Édition du mercredi 13 mai 2015
Les données accablantes de la grande pauvreté à l'école
C’est un rapport effarant que l’inspecteur général de l’Éducation nationale, Jean-Paul Delahaye, a remis hier à sa ministre de tutelle Najat Vallaud-Belkacem. Ce document très fourni (plus de 120 pages), intitulé Grande pauvreté et réussite scolaire, dresse un bilan sans concession de la situation des 1,2 million d’enfants scolarisés issus de familles « pauvres ou très pauvres ». Et ce, un an et demi après que l’OCDE eut dévoilé que le système éducatif français était l’un des plus inégalitaires de l’ensemble des pays développés (lire Maire info du 4 décembre 2013).
Le rapport de Jean-Paul Delahaye ne s’appuie pas seulement sur de froides statistiques, mais aussi sur des témoignages d’enseignants confrontés à la misère de certains élèves et de parents pauvres. Et il pointe plusieurs phénomènes nouveaux, comme par exemple l’arrivée dans les zones rurales de familles pauvres venant des villes, « sans travail, sans véhicules et sans perspectives », le fait que des dizaines de milliers d’enfants soient aujourd’hui sans soins dentaires ni ophtalmologiques, ou encore le constat de ces agents de cantines scolaires qui voient des enfants « se jeter sur le pain » parce qu’ils n’ont pas mangé depuis la veille. Des enseignants de maternelle de Seine-Saint-Denis racontent que « de nombreux enfants viennent à l'école sans chaussettes et parfois sans chaussures (chaussons) et cela même en hiver ».
Au-delà de l’aspect révoltant de ces faits, le rapport pointe évidemment leurs conséquences en termes éducatifs, avec des enfants pauvres « moins disponibles pour les apprentissages » – ce qui est un euphémisme. Et loin des clichés qui circulent ces temps-ci sur « l’assistanat », le rapport confirme que la grande majorité des familles pauvres ne réclament pas d’aides, parce qu’elles « ne veulent pas la charité » – raconte une assistante sociale. Un directeur d’école de l’académie de Grenoble va dans le même sens : « Le faible nombre de boursiers n'est pas en cohérence avec le poids numérique des catégories socio-professionnelles défavorisées. Ce sont les élèves les plus en difficulté sur le plan socio-scolaire qui ne perçoivent pas la bourse d'équipement versée par la collectivité territoriale. Nous savons que bien des élèves ne demandent rien, bien qu'en difficulté. »
L’auteur du rapport ne se contente pas de constater mais fait plusieurs dizaines de préconisations. La première d’entre elles, naturellement, est que l’État consacre plus de moyens à ces enfants pauvres. D’autres concernent la formation des enseignants ou le nombre d’infirmières scolaires, de médecins scolaires ou d’assistantes sociales. Il demande également de faire en sorte que « la restauration scolaire devienne un droit sans aucune condition restrictive » et qu’un travail conjoint entre l’État et les collectivités soit mené sur la sectorisation, pour tenter de briser les ghettos. Le rapport suggère que l’État mette en place rapidement des mesures pour inciter les équipes pédagogiques à travailler dans les écoles REP+ du réseau d’éducation prioritaire.
Autres pistes évoquées dans le rapport : « Coordonner dans chaque académie et en lien avec les collectivités territoriales, une politique d’aide à l’hébergement en internat pour les publics les plus en difficulté » ; et « renforcer dans le cadre des PEDT le pilotage de l’accompagnement à la scolarité en vue de le rendre véritablement utile à ceux qui en ont le plus besoin et en veillant à ce que cette action se professionnalise sans se substituer à celle de l’école ».
Quel sera l’avenir de ce rapport et de ces préconisations – que partage d’ailleurs le Conseil économique, social et environnemental, qui a également rendu hier un rapport sur la même problématique, avec des conclusions similaires ? On sait simplement que Najat Vallaud-Belkacem a promis hier que les budgets sociaux consacrés aux élèves les plus en difficulté seraient « revalorisés et sanctuarisés ». Mais Jean-Paul Delahaye rappelle dans son rapport qu’alors que la pauvreté avait augmenté fortement, ces budgets, entre 2001 et 2013, ont pourtant été divisés par 2,3.
Le rapport de Jean-Paul Delahaye ne s’appuie pas seulement sur de froides statistiques, mais aussi sur des témoignages d’enseignants confrontés à la misère de certains élèves et de parents pauvres. Et il pointe plusieurs phénomènes nouveaux, comme par exemple l’arrivée dans les zones rurales de familles pauvres venant des villes, « sans travail, sans véhicules et sans perspectives », le fait que des dizaines de milliers d’enfants soient aujourd’hui sans soins dentaires ni ophtalmologiques, ou encore le constat de ces agents de cantines scolaires qui voient des enfants « se jeter sur le pain » parce qu’ils n’ont pas mangé depuis la veille. Des enseignants de maternelle de Seine-Saint-Denis racontent que « de nombreux enfants viennent à l'école sans chaussettes et parfois sans chaussures (chaussons) et cela même en hiver ».
Au-delà de l’aspect révoltant de ces faits, le rapport pointe évidemment leurs conséquences en termes éducatifs, avec des enfants pauvres « moins disponibles pour les apprentissages » – ce qui est un euphémisme. Et loin des clichés qui circulent ces temps-ci sur « l’assistanat », le rapport confirme que la grande majorité des familles pauvres ne réclament pas d’aides, parce qu’elles « ne veulent pas la charité » – raconte une assistante sociale. Un directeur d’école de l’académie de Grenoble va dans le même sens : « Le faible nombre de boursiers n'est pas en cohérence avec le poids numérique des catégories socio-professionnelles défavorisées. Ce sont les élèves les plus en difficulté sur le plan socio-scolaire qui ne perçoivent pas la bourse d'équipement versée par la collectivité territoriale. Nous savons que bien des élèves ne demandent rien, bien qu'en difficulté. »
L’auteur du rapport ne se contente pas de constater mais fait plusieurs dizaines de préconisations. La première d’entre elles, naturellement, est que l’État consacre plus de moyens à ces enfants pauvres. D’autres concernent la formation des enseignants ou le nombre d’infirmières scolaires, de médecins scolaires ou d’assistantes sociales. Il demande également de faire en sorte que « la restauration scolaire devienne un droit sans aucune condition restrictive » et qu’un travail conjoint entre l’État et les collectivités soit mené sur la sectorisation, pour tenter de briser les ghettos. Le rapport suggère que l’État mette en place rapidement des mesures pour inciter les équipes pédagogiques à travailler dans les écoles REP+ du réseau d’éducation prioritaire.
Autres pistes évoquées dans le rapport : « Coordonner dans chaque académie et en lien avec les collectivités territoriales, une politique d’aide à l’hébergement en internat pour les publics les plus en difficulté » ; et « renforcer dans le cadre des PEDT le pilotage de l’accompagnement à la scolarité en vue de le rendre véritablement utile à ceux qui en ont le plus besoin et en veillant à ce que cette action se professionnalise sans se substituer à celle de l’école ».
Quel sera l’avenir de ce rapport et de ces préconisations – que partage d’ailleurs le Conseil économique, social et environnemental, qui a également rendu hier un rapport sur la même problématique, avec des conclusions similaires ? On sait simplement que Najat Vallaud-Belkacem a promis hier que les budgets sociaux consacrés aux élèves les plus en difficulté seraient « revalorisés et sanctuarisés ». Mais Jean-Paul Delahaye rappelle dans son rapport qu’alors que la pauvreté avait augmenté fortement, ces budgets, entre 2001 et 2013, ont pourtant été divisés par 2,3.
F.L.
Télécharger le rapport Grande pauvreté et réussite scolaireSuivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2
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