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Édition du mardi 4 décembre 2018
Numérique

Baromètre du numérique : le smartphone bat des records mais la fracture numérique est toujours là

Il glisse chaque jour dans les poches de trois Français sur quatre (+ 2 points par rapport à 2017). Le smartphone, seul équipement à progresser en 2018, est le « grand gagnant »  du Baromètre du numérique, dont les résultats ont été dévoilés hier à Bercy, en présence du secrétaire d’État au Numérique Mounir Mahjoubi. L’étude, réalisée chaque année par le Credoc pour l’Arcep, le Conseil général de l’économie et la Mission Société numérique, consacre plus largement les réseaux mobiles, « de plus en plus incontournables »  dans l’usage des Français. L’équipement en téléphonie mobile se stabilise à 94 % et près des deux tiers de la population qui disposent d’un téléphone portable utilisent la 4G (61 %, + 20 points en deux ans).
Un chiffre est particulièrement révélateur. Pour se connecter à Internet, les Français - 80 % se connectent quotidiennement - choisissent prioritairement le smartphone (46 %). Ils ne sont que 35 % à préférer se connecter depuis un ordinateur. En un an, l’écart s’est creusé encore un peu plus sur l’ensemble de la population : l’an dernier, 4 points seulement (42 % contre 38 %) séparaient les deux usages. Les courbes se croisent chez les 40-59 ans (45 % pour les deux usages).
Pour autant, le Credoc souligne que cette percée du smartphone est « principalement portée par une population jeune (98 % des 18-24 ans possèdent un smartphone, 86 % utilisent la 4G et 83 % utilisent le smartphone pour se connecter à internet) et des personnes au profil socio-professionnel élevé (92 % des cadres utilisent un smartphone contre 79 % pour les ouvriers) ». 63 % des non-diplômés et 65 % des plus de 70 ans ne possèdent pas de smartphone.
Malgré les records atteints par le smartphone, la fracture numérique ne se dément pas dans les territoires pour cause notamment de couverture mobile (4G) défaillante, « la plus grande préoccupation des maires », a rappelé Mounir Mahjoubi. En effet, 15% des personnes habitant dans des communes rurales affirment avoir très souvent des difficultés à téléphoner, envoyer ou recevoir des SMS.
Le taux d’équipement en smartphone dans ces communes en pâtit. Il est de 68 % dans les communes rurales et 69 % dans les communes de 2 000 à 20 000 habitants quand il atteint 86 % en région parisienne. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, plus la commune est petite et rurale, moins la 4G est utilisée par les personnes possédant un mobile : l’accès à cette technologie varie de 51 % pour les habitants des communes rurales à 74 % en agglomération parisienne.

Fracture numérique
Au-delà de la difficulté technique d’accès à la technologie dans certains territoires, certains Français restent exclus socialement de ces technologies. On ne compte plus les rapports concluant que « l’illectronnisme », contraction entre illettrisme et électronique, concerne 13 millions de Français, soit environ 20 % de la population.
Le Credoc fait quasiment le même constat : selon le Baromètre, 18 % des Français n’utilisent jamais d’outils informatiques et numériques ou sont bloqués en cas de difficulté. « Parmi les personnes à qui il arrive de se trouver en difficultés, 6 sur 10 ne souhaitent pas de formation. Une sur trois se dit prête à suivre une petite formation, gratuite. Seuls 6% envisagent de payer pour bénéficier d’une formation plus complète », note le Credoc. Pour les accompagner, le gouvernement s’apprête à lancer le Pass Numérique (100 euros), cofinancé par les départements, l’État et les entreprises (appel à projets lancé en janvier 2019). L’idée étant de faire bénéficier les personnes en difficulté avec le numérique d’une formation dans des lieux de médiation numérique.

Les réseaux sociaux en perte de vitesse chez les plus jeunes
Ce Baromètre révèle enfin une nouvelle tendance. Pour la première année, les réseaux sociaux n’engrangent pas d’utilisateurs supplémentaires, « signe – peut-être – de la saturation de la population pour cette pratique qui aurait ainsi atteint ses limites ». Surtout, la participation aux réseaux sociaux est en baisse significative chez les 18-24 ans (96 % en 2017 et 93 % en 2018) et les 12-17 ans (84% en 2017 et 76 % en 2018). Rappelons que Twitter a par exemple banni cette année tous les utilisateurs de moins de 13 ans à la suite de l’entrée en application du règlement général de protection des données (RGPD).

À Paris, Ludovic Galtier

Télécharger le Baromètre du numérique 2018.

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