de ponts de l’État est plus importante, sur la série la proportion d’ouvrages de classe 4 [dont l’altération de la structure peut conduire à une réduction de la capacité portante à court terme] a doublé, celle des ouvrages de classe 3 [dont la structure est altérée et qui nécessite des travaux de réparation] a augmenté de 17 % et celle des ouvrages de classe 2 a crû de 20 % », observent les auteurs du rapport qui soulignent que la proportion d’ouvrages en bon état est ainsi passée de 56,2 % à 47 %, de 2017 à 2023.

Reste que ces derniers estiment que « l’état du réseau routier national non concédé s’est stabilisé […] depuis 3 ans », laissant penser que « la dégradation du patrimoine de l’État a été maîtrisée ». A noter que l’état des murs du réseau national non concédé reste « assez stable en surface ».

In fine, seuls les départements ont connu « une amélioration significative »  de l’état du patrimoine de leurs ponts, notamment durant l’année 2022. « En nombre comme en surface la part d’ouvrages classés 4 a ainsi été divisée par deux et la part d’ouvrages classés 3 a diminué d’un point », explique l’observatoire. La proportion des ponts en bon état est, par ailleurs, passée de 52,9 % à 59 % de 2028 à 2023.

Les auteurs du rapport signalent, cependant, qu’une certaine « disparité »  existe entre départements puisque « les petits et grands départements indiquent une part deux fois plus importante que les autres d’ouvrages de catégorie 4 », les petits départements indiquant également « une part quasiment deux fois plus importante que les autres d’ouvrages de catégorie 3 »  depuis 2018.
 

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