Profonde réorganisation de la gendarmerie, annonce Nicolas Sarkozy

Nicolas Sarkozy a annoncé, vendredi, aux gendarmes une profonde réorganisation de leur arme passant par la création de "communautés de brigades" pour lutter contre l'explosion de la délinquance dans les zones rurales. Lors de cette réunion exceptionnelle de 1 800 commandants de compagnie et de brigade au Carrousel du Louvre à Paris, le gouvernement s'est efforcé de rassurer les gendarmes inquiets des conséquences de leur transfert sous l'autorité du ministre de l'Intérieur. Conformément aux engagements de campagne de Jacques Chirac, les gendarmes, qui dépendaient exclusivement du ministère de la Défense jusqu'aux dernières élections, relèvent désormais de la place Beauvau pour leurs missions de sécurité intérieure. Le maillage territorial de la gendarmerie, qui remonte à 1850, sera revu pour répondre à l'explosion de la criminalité. En mai, les faits de délinquance ont augmenté de 19,67% dans les zones gendarmerie alors qu'ils baissaient de 0,69% dans les zones police. Concrètement, les gendarmes vont désormais travailler en réseau par la création de "communautés de brigades" dans lesquelles les unités "organiseront en commun leur service et agiront dans un cadre d'action élargi". Rappelant le succès de la mise en commun des moyens des communes dans les communautés de communes, le ministre de l'Intérieur a pris l'exemple des patrouilles de nuit que les petites brigades ne peuvent pas assumer. Nicolas Sarkozy a aussi promis des moyens et des effectifs supplémentaires dans le cadre de la loi de programmation sur la sécurité intérieure. Ce texte sera présenté mercredi au Conseil des ministres et examiné par le Parlement d'ici la fin du mois. La gendarmerie "aura sa juste part" dans les 13 500 emplois nouveaux prévus pour l'ensemble des forces de sécurité dans les cinq prochaines années, a confirmé le ministre de l'Intérieur. L'objectif sera de "combler dès 2004" les sous-effectifs constatés aujourd'hui. Concernant les équipements, la protection physique des gendarmes sera "une priorité absolue". Nicolas Sarkozy a annoncé que tous les personnels "seront équipés d'un gilet pare-balles à port discret avant la fin de l'année". Le gouvernement entend également établir des passerelles entre les systèmes de communication de la gendarmerie et de la police, rénover le parc automobile et réhabiliter le parc immobilier de la gendarmerie. Autant de revendications au cœur des manifestations sans précédent des gendarmes en décembre dernier. A cet égard, Nicolas Sarkozy a souhaité que les gendarmes et leurs familles "disposent de conditions de vie et de travail conformes aux normes actuelles". 4 000 logements seront rénovés et 4 000 autres seront construits, soit un doublement par rapport au rythme actuel. Ce "saut qualitatif" s'accompagnera d'une réorganisation en profondeur de la gendarmerie. Une "répartition plus rationnelle" sera recherchée "dans la concertation" entre les zones de compétences de la police et de la gendarmerie. "Le temps n'est plus aux querelles de boutons, d'où qu'elles viennent", a souligné le ministre. Nicolas Sarkozy s'est efforcé de rassurer les gendarmes face à cette évolution importante en promettant que les petites brigades de six gendarmes ne seraient pas supprimées. Il a par ailleurs réaffirmé qu'il n'était pas question de remettre en cause le statut militaire des gendarmes. Un discours mobilisateur plutôt apprécié par les gendarmes. "Vous venez de nous décoiffer", a même lancé un adjudant-chef au ministre. Nicolas Sarkozy avait déjà réuni le 26 juin dernier les cadres de la police pour sonner la même mobilisation contre l'insécurité. Il a annoncé qu'il renouvellerait l'expérience chaque année. c=http

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