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Édition du mercredi 7 septembre 2016
Social

Faute d'argent, les plus pauvres sacrifient leur santé

Manger sainement, prendre rendez-vous chez le dentiste ou l’ophtalmo... Des comportements indispensables pour rester en bonne santé mais dont se privent les plus pauvres en raison de leur coût, révèle une étude publiée mardi pour le Secours populaire.
Parmi les Français les plus pauvres (ceux qui appartiennent à un ménage dont le revenu mensuel net est inférieur à 1 200 euros), la moitié a déjà renoncé ou repoussé une consultation chez le dentiste, soit un bond de 22 points par rapport à 2008, et près de 4 sur 10 un rendez-vous chez un ophtalmologiste (39%, + 9 points), selon le 10e baromètre Ipsos/Secours populaire.
Dans les foyers les plus modestes, 64% indiquent avoir eu des difficultés au moment de payer des actes médicaux mal remboursés par la Sécurité sociale.
Disposer d’une mutuelle santé est financièrement compliqué pour 53% des ménages modestes, et 48% d’entre eux n’ont pas les moyens de se procurer une alimentation saine.
« Dans ses permanences d’accueil, le Secours populaire français perçoit une dégradation de l’état de santé de familles, de mères seules, de jeunes, de retraités, de beaucoup d’enfants. Fait récent, le travail n’apporte plus forcément la garantie d’une autonomie financière: certains salariés ne sont plus à l’abri des privations et peinent également à se soigner ».
Sur l’ensemble des Français interrogés, 68 % estiment que les inégalités en matière d’accès à la santé se sont aggravées au cours des dernières années. Plus du tiers des sondés (38%) a déjà connu la pauvreté et cette proportion augmente (3 points de plus par rapport à 2015, selon le baromètre Ipsos).
« Comme le pointait déjà le baromètre Ipsos-SPF en 2013, les femmes sont souvent le plus affectées (39%). Emplois précaires, temps partiel subi, chômage : ces dernières paient un lourd tribut à la crise mais aussi aux persistantes inégalités de genre. Les ouvriers et employés comptent aussi parmi la catégorie la plus exposée », explique l’association.
Les Français anticipent un avenir sombre pour eux comme pour leurs proches: plus d’un sur deux (55 %) juge que sa vie quotidienne est menacée par la pauvreté, un peu moins que l’année dernière mais 10 points de plus qu’en 2007 (45%), avant la crise économique.
Les Français sont également 83% à penser que les risques que leurs enfants connaissent une situation de pauvreté sont plus élevés que pour leur génération.
Par ailleurs, l’Observatoire française des conjonctures économiques (OFCE) a conclu, dans une étude publiée le 5 septembre, que « ce sont près de 6 millions de personnes qui se trouvent fragilisées vis-à-vis de l’emploi, soit 8 % de plus que 4 ans auparavant, ce qui correspond à 440 000 personnes supplémentaires ». Selon les prévisions de l’OFCE sur l’ensemble du quinquennat de François Hollande, le chômage - au sens « restrictif »  du Bureau international du travail (BIT) - augmenterait d’environ 100 000 personnes malgré 720 000 créations d’emplois. Les augmentations d’impôts, en particulier pour les ménages, n’auront ainsi pas permis de rétablir la situation sur le front de l’emploi, note l’OFCE. (Avec AFP)

Télécharger l'enquête Ipsos-Secours populaire
Télécharger l'étude de l'OFCE.

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