Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du jeudi 6 décembre 2018
Ruralité

« Le pessimisme a gagné toutes les catégories de maires des petites communes », selon le Cevipof

Plus d’un maire sur deux (52,3 %) est à la tête d’une commune de moins de 500 habitants. À un peu plus d’un an des élections municipales (mars 2020), le Cevipof, le centre de recherches de Sciences Po, livre dans une étude pour l’AMF - et que Maire info s’est procurée - une analyse de leur profil « qui ne correspond pas aux idées reçues », décrit la perception qu’ils se font de la situation de leur commune et le regard qu’ils portent sur leur fonction.
Cette enquête, basée sur le témoignage de 2 145 des 18 547 maires de communes de moins de 500 habitants, confirme « l’image de ruralité vieillissante ». Les maires de ces communes, pour l’essentiel de nature rurale, ont une moyenne d’âge de 62,3 ans avec un point médian à 64 ans. 2 % seulement ont moins de 40 ans et 25 % sont des femmes.
Pour autant, « contrairement aux idées reçues », les élections municipales de 2014 « n’ont pas désigné une majorité de fonctionnaires ou de retraités ». En effet, ils sont 38 % à provenir du secteur public, et 30 % du secteur privé. Suivent ensuite les chefs d’entreprise (10,5 %) et les indépendants (12 %), essentiellement des exploitants agricoles. À peine plus d’un maire d’une commune de moins de 500 habitants sur cinq (21 %) était à la retraite avant d’être maire.
« L’autre idée reçue à renverser »  concerne le niveau de diplôme. Plus de la moitié des maires interrogés (51 %) ont suivi des études après le baccalauréat. 34 % d’entre eux ont « au moins »  atteint le niveau Bac + 4.

« Les trois quarts des maires des petites communes dénoncent la perte de leur autonomie fiscale » 
Le Cevipof a ensuite interrogé les maires sur leur perception de la situation de leur commune. S’il « ne semble pas que l’on soit dans un paysage totalement sinistré », « le pessimisme a gagné toutes les catégories de maires de petites communes ». Pour beaucoup, « la situation va (encore) se dégrader ». Parmi les raisons invoquées : l’application d’une série de réformes institutionnelle (loi NOTRe) ou fiscale (suppression à partir de 2019 de la taxe d’habitation). « Les trois quarts des maires des petites communes dénoncent la perte de leur autonomie fiscale à travers la transformation de la taxe d’habitation en dotations, et dénoncent le fait que ces dernières ne soient pas garanties. »  De plus, 47 % des interrogés sont « tout à fait d’accord »  avec l’affirmation selon laquelle l’État veut reprendre la main sur l’action des municipalités. Ce qui confirme la « fracture entre l’État et les petites communes ». « La décentralisation elle-même n’est plus considérée comme une politique favorable à l’implication des citoyens », note le Cevipof.
Des citoyens, qui se transforment selon les maires, en « consommateurs exigeants ». « Un peu plus seulement de la moitié des enquêtés disent avoir la reconnaissance de leurs administrés, ce qui n’est pas une proportion impressionnante (13 % seulement sont « tout à fait d’accord »  avec cette idée). »  Ce « trop haut niveau d’exigence des citoyens »  est l’un des nombreux « motifs d’insatisfaction personnelle »  pour les maires. La faiblesse des ressources financières, la montée en puissance des intercommunalités, le sentiment d’être abandonné par l’État et ses services, la complexité et la lourdeur des procédures administratives sont aussi évoqués.
L’accumulation de ces motifs d’insatisfaction se traduit dans un chiffre : plus de la moitié (54 %) des maires interrogés disent qu’ils souhaitent arrêter tout mandat électif en 2020. « Parmi ceux qui souhaitent poursuivre une carrière d’élu, une écrasante majorité (90 %) souhaite continuer comme maire, éventuellement comme président ou vice-président d’intercommunalité (21 %, chiffres cumulables), beaucoup plus rarement comme conseiller municipal (11 %) ou conseiller départemental (6 %). » 
47 % des maires des communes de moins de 500 habitants sont en fonction seulement depuis 2014 alors que 27 % en sont à leur deuxième mandat, 14 % à leur troisième mandat et 12 % à leur quatrième mandat ou plus. La durée moyenne d’exercice des fonctions de maire dans la commune est de 10 ans.
Ludovic Galtier
Télécharger l’enquête du Cevipof.

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