Maire-info
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Édition du vendredi 26 février 2016
Social

Manuel Valls accepte le principe d'une recentralisation du RSA

Annoncée comme la réunion de la dernière chance, la rencontre, hier en fin d'après-midi, entre une délégation de l'Assemblée des départements de France et le Premier ministre, a visiblement réussi à éviter le pire.
Depuis plusieurs années, les départements alertent sur leur asphyxie financière. En cause : le financement des allocations de solidarité individuelles que sont le RSA, l'APA et la PCH. Trois allocations qui pèsent lourd dans leur budget mais dont surtout l’État s'est progressivement désengagé au fil du temps. En 2015, au total, l'Etat n'a compensé que 9,6 milliards sur les 17,7 milliards de dépenses des départements pour ces allocations. Soit un reste à charge de 8,1 milliards selon l'ADF. Près de la moitié donc. L'équivalent de 10% de leur budget. Pour le seul RSA, le reste à charge approche les 4 milliards d'euros en 2015. « Or, le paiement du RSA est assuré au niveau départemental (via les CAF), tandis que les modalités sont imposées au niveau national, sans aucune marge de manœuvre pour le département », rappelle l'ADF. Surtout, si le RSA était intégralement compensé par l’État lorsque son transfert a été décidé aux départements (en 2004, on parlait encore du RMI), cette part n'atteint plus aujourd'hui que 60%. Ajoutez à cela la hausse des bénéficiaires, l'effet ciseau de la baisse des dotations, il n'est pas besoin d'être expert comptable pour saisir les difficultés des départrements à boucler leurs budgets... Et imaginer toutes les répercussions, jusqu'à la remise en cause des politiques de solidarité.
Un premier accord avait été conclu en 2013 entre l'ADF et le gouvernement de l'époque pour donner un coup de pouce financier aux départements les plus en difficulté et augmenter leurs ressources (hausse du taux des droits de mutations à titre onéreux). Sans autre mesure de fond, le dossier a dû être remis sur la table l'été dernier par l'ADF pour aboutir à un nouveau coup de pouce, dans la loi de finances 2016. Mais pas plus de solutions structurelles, en tout cas pas qui satisfasse l'ADF. C'est ce que la délégation, conduite par le président de l’association, Dominique Bussereau, composée d'élus de droite et de gauche, est venue plaider hier soir.
A la sortie de la réunion, elle estimait avoir obtenu « une avancée ». « L’annonce par le Premier ministre d’une prise en charge par l’État du financement du RSA dans le cadre d’une réforme globale des allocations sociales répond, sur le principe, à la demande réitérée de l’ADF », expliquait-elle.
Les modalités envisagées (prélèvement sur la DGF plutôt que sur les droits de mutation et la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises, bonification à mesure que le nombre de bénéficiaires du RSA diminuera) ainsi que l'aide d'urgence élargie à « une quarantaine »  de départements (soit le nombre de ceux en difficulté pour payer le RSA), semblent satisfaire les élus.
Mais « les points cruciaux »  restent toujours à négocier : le calendrier de la réforme et l'année de référence. Depuis le début des négociations avec le gouvernement, l'ADF estime que l'année 2014 doit être cette année de référence, et pas 2015 ou 2016, comme le défend le gouvernement. Les négociations vont donc se poursuivre, mais au niveau politique, entre l'ADF et trois ministres, Jean-Michel Baylet (Aménagement du territoire), Christian Eckert (Budget) et Estelle Grelier (Collectivités territoriales).
Le Premier ministre précise lui, dans un communiqué, que cette « prise en charge par l'Etat du financement du RSA »  se fera « à condition que les départements s'engagent à renforcer l'accompagnement de ses bénéficiaires vers l'insertion et l'emploi ».
L'ADF annonçait ce matin une assemblée générale extraordinaire, mardi 1er mars, « pour répondre collectivement à ces propositions ».
E.S.

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