Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mercredi 5 avril 2017
Social

Guyane : moment de tension entre le collectif et les élus

Une série de communiqués publiés avant-hier et hier par la CTG (collectivité territoriale de Guyane) laisse poindre des tensions entre, d’une part, le collectif « Pour faire décoller la Guyane »  et de l’autre les élus (CTG, maires et parlementaires).
On se rappelle que dans le projet d’accord que le gouvernement avait proposé ce week-end à la signature des parties prenantes, il était précisé que les élus de Guyane avaient décidé de laisser au collectif « la responsabilité de la conduite des négociations ». Ce collectif est composé à la fois de syndicats, allant de la CGT au Medef, d’associations et de collectifs locaux et catégoriels.
Or le Premier ministre, suite au refus du collectif, dimanche, de signer l’accord, a recadré l’attitude des contestataires, estimant que leur revendications de « 2,5 milliards tout de suite »  était « irréaliste ». Et Bernard Cazeneuve a voulu préciser que « pas moins de onze accords »  avaient déjà été signés sur des sujets tels que « la sécurité, la justice, la pêche, les transports ».
C’est cette déclaration qui a déclenché l’ire des élus, qui ont publié dans la foulée un communiqué dénonçant la signature de ces accords sans leur avis. Dans ce communiqué du lundi 3 avril, les élus de la CTG relatent qu’un « accord a été conclu entre les élus et le collectif », vendredi dernier, pour qu’à l’issue des négociations les membres du collectif « reviennent vers les élus pour remettre les conclusions aux fins d’analyse, d’amendements et de compléments ». Convaincus que le collectif avait trahi cet accord, les élus concluaient : « Force est de constater que cet engagement n’a pas été respecté et que certaines signatures sont déjà intervenues ». Dans ces conditions, la CTG s’estime « légitime »  à « jouer pleinement son rôle », et a envoyé le jour même « un courrier au Premier ministre »  pour discuter des mesures proposées. Une façon donc d’annoncer une volonté de reprendre en main le dossier et les négociations.
Mais quelques heures plus tard, nouvelle volte-face : suite à une réunion avec le collectif, les élus publient un nouveau communiqué, cette fois au nom du président de la CTG, Rodolphe Alexandre, et annoncent que les membres du collectif ont « fermement démenti »  le fait d’avoir signé des accords, comme l’avait pourtant très clairement dit le Premier ministre. « Les membres du collectif ont précisé que les représentants des ateliers ont certes signé des documents mais en aucun cas des documents entérinant l’accord du collectif ». Dans ces conditions, un « travail partenarial »  peut reprendre entre les élus et le collectif, et plus question pour la CTG de reprendre la main dans la discussion. Le président de la collectivité précise d’ailleurs noir sur blanc : le courrier adressé au Premier ministre n’a pas pour objectif « une reprise en main exclusive des négociations »  mais « d’éclaircir et de sécuriser les premiers engagements pris par l’État ». Les éléments de négociation seront donc « travaillés conjointement »  entre le collectif, « la CTG, les maires et les parlementaires ».
Sur le terrain, la mobilisation se poursuit : hier, une manifestation considérable – plus de 10 000 personnes, soit un habitant sur 25 du département ! – a eu lieu à proximité du Centre spatial, qui est même occupé depuis hier. À Paris, pendant ce temps, le Conseil des ministres devrait entériner ce matin les propositions faites par les ministres ce week-end en Guyane, qui représentent environ un milliard d'euros.
F.L.

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