5G : son déploiement ne présente à ce stade « pas de risques nouveaux sur la santé », selon l'Anses
Par
Il est, à ce stade, « peu probable que le déploiement de la 5G dans la bande de fréquences 3,5 GHz [bande « cœur » de la 5G selon l’Arcep, ndlr] présente de nouveaux risques pour la santé ». Quatre mois après le lancement du déploiement de la 5G en France dans un contexte de « controverse publique » (lire Maire info du 2 décembre 2020), l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) souligne, dans un avis dans l'ensemble rassurant, « la nécessité de poursuivre les recherches - les connaissances sur les liens entre expositions et effets sanitaires devant être renforcées - et de suivre en particulier l’évolution de l’exposition des populations à mesure de l’évolution du parc d’antennes et de l’augmentation de l’utilisation des réseaux (…) L’exposition aux champs électromagnétiques qui en résulte n’est aujourd’hui pas représentative de ce qu’elle sera dans le futur ». D’autant plus qu’il est difficile de prédire aujourd’hui de quelle façon les utilisateurs vont s’emparer des usages rendus possibles par la 5G.
L’Anses adopte un ton plus prudent, en revanche, pour la bande de fréquences du futur (26 GHz), toujours à l’état de projet, qui permettra la communication entre objets connectés. « Les données ne sont, à l’heure actuelle, pas suffisantes pour conclure à l’existence ou non d’effets sanitaires ». Seule certitude : « Plus la fréquence est élevée et moins l’onde pénètre dans le corps, expliquait, hier, Olivier Merckel, chef de l'unité d'évaluation des risques liés aux agents physiques à l'Anses. La pénétration est limitée à quelques millimètres pour la bande de fréquences de 26 GHz, « exposant des couches superficielles de la peau ou de l'œil », quand elle est de l’ordre du centimètre pour la bande de fréquences 700-2 100 GHz.
Des propriétés différentes selon les bandes de fréquences
Ces trois bandes proposent des « propriétés différentes en portée et en débit », résume l’Agence nationale des fréquences (ANFR). À ce titre, «il n'y a pas qu'une seule 5G en termes d'exposition et de risque », souligne Matthieu Schuler, directeur délégué de l'Anses.
Les effets sanitaires de la première bande (700 à 2 100 GHz), celle utilisée pour le déploiement des générations actuelles de communication mobile (2G, 3G et 4G), ont déjà été explorés ces dernières années. « Il n’existe à l’heure actuelle pas de preuve d’effet sanitaire lié à des expositions à des sources de champs électromagnétiques correspondant aux usages numériques courants (…) Pour les niveaux d’exposition, les études, menées à l’international et par l’ANFR, montrent qu’ils varient peu avec les antennes émettant des signaux 3G, 4G ou 5G » (lire Maire info du 28 septembre 2020) .
S'agissant de la bande 3,5 GHz, des simulations prédisent « une augmentation limitée de l’exposition moyenne aux ondes électromagnétiques : elle passerait de 1,3 V/m à 1,7 v/m, bien loin des valeurs limites d’exposition » comprises entre 36 V/m et 61 V/m, affirmait hier, Alicia Torriglia, présidente du groupe « Technologies 5G » à l’Anses. Cet avis est en consultation publique jusqu'au 1er juin 2021 « afin de recueillir les commentaires éventuels de la communauté scientifiques et des parties prenantes intéressées ». Les documents pourront être éventuellement complétés à la suite de cette consultation.
Les principales réactions
Dans un communiqué conjoint, les ministres concernés (Transition écologique, Economie, Santé, Transition numérique) ont estimé que le rapport de l’Anses « conforte les choix du gouvernement sur le lancement de la 5G » et se sont engagés à « renforcer les efforts de recherche sur (…) d’éventuels effets sanitaires », notamment sur la bande des 26 GHz. Les experts de l’Agence recommandent de « caractériser les expositions et approfondir les connaissances sur les liens entre expositions et effets biologiques ou sanitaires pour les fréquences nouvelles, incluant des études expérimentales ». Ils souhaitent qu’à l’avenir de telles études sanitaires soient réalisées « préalablement [au] déploiement » de technologies nouvelles. La mairie de Lille (Nord), qui avait voté, en octobre 2020, un moratoire sur le déploiement, disait, hier, « prendre acte des conclusions de l’Anses tout en regrettant qu’elles ne soient pas plus précises sur les avantages et les inconvénients de la 5G ». La levée du moratoire, implicite, n’est pas clairement abordée, relève La Voix du Nord.
De leur côté, plusieurs associations qui militent contre le déploiement de la 5G ont fustigé mardi une nouvelle fois le « passage en force du gouvernement sans attendre les expertises ». D’autant que, pour elles, le rapport de l’Anses démontre la « stupéfiante incertitude » sur la 5G, avec « beaucoup de questions et peu de réponses ».
Télécharger le rapport de l'Anses.
Télécharger l'avis de l'Anses.
Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2
5G : des centaines de communes couvertes avant la fin de l'année (02/12/2020)
L'AMF demande que les conditions d'organisation de la rentrée soient communiquées au plus vite
Économie sociale et solidaire : quelles aides financières face à la crise ?
Eau : une « boîte à outils » pour concevoir des solutions fondées sur la nature