Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mardi 23 juillet 2019
Économie sociale et solidaire

Pourquoi l'économie sociale et solidaire est « plus présente » en milieu rural

« À l’économie industrielle et agricole - ou économie productive - qui dominait l’ensemble des activités rurales, succède désormais une économie de plus en plus tournée vers les services aux résidents ». L’Avise - agence d’ingénierie et centre de ressources pour le développement de l’économie sociale et solidaire (ESS) - et le Réseau des collectivités territoriales pour une économie solidaire (RTES) ont analysé dans une étude, publiée le mois dernier, quelle place occupait l’ESS dans les territoires ruraux. Leurs conclusions révèlent que les acteurs du secteur, « au cœur des transitions écologiques et solidaires à venir », sont bien plus implantés en milieu rural que dans des zones urbaines et péri-urbaines : l’ESS compte 22 510 établissements employeurs en milieu rural, soit 9,4 % de l’ensemble des établissements ruraux, et 161 900 emplois salariés.
Les indicateurs économiques ne s’y trompent pas : 7 % des emplois de l’ESS sont ruraux contre 5 % dans le reste de l’économie. En termes de masse salariale, l’économie sociale représente plus de 3,83 milliards d’euros dans les territoires ruraux, soit 13,8 % du total de la masse salariale de ces territoires. « La forte représentation de l’ESS en milieu rural tient au rôle qu’elle a pu jouer historiquement dans le soutien aux activités agricoles grâce au secteur coopératif et à celui qu’elle joue encore dans la réponse à des besoins sociaux et territoriaux », expliquent les auteurs de l’étude. Source d’emplois - entre 2008 et 2015, l’emploi dans l’ESS progresse de près de 5 % (de façon inégale suivant les régions : de + 21 % en Île-de-France à - 3 % en Normandie) alors qu’il régresse pour le reste de l’économie de plus de 4 % - l’ESS est aussi source de précarité en milieu rural. « La rémunération annuelle brute moyenne est de de 27 164 € contre 28 855 € dans le reste de l’économie. On y gagne 11 % de moins que dans l’ESS au niveau national où la rémunération moyenne est de 30 636 € par an », observent les spécialistes de cette économie qui a également pour particularité d’être « plus féminisée ». Les femmes représentent 68 % de l’emploi rural dans l’ESS et les hommes 32 %.

L’action sociale « revêt une action déterminante »  en milieu rural
Cette distinction est due tout d’abord à la structuration de l’économie sociale autour de métiers très « féminisés », indiquent les auteurs. Dans les territoires ruraux, l’ESS est, en effet, « fortement présente dans les domaines de l’action sociale, des activités de sport et de loisirs ainsi que dans les activités financières et d’assurance ». L’action sociale, c’est-à-dire l’hébergement social et médico-social, l’aide à domicile ou encore l’aide par le travail, « a toujours été une activité importante de l’économie sociale et solidaire », mais sur les territoires ruraux, celle-ci « revêt une fonction déterminante : elle comprend 81 500 emplois, soit plus de 50 % de l’ensemble des emplois de l’ESS en milieu rural. C’est bien plus que sur le reste des territoires (40 % des emplois de l’ESS). » 
Par rapport à l’ensemble des territoires, on retrouve en milieu rural une part plus importante de l’emploi de l’ESS dans les secteurs de la santé humaine (+ 13 points de pourcentage), le soutien aux entreprises (+ 12), l’hébergement et la restauration ainsi que le commerce (+ 3). En milieu rural, « l’ESS fait face à un retrait marqué des services publics, notamment depuis la Révision générale des politiques publiques de 2007 (RGPP) ».
La nature juridique des établissements de l’ESS en milieu rural a, enfin, été analysée : les spécialistes relèvent « le poids important des coopératives : au nombre de 4 361, elles représentent 19,4 % des établissements ruraux de l’ESS contre seulement 12,3 % dans l’ensemble de la France. On les retrouve principalement dans les secteurs de la banque et de l’assurance (42 % des coopératives), du commerce (23 %) et du soutien aux entreprises (8,9 %) ».
Les associations, quant à elles, « sont relativement moins nombreuses qu’à l’échelle de la France entière : elles représentent 79,1 % des établissements, soit de 4 points en-dessous de la moyenne nationale. Les associations se concentrent notamment dans les secteurs des « activités non classées »  (21,5 %) relevant souvent de l’éducation populaire, du sport et des loisirs (18,6 %), de l’action sociale (16,5 %), et du soutien aux entreprises (14,1 %) ».
Ludovic Galtier
Télécharger l’étude.

Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2