Édition du mardi 31 mars 2015
Universitaires et sénateurs critiquent la conception verticale de l'aménagement du territoire
Doit-on continuer à opposer ruralité et métropoles, urbain et périurbain ? Les zones rurales ont-elles encore un avenir ? Telles sont les interrogations qui ont servi de fil conducteur à la table ronde consacrée à l’aménagement du territoire, organisée au Sénat le 25 mars dernier.
Chargé de lancer les débats, le sénateur de l’Eure Hervé Maurey, qui présidait les travaux, a d’emblée donné le ton en soulignant que « l’aménagement du territoire, était le parent pauvre de l'action publique ».
Depuis 40 ans, les lois se sont succédé pour tenter de rééquilibrer les territoires et donner plus de pouvoirs aux acteurs locaux. Une accumulation de textes qui s’est avérée vaine. « Si ces lois avaient fait la preuve de leur efficacité, nous le saurions et nous aurions des taux de chômage beaucoup plus faibles », a relevé Gérard-François Dumont, professeur à l'Université de Paris-Sorbonne, le premier à prendre la parole sur ce sujet. Une entrée en matière qui a donné l’occasion aux intervenants de rebondir sur la conception jugée encore trop verticale de l’aménagement du territoire.
« Qu'ils soient de droite ou de gauche, les textes des quatre dernières années s'inscrivent manifestement dans l'idée selon laquelle la recentralisation est la meilleure formule pour améliorer l'aménagement du territoire en France », a encore dit Gérard-François Dumont. La France d’aujourd’hui n’a plus grand-chose à voir avec ce qu’elle était après-guerre : la mondialisation, les échanges numériques, ont bouleversé la donne et rendu, quoi qu’on en dise, les territoires plus « interdépendants », ont noté les experts. Dans ce contexte, l'État se cherche. « Il semble sous pression extérieure, en perte de vision stratégique mais voulant toujours maîtriser les choses par le haut », a pointé Stéphane Rozès, président d’une société de conseil et enseignant. « La politique a le tournis sur les territoires, a dénoncé Daniel Behar, professeur à l'Institut d'urbanisme de Paris. On affirme un jour qu'il faut promouvoir les métropoles car c'est ce qui soutiendra la compétitivité, puis le jour suivant qu'il faut soutenir la ruralité face aux revendications, et désormais qu'il faut se concentrer sur les banlieues ».
Tout cela manque cruellement de sens, et les politiques rejouent trop souvent encore la carte de l’opposition entre Paris et Province et finalement entre l’urbain et le rural, ont dénoncé plusieurs participants à ce débat. Or, « la bonne méthode, c'est de créer un environnement législatif permettant aux territoires d'avoir de la visibilité et d'être mieux gouvernés », a indiqué Gérard-François Dumont. Ce qu’il faut, c’est une « complémentarité entre territoires », selon Valérie Mancret-Taylor, directrice de l'Institut d'aménagement et d'urbanisme de la région d'Île-de-France. Sans que cela ne mette l’État hors-jeu. Au-delà des échanges sur la « vision » décloisonnée de l’aménagement du territoire, tous les participants sont au moins tombés d'accord sur un point : l'État doit être aux manettes dans la réduction de la fracture numérique.
Chargé de lancer les débats, le sénateur de l’Eure Hervé Maurey, qui présidait les travaux, a d’emblée donné le ton en soulignant que « l’aménagement du territoire, était le parent pauvre de l'action publique ».
Depuis 40 ans, les lois se sont succédé pour tenter de rééquilibrer les territoires et donner plus de pouvoirs aux acteurs locaux. Une accumulation de textes qui s’est avérée vaine. « Si ces lois avaient fait la preuve de leur efficacité, nous le saurions et nous aurions des taux de chômage beaucoup plus faibles », a relevé Gérard-François Dumont, professeur à l'Université de Paris-Sorbonne, le premier à prendre la parole sur ce sujet. Une entrée en matière qui a donné l’occasion aux intervenants de rebondir sur la conception jugée encore trop verticale de l’aménagement du territoire.
« Qu'ils soient de droite ou de gauche, les textes des quatre dernières années s'inscrivent manifestement dans l'idée selon laquelle la recentralisation est la meilleure formule pour améliorer l'aménagement du territoire en France », a encore dit Gérard-François Dumont. La France d’aujourd’hui n’a plus grand-chose à voir avec ce qu’elle était après-guerre : la mondialisation, les échanges numériques, ont bouleversé la donne et rendu, quoi qu’on en dise, les territoires plus « interdépendants », ont noté les experts. Dans ce contexte, l'État se cherche. « Il semble sous pression extérieure, en perte de vision stratégique mais voulant toujours maîtriser les choses par le haut », a pointé Stéphane Rozès, président d’une société de conseil et enseignant. « La politique a le tournis sur les territoires, a dénoncé Daniel Behar, professeur à l'Institut d'urbanisme de Paris. On affirme un jour qu'il faut promouvoir les métropoles car c'est ce qui soutiendra la compétitivité, puis le jour suivant qu'il faut soutenir la ruralité face aux revendications, et désormais qu'il faut se concentrer sur les banlieues ».
Tout cela manque cruellement de sens, et les politiques rejouent trop souvent encore la carte de l’opposition entre Paris et Province et finalement entre l’urbain et le rural, ont dénoncé plusieurs participants à ce débat. Or, « la bonne méthode, c'est de créer un environnement législatif permettant aux territoires d'avoir de la visibilité et d'être mieux gouvernés », a indiqué Gérard-François Dumont. Ce qu’il faut, c’est une « complémentarité entre territoires », selon Valérie Mancret-Taylor, directrice de l'Institut d'aménagement et d'urbanisme de la région d'Île-de-France. Sans que cela ne mette l’État hors-jeu. Au-delà des échanges sur la « vision » décloisonnée de l’aménagement du territoire, tous les participants sont au moins tombés d'accord sur un point : l'État doit être aux manettes dans la réduction de la fracture numérique.
X.S.
Lire le compte-rendu de la table rondeSuivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2
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