Édition du vendredi 6 octobre 2023

Logement social
Crise du logement : le gouvernement et le monde HLM signent un accord d'engagement
Si les bailleurs sociaux ont accepté les propositions du gouvernement, ils estiment que d'autres avancées sont nécessaires. Sur le volet de la décentralisation de la politique du logement, les élus ont appelé à « la vigilance » pour ne pas récupérer une nouvelle « patate chaude ».

« Aujourd’hui, nous ne signons pas un pacte de confiance qui règle tous les sujets, mais des engagements pour la transition écologique et la production de logements sociaux. » Si le monde HLM s’attendait clairement à mieux, la présidente de l’USH, Emmanuelle Cosse, s’est félicitée de cette première « étape » franchie entre les bailleurs sociaux et le gouvernement, à l’occasion de la clôture de son congrès, hier, après trois jours de débats et de discussions en pleine crise du logement.

Outre les 1,2 milliard d’euros promis au parc social qui doivent permettre aux bailleurs de tenir le calendrier de rénovation des passoires thermiques - et déjà évoqués la veille par le ministre du Logement - , Patrice Vergriete a présenté toute une série de mesures pour sortir du marasme actuel. 

150 000 rénovations thermiques par an

Pour les bailleurs sociaux, le gouvernement a ainsi « pris la mesure des enjeux de rénovation énergétique » avec ce soutien à la transition écologique qui représentera 400 millions d’euros par an sur trois ans. Un fonds qui a « vocation à soutenir un objectif d'environ 120 000 rénovations énergétiques par an dans le logement social et de monter progressivement à 150 000 » en sachant qu’il y reste « 139 000 logements classés en G et 323 000 en F » (et 800 000 classés E), a détaillé Patrice Vergriete. 

« Ce fonds doit permettre au parc social de conserver un temps d’avance sur le parc privé puisque moins de 10 % du parc locatif social est constitué de passoires thermiques F et G, contre presque 20 % pour le parc locatif privé », a expliqué l’ancien maire de Dunkerque, qui a également annoncé une bonification des prêts à la production de 8 milliards d’euros et le maintien d’un PTZ pour l’accession sociale.

Ce sont ainsi « 6 milliards de prêts pour le PLAI et 2 milliards pour le PLUS » qui représenteraient « un équivalent subvention de 650 millions d’euros », selon la présidente de l’USH. Pour les ménages modestes, celle-ci a « salué » le maintien du périmètre du prêt à taux zéro pour l’accession sociale à la propriété et la vente HLM. Une mesure « nécessaire pour entretenir l’espoir d’un parcours résidentiel pour des milliers de familles ». 

Déclinaisons territoriales

Reste que ces mesures ne suffiront, toutefois, pas à régler la crise qui touche le secteur depuis plusieurs années, Emmanuelle Cosse pointant « les menaces sérieuses qui pèsent sur le financement des aides à la pierre et la nécessité de sortir de la RLS », la réduction du loyer de solidarité.

« Nous avons besoin de retrouver de véritables marges de manœuvre financières. La suppression de la RLS, ce prélèvement injuste et pervers, est évidemment nécessaire [et] la TVA réduite à 5,5 % pour l’ensemble de la production HLM s’impose également », a-t-elle détaillé, en assurant avoir besoin de la puissance publique « pour ne pas laisser les maires seuls face aux pressions et aux difficultés » et garantir « un équilibre entre les territoires. »

L'USH aurait ainsi souhaité davantage d'engagements sur la durée de la part de l'exécutif, qui ne l'obligeraient pas à renégocier chaque année pour obtenir des choix budgétaires favorables.

Face aux « prêcheurs du renoncement », Patrice Vergriete a, quant à lui, affirmé que « nous ne devons pas choisir entre la rénovation énergétique et la construction. Nous ne pouvons pas arbitrer entre l’urgence environnementale et l’urgence sociale. La transition écologique n’est pas une option, le droit à un logement décent et abordable non plus ». « Ensemble, nous devons donc nous remobiliser pour tenir les deux ambitions et c’est le sens de [cet] accord », a vanté le ministre, qui a annoncé des déclinaisons « territoire par territoire » de celui-ci.

Décentralisation : « Être très vigilant »

Pour y parvenir, le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, avait défendu, lors de l’ouverture du congrès, la mise en place d’un « choc de décentralisation » pour le premier semestre 2024. 

Un chantier qui prévoit de « transférer les droits, les devoirs et les financements » en simplifiant notamment le statut d'autorité organisatrice de l'habitat (AOH), mais aussi en assurant « une vraie décentralisation des aides à la pierre » et en redonnant du « pouvoir aux élus locaux dans les attributions de logements ». 

Mais cette voie tracée par le gouvernement, de manière superficielle, provoque déjà une certaine inquiétude. « Il y a une inquiétude sur le fait que ce soit finalement une décentralisation, non pas active, mais surtout une décentralisation pour passer la patate chaude aux collectivités, et notamment la patate chaude du financement et des aides à la pierre. Et c’est légitime d’être inquiet puisque, au-delà de 2024, on ne sait pas comment on va les financer », a souligné Marianne Louis, la directrice générale de l’USH, lors de la table ronde consacrée à la décentralisation, appelant le gouvernement à « lever les ambiguïtés ».

« Quand le gouvernement parle de décentralisation, cela sonne spontanément positivement aux oreilles des élus car ils se disent : "c’est la capacité que nous pouvons avoir d’adapter aux spécificités territoriales nos politiques publiques". Donc la stratégie de communication est bonne », expliquait, au cours de cette même table ronde, le maire de Chambéry Thierry Repentin, avant de mettre en garde et d’assurer qu’il « faut être très vigilant ».

Thierry Repentin, par ailleurs co-président du groupe de travail Logement de l’AMF, a ainsi plaidé pour « une décentralisation qui se traduise, par exemple, par la capacité d’encadrer les prix du foncier, de pouvoir discuter avec le représentant de l’Etat des zonages ou encore d’améliorer la taxation sur les logements vacants pour remettre dans le parc des logements inoccupés », tout en insistant sur le fait que « les maires de France veulent continuer à construire du logement sur leur territoire ».

Cependant, selon lui, « déresponsabiliser l’Etat et mettre les maires seuls face à la population, ce n’est pas acceptable. Il faut donc aller dans le détail de ce qui est proposé et ne pas signer un chèque en blanc. On a trop vu le désengagement de l’Etat pour se dire qu’aujourd’hui il n’y a pas derrière cette belle idée une façon de se désengager totalement ». 
 




Constitution
Référendums, décentralisation : Emmanuel Macron souhaite une révision de la Constitution 
Dans un discours prononcé à l'occasion du 65e anniversaire de la Constitution de la Ve République, Emmanuel Macron a tracé les contours de la réforme constitutionnelle qu'il souhaite lancer. Elle devrait impliquer « une nouvelle étape de la décentralisation ». 

Le 4 octobre 2023 a marqué le 65e anniversaire de la Constitution de la Ve République. À cette occasion, le chef de l’État a prononcé un long discours au Conseil constitutionnel, en grande partie consacré à un hommage à « cette Constitution la plus pérenne de notre histoire ». La Constitution de 1958 est, en effet, celle qui a eu la durée de vie la plus longue depuis la Révolution française. 

Les référendums 

Au-delà de l’hommage à ce texte qui, pour le chef de l’État, « représente l’avènement d’un régime qui combine la liberté et l’autorité, l’ordre et le pluralisme, la démocratie et l’unité dans un mélange heureux, français, républicain », Emmanuel Macron a longuement évoqué les évolutions qu’il pourrait connaître, en particulier sur la question du référendum. Il s’est interrogé sur l’équilibre entre « l’État de droit et la souveraineté du peuple », entre « la voix du peuple et la force de nos droits fondamentaux ».

Emmanuel Macron a clairement exclu tout changement de République, qui serait pour lui « inutile et présomptueux ». Il a fustigé « la mode du moment » consistant à dire qu’« appliquer la Constitution serait non démocratique » – allusion claire aux critiques sur l’usage régulier de l’article 49-3 par son gouvernement. « Notre Constitution dispose d'outils légitimes et leur usage est toujours justifié, sauf à raturer notre histoire républicaine », a martelé le chef de l’État. 

Mais la Constitution a évolué en 65 ans, « elle a accueilli les évolutions de notre temps », et doit évoluer encore pour « répondre aux principales attentes » de la période. 

Première évolution envisagée : « Permettre aux citoyens d’être (…) davantage sollicités et mieux associés ». Emmanuel Macron a souligné que plusieurs formations politiques souhaitent « une extension du champ référendaire », et il s’y dit prêt. Rappelons qu’aujourd’hui, la Constitution encadre strictement l’usage du référendum : l’article 11 dispose qu’un référendum ne peut concerner, outre la ratification d’un traité, que « l'organisation des pouvoirs publics (ou) des réformes relatives à la politique économique, sociale ou environnementale de la nation et aux services publics qui y concourent ». Cette liste ne comprend donc pas les sujets de société, ce qui rendrait en l’état actuel des choses impossible l’organisation d’un référendum sur l’euthanasie ou l’immigration. 

Emmanuel Macron a décidé de « mener ce chantier à son terme ». 

Par ailleurs, il a dit souhaiter une « simplification » de la mise en œuvre du référendum d’initiative populaire (RIP), elle aussi prévue par l’article 11, cette mise en œuvre étant aujourd’hui « excessivement contrainte ». Toutes les tentatives de provoquer un tel référendum ont en effet, jusqu’à présent, buté sur l’obligation de réunir près de 5 millions de soutiens citoyens (« un dixième des électeurs inscrits sur les listes électorales »). Emmanuel Macron se dit prêt à envisager que « les seuils » comme « les procédures » puissent être « revus ». 

La stratégie du chef de l’État paraît claire : par ces deux annonces, il donne du grain à moudre aux deux côtés de l’opposition. L’extension du champ référendaire aux sujets de société permettrait l’organisation d’un référendum sur l’immigration, comme le réclament Les Républicains et le Rassemblement national ; la simplification du RIP répondrait à une revendication de la gauche. 

Il sera en effet indispensable d’avoir le soutien de la droite et de la gauche pour pouvoir espérer faire passer une réforme constitutionnelle. Et ce n’est pas, cette fois, à cause de la majorité relative dont dispose le gouvernement : une réforme constitutionnelle doit être adoptée dans les mêmes termes par l’Assemblée nationale et le Sénat et être votée par les deux chambres réunies en congrès à la majorité des trois cinquièmes. C’est ce qui explique que même lorsqu’Emmanuel Macron disposait d’une majorité absolue à l’Assemblée nationale, il a échoué à faire aboutir de précédentes réformes de la Constitution, en 2018 et 2019. 

« Nouvelle étape de la décentralisation »

Cette future réforme constitutionnelle ne s’arrêtera pas à la question du référendum. Elle devrait inclure, conformément aux annonces récentes du chef de l’État, la question de l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie et de la Corse. Emmanuel Macron a répété le 4 octobre qu’il souhaite « ouvrir la voie à une forme d’autonomie dans la République » pour la Corse. La République « indivisible ne signifie pas uniforme. L’idéal républicain est assez fort pour accueillir les adaptations, les spécificités, les particularités ». Le chef de l’État a d’ailleurs dit souhaiter que « l’ensemble de nos outre-mer » fasse l’objet d’une évolution de la Constitution, afin qu’ils soient « mieux reconnus ». 

Reste la question de la décentralisation. Emmanuel Macron semble avoir de grandes ambitions en la matière puisqu’il a déclaré mercredi que « toute notre architecture territoriale est à repenser ». Il a estimé que la décentralisation est « inachevée » : « Depuis 40 ans, l'idéal de démocratie locale a organisé l'empiètement, la concurrence parfois, la coexistence en tout cas de collectivités et de l'État, parfois des collectivités entre elles, sans que l'écheveau des compétences ne soit réellement tranché. Cette décentralisation inachevée produit de l’inefficacité pour l’action publique. Elle produit aussi de la perte de repères pour nos concitoyens. » 

Emmanuel Macron veut donc simplifier l’organisation territoriale, lui donner « de la clarté et de la légitimité », afin que les citoyens sachent « qui est responsable de quoi, quel impôt concourt à quel service public ». Il veut également « aider nos maires à agir mieux (…), à adapter les normes, à leur donner plus de libertés », cette liberté devant être assortie de « plus de responsabilités ». Au-delà de ces idées générales, le chef de l’État n’a pas donné de détails sur cette future « nouvelle étape de la décentralisation » qu’il appelle de ses vœux. Elle sera réalisée « avec l’ensemble des forces politiques ». 

Prochaine étape : le président de la République va à nouveau réunir, le 30 octobre prochain, les responsables des partis politiques représentés au Parlement, à Saint-Denis. Cette réunion devrait être en grande partie consacrée à ses projets de réforme de la Constitution. 




Politique de l'eau
Six mois après son lancement, le Plan eau du gouvernement suit son cours
Le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, a présenté hier un premier bilan des mesures mises en place dans le cadre du Plan eau annoncé il y a six mois par le président de la République.

C’était en mars dernier qu’Emmanuel Macron annonçait le Plan eau visant à lutter contre l'augmentation du risque sécheresse (lire Maire info du 31 mars). 53 mesures répondant à 3 enjeux avaient alors été annoncées. Nombre d'entre elles intéressent les collectivités, que cela soit en matière de sobriété, de disponibilité ou de préservation de l’eau comme ressource essentielle dans les territoires. 

Six mois plus tard, 12 mesures sont déjà mises en oeuvre, 34 sont en cours de mise en place et 7 actions restent à démarrer. « En moins de six mois, nous avons engagé plus de 80 % des mesures du Plan eau, annoncé par le président de la République le 30 mars dernier », indique le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu. À l’occasion de ce premier bilan, Sarah El Haïry, secrétaire d'État chargée de la Biodiversité, a rappelé au micro de Franceinfo que « l'objectif du plan eau, c'est d'abord baisser la consommation d'eau de 10 %, c'est la sobriété qui est nécessaire, et tout le monde doit pouvoir le faire : les industriels, les agriculteurs, les citoyens, les collectivités ».

Agences de l’eau 

Parmi les mesures déjà réalisées, une intéressera particulièrement les collectivités : l'augmentation des moyens des Agences de l’eau. En effet, leurs moyens devraient été réhaussés à hauteur de 475 millions d’euros par an afin d’« accompagner la mise en œuvre du plan en rééquilibrant les financements ». Mais pas tout de suite. Cette mesure est bien inscrite dans le projet de loi de finances pour 2024, mais son entrée en vigueur n'est prévue que pour 2025.

Le gouvernement avait aussi annoncé une mesure pour lutter contre les fuites, en accompagnant particulièrement « 170 collectivités points noirs » où le taux de fuite est supérieur à 50 % et 2 000 communes ayant connu des tensions en 2022 sur l’approvisionnement en eau. Une enveloppe de 180 millions d’euros d’aides des Agences de l’eau sera dédiée à ce chantier. En septembre, 62 millions d’euros ont été distribués aux territoires soit un peu plus d'un tiers. Il est rappelé dans le dossier de presse que ces aides aux collectivités sont « conditionnées à des objectifs de performance de gestion de leur patrimoine » – point qui n'a d'ailleurs toujours pas été éclairci par le gouvernement et qui interroge les associations d'élus. 

Enfin, dès 2024, 50 millions d’euros par an supplémentaires d’aides des agences de l’eau seront consacrés à la mise aux normes des stations d’épuration prioritaires. Il a aussi été confirmé que « le plafond de dépenses des agences de l’eau sera supprimé dès le prochain programme d’intervention », c’est-à-dire dès 2024. Mais, apparemment, toujours pas le plafond de recettes.

Réutilisation des eaux usées

Des avancées ont aussi été constatées du côté de la réutilisation des eaux usées traitées (Reut). Le gouvernement avait annoncé en mars que « 1 000 projets de réutilisation » devront être entrepris d’ici 2027. Depuis, ce sont 419 qui ont été identifiés par le ministère : « 136 sont d’ores et déjà en service ; 88 sont en cours d’instruction ; environ 200 projets sont encore à l’étude ».

Des évolutions législatives ont aussi été entérinées. Le gouvernement a publié, le 23 août dernier, un décret « relatif aux usages et aux conditions d'utilisation des eaux de pluie et des eaux usées traitées », dont l’objet est de simplifier les procédures d’autorisation et de définir « les conditions d'utilisation des eaux de pluie pour les usages non domestiques » (lire Maire info du 7 septembre). Le gouvernement a précisé à l’occasion de ce bilan que ce « décret sera complété par des arrêtés ministériels qui préciseront notamment certains seuils et conditions d’utilisation pour les usages agricoles et l’arrosage des espaces verts. D’autres textes réglementaires seront publiés d’ici la fin de l’année, l’un concernant les usages domestiques des eaux non conventionnelles au sens large (y compris les eaux de pluie) et l’autre l’industrie agro-alimentaire ».

Accompagnement des collectivités 

La mesure « Renaturation des villes et des villages » du Fonds vert a également permis d’engager à fin septembre 85 millions d’euros « pour accompagner plus de 400 projets de collectivités dans leur adaptation aux effets du changement climatique ». Pour mémoire, 100 millions d’euros ont été annoncés pour « financer des projets de renaturation et de désimpermabilisation des collectivités dans le cadre du Fonds vert ». Aussi, « la reconduction du Fonds vert pour 2024 s’accompagne d’un renforcement de ses moyens à hauteur de 500 million d’euros soit au total 2,5 milliards pour 2024 ».

Enfin, « dans le cadre du Plan eau DOM, l’État mènera en 2024 avec les acteurs locaux les travaux requis pour sécuriser la perception des redevances des offices de l’eau et leurs missions ». Le bilan précise que ces travaux ont débuté « lors du comité interministériel de l’outre mer du 18 juillet, présidé par la Première ministre ».

Sarah El Haïry a également profité de ce bilan consacré au Plan eau pour évoquer la situation « dramatique » dans laquelle se trouve Mayotte actuellement. Elle a indiqué que « l'État sera aux côtés des Mahorais à tous les niveaux, d'abord pour répondre à la crise » et qu’il fallait engager « tous les investissements nécessaires pour que cette crise ne se reproduise pas ». Elle a évoqué au micro de Franceinfo « des usines de dessalinisation qui sont en projet, des forages qui sont en recherche et en cours ».

Télécharger le dossier de presse.




Transports
Transports publics : l'UTP demande la hausse du plafond du versement mobilité
L'Union du transport public (UTP) a tenu cette semaine sa conférence de presse de rentrée, et a présenté « les grandes attentes du secteur », en matière de financement et « d'accompagnement à la transition écologique ». L'UTP a également présenté les conclusions de l'Observatoire de la mobilité.

L’UTP, qui regroupe les principaux opérateurs de transport du pays, a mis en place depuis 2008 un « Observatoire de la mobilité » pour tenter de mieux comprendre le regard des Français et leurs attentes en matière de transports collectifs. 

L’édition 2023 de cet Observatoire, présentée le 3 octobre, vise notamment à comprendre quels sont « les freins » à l’usage des transports collectifs. L’UTP a interrogé quelque 4 000 personnes, résidant dans des agglomérations de plus de 20 000 habitants. 

« Fausse bonne idée »

L’étude révèle que 80 % des répondants (qui sont, donc, des urbains) possèdent une voiture. 41 % d’entre eux « n’utilisent pas les transports publics ». Environ un cinquième de ceux-ci déclarent pourtant « qu’il serait facile de s’en passer ». Parmi ceux qui jugent « difficile ou impossible de se passer de voiture », il faut noter que 22 % se disent « prêts à déménager pour moins dépendre de l’automobile ». 

Pourquoi les usagers rechignent à utiliser les transports collectifs ? Essentiellement parce qu’ils jugent l’offre « insuffisante » – c’est ce que répondent les trois quarts des personnes interrogées. La moitié d’entre elles déclare être prête à passer aux transports collectifs « si l’offre s’améliorait ». 

L’UTP a également interrogé les urbains sur les choix qui les guide vers tel ou tel mode de transport – dans le cas toutefois où ils ont le choix. La sécurité et la rapidité arrivent en tête de ces raisons.

L’UTP retire de cette enquête l’idée que la gratuité est une « fausse bonne idée » – elle y est, de toute façon, historiquement opposée. Selon l’Observatoire le coût des transports n’apparaît pas comme un critère ayant « un impact sur l’usage ou le non-usage des transports » – pas plus que la sécurité d’ailleurs. Ce sont en revanche des notions telles que « la fluidité, la fréquence, la ponctualité, l’amplitude horaire » qui viennent en tête des raisons invoquées. 

Choc d’offre et versement mobilité

S’appuyant sur ces résultats, les porte-parole de l’UTP estiment donc qu’il faut impérativement organiser un « choc d’offre », permettant « à la fois plus d’amplitude horaire, plus de fréquence, sur des territoires plus étendus et appuyés par des infrastructures performantes et robustes ». Ce qui, naturellement, coûtera cher aux autorités organisatrices. L’UTP plaide donc pour « la mise en place d’un de soutien pour aider les collectivités à développer des infrastructures et des systèmes de transport public urbain ou périurbain ». On se rappelle l’impact qu’avaient eu les grands appels à projets du début des années 2000, quand l’État avait choisi de soutenir massivement les transports collectifs urbains. 

Cette demande de l’UTP rejoint celle du Conseil d’orientation des infrastructures, qui demande également que « le soutien de l’État aux collectivités pour le développement des transports collectifs de province » se poursuive « durablement ». 

À l’échelle locale, l’UTP souhaite que le « choc d’offre » puisse être financé par « un accroissement de la fiscalité locale ». Ce qui pourrait passer par une hausse du versement mobilité (VM) payé par les employeurs – l’UTP demande que le taux plafond du VM soit relevé à l’échelle nationale – mais pas seulement : l’organisation souhaite également que les « contribuables locaux » soient mis à contribution, ainsi que les clients voyageurs – ce qui signifierait une hausse du prix des titres de transport. 

Les opérateurs demandent également que l’exonération de cotisations et contributions sociales pour la prise en charge par l’employeur des titres d’abonnements de transports publics jusqu’à 75% soit pérennisée. Ils rappellent que ce dispositif a été pérennisé pour la fonction publique. « Il serait juste que les salariés du secteur privé puissent en bénéficier au-delà de 2023 ». 

Règlement européen

Concernant le verdissement des flottes de bus des collectivités, l’UTP appelle l’État à mettre en place un dispositif de soutien à l’achat de bus électriques ou à hydrogène, rappelant que la France est un des seuls pays d’Europe où un tel soutien n’existe pas. 

Elle demande également – comme l’AMF et le Gart – une modification du règlement européen du 14 février 2023 dont élus et transporteurs dénoncent les effets potentiellement délétères. Pour mémoire (lire Maire info du 22 juin 2023), ce règlement dispose qu’à partir de 2030, les constructeurs n’auraient plus le droit de commercialiser autre chose que des bus zéro émissions. Cette disposition, a calculé l’UTP, vu le prix beaucoup plus élevé des bus électriques/hydrogène (plus du double d’un bus diesel à la norme Euro VI), serait financièrement intenable pour les collectivités : au moment du renouvellement de leur flotte, elles ne seraient pas en mesure de remplacer les véhicules à un pour un. Cette mesure à visée écologique pourrait donc avoir pour conséquence ou bien de réduire l’offre – et donc la fréquentation ; ou bien d’obliger les collectivités à faire rouler plus longtemps des bus diesel plus polluants. « Un comble ! », écrivait le président de l’AMF David Lisnard à la Première ministre, le 15 juin dernier




Sécurité
Sapeur-pompier volontaire, un engagement qui peine à séduire
Devenir sapeur-pompier volontaire attire de moins en moins, l'engagement étant parfois vu par les jeunes comme une contrainte alors que certains s'interrogent sur le sens même de la mission.

« Le réseau de volontariat s’essouffle, les jeunes n’ont plus trop envie de s’engager, l’engagement est vu comme une contrainte », égrène à l’AFP Claude Kleinmann, volontaire depuis 45 ans dans le Bas-Rhin, qui participe à Toulouse au 129e congrès national des sapeurs-pompiers.

L’homme de 61 ans, membre de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF), pointe aussi des interventions aujourd’hui plus « sociales », éloignées de « la mission première d’incendie », pour justifier le désintérêt de certains jeunes. « Maintenant, il nous arrive de passer trois heures à l’hôpital à attendre que le patient puisse être pris en charge », souffle-t-il. 

Chez les plus jeunes, l’idée de devenir pompier ne passionne plus. « C’est même difficile de recruter des JSP », relève Zoé Joseph, animatrice dans les Deux-Sèvres d’une section de ces « jeunes sapeurs-pompiers » âgés de 11 à 18 ans. « La dernière fois que nous sommes allés dans un collège, les jeunes nous disaient bonjour mais ne nous posaient pas de questions », déplore-t-elle.

Face à elle, quatre jeunes âgés de 16 ou 17 ans, en dernière année de leur formation de JSP. Tous s’imaginent faire carrière en tant que pompier professionnel, militaire ou volontaire. Sur les horaires contraignants, les astreintes et les obligations de leur future activité, ils « préfèrent ne pas trop y penser pour l’instant », sourit Victoire Mury, l’une des JSP. Au cours des vingt dernières années, la France a perdu 30 000 sapeurs-pompiers, dont 7 000 volontaires. Pour stopper l’hémorragie, la FNSPF s’est donné pour objectif le recrutement de 50 000 volontaires d’ici à 2027. Ils étaient un peu moins de 200 000 fin 2021.

Un désintérêt depuis le covid 

Au sein des brigades qui n’ont pas eu de cluster sur le territoire, donc moins sollicitées, les sapeurs-pompiers volontaires « ont redécouvert qu’ils ont une famille, des enfants », explique Marc Riedel, sociologue et lui-même sapeur-pompier volontaire. Pas étonnant donc, selon lui, si l’on observe désormais « une baisse de la disponibilité », et plus particulièrement « entre 18 h et 22 h, le moment où on est avec sa famille. C’est presque non négociable », note-t-il au cours d’une des conférences du congrès, qui se tient jusqu’à dimanche.

« On voit l’évolution : jeudi de l’Ascension, il faisait beau, je crois que beaucoup ont choisi barbecue et famille parce qu’on était pas assez nombreux pour les interventions », illustre de son côté Bastien Coriton, conseiller départemental de la Seine-Maritime et sapeur-pompier volontaire. Face à ces nouvelles attentes, « la responsabilité est au niveau managérial » pour recruter et pérenniser l’engagement », estime Marc Riedel. « Commander ne suffit plus », renchérit Valérie Leclerc, responsable des ressources humaines au service départemental d’incendie et de secours (Sdis) de Haute-Garonne. « Les jeunes ont un accès à internet qui permet la remise en question de la parole du commandement. Il faut entretenir la confiance, leur donner le sens de l’action et être exemplaire en tant que manager », détaille-t-elle.

Quête de sens

« La nouvelle génération recherche un sens à ses activités, et nous avons un sens qui est noble. A nous de le valoriser », martèle Valérie Leclerc. Il faut « montrer qui on est, quelles sont nos valeurs et être plus humains », souligne-t-elle, convaincue de l’impératif de « moderniser » les méthodes pour « recruter et fidéliser ». Au 31 décembre 2021, on dénombrait en France 252 700 sapeurs pompiers, dont 41 800 sapeurs-pompiers professionnels (17 %), 197 800 volontaires (78 %) et 13 200 militaires (5 %).






Journal Officiel du vendredi 6 octobre 2023

Ministère de l'Intérieur et des Outre-mer
Arrêté du 7 août 2023 modifiant l'arrêté du 20 avril 2016 autorisant la création d'un système de télé-services destinés à la pré-demande et à la demande de titres officiels
Ministère de la Transition énergétique
Arrêté du 29 septembre 2023 portant modification de programmes dans le cadre du dispositif des certificats d'économies d'énergie

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